Festival de Cannes 2018: notre dossier !

Festival de Cannes 2018: notre dossier !

La 71e édition du Festival de Cannes a lieu du 8 au 19 mai. FilmDeCulte vous propose un gros plan détaillé sur les films retenus et les événements à venir...

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Quoiqu'on ait pensé du niveau de la compétition 2017 du Festival de Cannes, celle-ci rassemblait tout les déprimants reproches faits ces dernières années : une absence totale de renouvellement (à part si l'on considère qu'inviter pour la première fois en compétition un cinéaste de la trempe de Bong Joon-Ho constitue une découverte) et de diversité (plus de la moitié des films en français ou en anglais, encore plus si l'on compte les films partiellement en anglais). Le cru 2018, ENFIN, change la donne avec plus de variété, plus de curiosité et plus de premières entrées en compétition. Voir six candidats venir d'Asie est une surprise pour un festival comme Cannes, mais ceux qui ont la chance de fureter dans d'autres festivals savent que ce devrait être la norme tant ce qui se fait de plus passionnant et plus moderne, du cinéma indé chinois aux jeunes espoirs japonais, vient d'Asie. La portes et les fenêtres semblent finalement ouvertes !

La compétition du festival s'ouvrira par un Asiatique tournant... en Europe, avec l'Iranien Asghar Farhadi qui dirige Penelope Cruz et Javier Bardem dans Everybody Knows. Ce film, qui sort en France le 9 mai, raconte l'histoire d'une femme qui, pour le mariage de sa sœur, revient dans son village natal. Plus excitant, le Japonais Ryusuke Hamaguchi, dont le monumental Happy Hour découvert à Locarno a été découpé en trois sorties françaises ce mois de mai sous le titre Senses, est upgradé en compétition avec la mystérieuse romance Asako I & II. Ce film raconte l'histoire d'une jeune femme dont l'amoureux disparaît et qui deux ans plus tard rencontre son double parfait. Hamaguchi est l'un des jeunes talents les plus prometteurs du Japon, réjouissons-nous de la catapulte que va lui offrir cette sélection cannoise. Autre Japonais mais plus habitué à Cannes: après les décevants Après la tempête et The Third Murder, on espère un rebond de Hirokazu Kore-Eda avec Shoplifters, récit centré sur une famille d'escrocs.

Parmi les autres grands noms asiatiques, deux prétendants sérieux à la Palme d'or : le Chinois Jia Zhang-Ke et le Coréen Lee Chang-Dong. Jia retrace avec Ash is Purest White le parcours d'une femme qui, à sa sortie de prison, va entamer une nouvelle vie et devenir une femme d'influence. Lee, qui signe son premier film en 8 ans après Poetry, revient enfin avec Burning, une adaptation de Haruki Murakami dans laquelle une femme et deux hommes sont liés par un mystérieux événement. Autre grand nom mais qui fait sa première apparition en compétition cannoise après entre autres son Ours d'or pour Taxi Téhéran: l'Iranien Jafar Panahi a réalisé 3 visages, un road movie mettant en scène Panahi lui-même, une actrice ainsi qu'une autre jeune femme. Panahi reste frappé d'une interdiction de tourner est est assigné à résidence. La surprise côté palmarès pourrait venir de la Libanaise Nadine Labaki. Après les très appréciés Caramel, révélé par la Quinzaine, puis Et maintenant on va où ?, sélectionné à Un Certain Regard, la réalisatrice accède à la compétition avec Capharnaüm, dans lequel un enfant qui se rebelle contre la vie qu'on cherche à lui imposer entame un procès contre ses parents. Deux autres Asiatiques ont rejoint la compétition lors des derniers ajouts: Le Poirier sauvage du Turc palmé Nuri Bilge Ceylan sur un aspirant écrivain endetté et Ayka du Kazakh Sergey Dvortsevoy (révélé il y a quelques années avec Tulpan)) qui raconte l'histoire d'une femme vivant dans une situation de détresse alors qu'elle vient d'accoucher.

