L'année cinéma 2015 de Robert Hospyan

L'année cinéma 2015 de Robert Hospyan

L'art, en l'occurrence le septième, parle tantôt de notre monde, tantôt de ceux qui l'habitent et parfois de lui-même. Cette année n'a pas dérogé à la règle. Qu'il s'agisse de l'improbable résonance de blockbusters avec les tragiques événements qui auront marqué la France en 2015 (les Kamikrazy Warboys de Mad Max Fury Road, l'enfant radicalisé de Star Wars) ou de l'éveil à la petite et à la grande mort (la MST personnifiée d'It Follows, les belles et les Bêtes de Crimson Peak), le cinéma aura rendu un état du monde et pénétré l'humain, jusque dans son cerveau, que ce soit celui d'une fille de 11 ans (l'inclassable et parfait Vice Versa) ou celui d'un acteur de 63 (le labyrinthique Birdman), animé par ce même propos qui revient inéluctablement, même dans des situations désespérées, aussi bien celle bien réelle de l'Iran que celle fantastique d'une galaxie lointaine, très lointaine, et parfaitement incarné par le bien nommé À la poursuite de demain : de l'optimisme ou du pessimisme, celui qui gagne, c'est celui qu'on nourrit. On se remet d'un déménagement. On surmonte la dictature. On s'envole. On continue de ramer. On continue de vivre. On se dresse face à l'avenir. Et la caméra continue de tourner.

  • L'année cinéma 2015 de Robert Hospyan
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MON TOP

1. Vice Versa, Pete Docter
2. Mad Max: Fury Road, George Miller
3. Birdman, Alejandro Gonzalez Iñárritu
4. It Follows, David Robert Mitchell
5. Star Wars : Le Réveil de la Force, J. J. Abrams
6. Crimson Peak, Guillermo del Toro
7. À la poursuite de demain, Brad Bird
8. Le Pont des espions, Steven Spielberg
9. Taxi Téhéran, Jafar Panahi
10. Comme un avion, Bruno Podalydès

FOCUS : LA FEMME EST L'AVENIR DE L'HOMME

À l'heure où la question de la représentation et de la diversité demeure malheureusement une priorité, l'industrie cinématographique semble lentement relever le défi. Cette année aura vu un nombre incroyable de personnages féminins intéressants et complexes et on ne parle pas simplement de "femmes fortes". On ne parle pas ici de représentation superficielle comme l'héroïne de Hunger Games. Plusieurs films (et séries, comme Unbreakable Kimmy Schmidt, UnREAL et Jessica Jones) ont ainsi mis en avant, de façon tacite, par le choix des protagonistes, ou de manière plus explicite, dans le texte ou dans l'action. Dans À la poursuite de demain, le personnage principal est une jeune femme. Est-elle définie par son sexe? Non. Dans cette aventure à la Amblin, son rôle aurait pu être tenu par un garçon (comme c'était toujours le cas dans les films de ce genre) sans que rien ne change. Égalité pure. À l'inverse, dans Crimson Peak, l'héroïne en est une précisément pour son sexe. Mais Guillermo del Toro opère une subversion des rôles généralement réservés aux jeunes vierges dans les contes ainsi que leur morale en montrant Cendrillon guérir Barbe Bleue avec son sexe. Quant au meilleur film de l'année, film d'animation s'adressant à tous les publics donc aux plus jeunes esprits, encore fertiles, il traite frontalement de la complexité de son personnage principal féminin, personnifiant ses émotions, notamment un tandem central...féminin.

Mais l'exemple le plus parlant vient contre toute attente des deux meilleurs blockbusters de 2015, qui intègrent carrément cet engagement dans leurs récits. Max n'est pas le héros de Mad Max Fury Road, se contentant d'épauler le véritable protagoniste, Furiosa, dans sa quête pour sauver des victimes de viol et du patriarcat, renversé en fin de film, replacé par le matriarcat. De la même manière, Finn est persuadé à plusieurs reprises tout au long de Star Wars : Le Réveil de la Force qu'il doit voler au secours de Rey mais par deux fois, celle-ci se sort toute seule de ses emmerdes et n'a de cesse de demander à son comparse qu'il lui "lâche la main". Lorsque le casting de Daisy Ridley fut annoncé, les internautes se mirent évidemment à concocter de fausses affiches du film. Dans chacune d'elles, Daisy Ridley était habillée en princesse, comme s'il s'agissait du seul rôle possible pour elle. Dans le film, elle n'est pas la nouvelle Princesse Leia. C'est la nouvelle Han et la nouvelle Luke. Débrouillarde et douée avec les machines tout en étant imbue de spiritualité et de vulnérabilité. Riche. Complexe. Et le hero's journey campbellien du film est le sien. The Times They Are A-Changing.

MON TOP INÉDITS

1. Vampires en toute intimité, Jemaine Clement & Taika Waititi
2. Jamie Marks is Dead, Carter Smith
3. Green Inferno, Eli Roth
4. Electric Boogaloo, Mark Hartley
5. Scream Girl, Todd Strauss-Schulson

MON TOP SÉRIES

1. Game of Thrones (saison 5)
2. Sense8 (saison 1)
3. Hannibal (saison 3)
4. Inside Amy Schumer (saison 3)
5. Unbreakable Kimmy Schmidt (saison 1)
6. Key & Peele (saison 5)
7. UnREAL (saison 1)
8. Jessica Jones (saison 1)
9. Le Bureau des légendes (saison 1)
10. Man Seeking Woman (saison 1)

MES ATTENTES POUR 2016

1. The Nice Guys, Shane Black
2. Le Bon gros géant, Steven Spielberg
3. Midnight Special, Jeff Nichols
4. A Monster Calls, Juan Antonio Bayona
5. Rogue One: A Star Wars story, Gareth Edwards
6. Batman V Superman: l’aube de la justice, Zack Snyder
7. 13 Hours, Michael Bay
8. Snowden, Oliver Stone
9. Silence, Martin Scorsese
10. X-Men : Apocalypse, Bryan Singer

par Robert Hospyan

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