Côté Europe, l'Italie souvent gâtée est doublement représentée. Alice Rohrwacher, Grand Prix pour Les Merveilles, tentera de faire encore mieux avec Heureux comme Lazzaro, un récit ambitieux qui raconte le parcours d'un jeune paysan à la bonté exceptionnelle et qui voyage dans le temps jusqu'à nos jours. Si l'on a échappé à Paolo Sorrentino, on n'échappera pas à Matteo Garrone (4e présence de suite en compétition) qui dans Dogman raconte l'histoire d'un toiletteur pour chiens pris dans une spirale criminelle. Le Russe Kirill Serebrennikov, assigné à résidence comme Panahi, a été remarqué entre autres grâce au Disciple, sélectionné à Un Certain Regard. Il accède à la compétition avec L'Eté, qui raconte l'histoire d'une rock star soviétique au début des années 80. Après avoir explosé grâce à son film Ida, le Polonais Pawel Pawlikowski arrive en compétition avec Cold War, récit d'un amour impossible dans une époque impossible (celle de la guerre froide) entre un musicien et une jeune chanteuse. L'ovni 2018 devrait venir du Suisse Jean-Luc Godard lui-même avec Le Livre d'image, une réflexion sur le monde arabe en 2017 à travers des images documentaires et de fiction.

La France compte quatre fauteuils en compétition, dans une année là aussi marquée par un certain renouvellement. Remarquée avec Bang Gang qui nous avait, et c'est rien de le dire, laissés circonspects, Eva Husson change de registre avec Les Filles du soleil qui suit un bataillon composé de femmes soldates kurdes luttant contre des extrémistes islamistes. Révélé par l'excitant Les Rencontres d'après minuit, Yann Gonzalez dirige Vanessa Paradis en productrice de pornos gay des 70s dans le thriller Un couteau dans le cœur. Plus revenu en compétition à Cannes depuis plus de dix ans et Les Chansons d'amour, Christophe Honoré signe Plaire, aimer et courir vite, l'histoire d'amour d'un étudiant et d'un écrivain dans les années 90. A l'affiche: Vincent Lacoste et Pierre Deladonchamps. Enfin, après son détour artistiquement réussi (mais flop géant en salles) vers le film en costumes avec Une vie, Stéphane Brizé revient au film social avec En guerre qui met en scène Vincent Lindon en leader syndical.

Outre-Atlantique, Cannes prend des nouvelles de Spike Lee qui n'est plus revenu en compétition depuis le début des années 90. Avec Blackkklansman, il raconte l'histoire vraie de Ron Stallworth qui fut le premier officier de police afro-américain de Colorado Springs à s’être infiltré dans l’organisation du Ku Klux Klan. Après le succès du film d'horreur It Follows, l'Américain David Robert Mitchell signe le thriller Under the Silver Lake, qui met en scène Andrew Garfield dans la peau d'un jeune homme obsédé par la disparition de sa mystérieuse voisine. Enfin, et en attendant des ajouts en compétition, la surprise viendra t-elle d'une toute autre partie du monde avec l'Egyptien Abu Bakr Shawky, qui signe son premier long métrage avec Yomeddine, récit d'un lépreux en voyage en Egypte.

Parmi les films hors compétition et en séances spéciales, on retiendra l'ultra-attendu The House That Jack Built de Lars Von Trier, le blockbuster Solo : A Star Wars Story de Ron Howard, l'omnibus thaïlandais 10 ans en Thaïlande qui compte Apichatpong Weerasethakul et Aditya Assarat parmi ses réalisateurs, le documentaire Whitney consacré à l'icône Whitney Houston ou encore le nouveau doc-fleuve du Chinois Wang Bing, Les Âmes mortes, description de la vie quotidienne des survivants maintenant âgés du camp de travaux forcés de Jiabiangou.

Laboratoire aux découvertes, Un Certain Regard était plutôt en panne l'an passé. L'un des films les plus attendus de l'année, le Chinois Long Day's Journey Into Night de Bi Gan, révélé à Locarno avec l'hypnotique Kaili Blues, figure dans cette sélection. Ce film avec Tang Wei et Sylvia Chang raconte l'histoire d'un meurtrier hanté par le souvenir de celle qu'il a tuée. Autre cinéaste de premier ordre à figurer à Un Certain Regard: l'Allemand Ulrich Köhler avec In the Room. Le nouveau film du réalisateur des fascinants Montag et de La Maladie du someil est centré sur un homme qui se retrouve dans un monde totalement vide. Côté découvertes, on mise sur Mon tissu préféré de la Syrienne Gaya Jiji, dont l'héroïne est une jeune femme syrienne confrontée à ses peurs et ses désirs, ou sur Girl du Belge Lukas Dhont, récit d'une apprentie danseuse assignée garçon à sa naissance.

Le Festival de Cannes aura lieu du 8 au 19 mai. Découvrez la sélection officielle ci-dessous.

Compétition
Everybody Knows, Asghar Farhadi - ouverture
Le Poirier sauvage, Nuri Bilge Ceylan
En guerre, Stéphane Brizé
Ayka, Sergey Dvortsevoy
Dogman, Matteo Garrone
Le Livre d'image, Jean-Luc Godard
Un couteau dans le cœur, Yann Gonzalez
Netemo Sametemo, Ryusuke Hamaguchi
Plaire, aimer et courir vite, Christophe Honoré
Les Filles du soleil, Eva Husson
Ash is Purest White, Jia Zhang-Ke
Shoplifters, Hirokazu Kore-Eda
Capharnaüm, Nadine Labaki
Burning, Lee Chang-Dong
Blackkklansman, Spike Lee
Under the Silver Lake, David Robert Mitchell
Three Faces, Jafar Panahi
Cold War, Pawel Pawlikowski
Lazzaro Felice, Alice Rohrwacher
Yomeddine, A.B Shawky
L’Été, Kirill Serebrennikov

Un Certain Regard
Donbass, Sergey Loznitsa
Gräns, Ali Abbasi
Sofia, Meryem Benm’Barek
Les Chatouilles, Andréa Bescond & Eric Métayer
Long Day's Journey into Light, Bi Gan
Manto, Nandita Das
Girl, Lukas Dhont
Muere, Monstruo, Muere, Alejandro Fadel
Gueule d'ange, Vanessa Filho
Euphoria, Valeria Golino
Rafiki, Wanuri Kahiu
Mon tissu préféré, Gaya Jiji
Die Stropers, Etienne Kallos
In My Room, Ulrich Köhler
El Angel, Luis Ortega
Chuva E Cantoria Na Aldeia Dos Mortos, João Salaviza et Renée Nader Messora
The Gentle Indifference of the World, Adilkhan Yerzhanov
A genoux les gars, Antoine Desrosières

Hors compétition
The House That Jack Built, Lars Von Trier
Solo: A Star Wars Movie, Ron Howard
Le Grand bain, Gilles Lellouche
The Man Who Killed Don Quixote, Terry Gilliam - clôture

Séances de minuit
Arctic, Joe Penna
Gongjak, Yoon Jong-Bing
Whitney, Kevin Macdonald
Fahrenheit 451 Ramin Bahrani

Séances spéciales
10 Years in Thailand, Aditya Assarat, Wisit Sasanatieng, Chulayarnon Sriphol & Apichatpong Weerasethakul
The State Against Mandela & the Others, Nicolas Champeaux & Gilles Porte
O Grande circo, Carlo Diegues
Les Âmes mortes, Wang Bing
A tous vents, Michel Toesca
La Traversée, Romain Goupil
Le Pape François, Wim Wenders
Another Day of Life Raul de la Fuente et Damian Nenow

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par Nicolas Bardot

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