The Green Inferno

The Green Inferno
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Green Inferno (The)
États-Unis, 2013
De Eli Roth
Scénario : Guillermo Amoedo, Eli Roth
Durée : 1h40
Sortie : 16/10/2015
Note FilmDeCulte : ****--
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Un groupe d'activistes new-yorkais se rend en Amazonie et tombe entre les mains d'une tribu particulièrement hostile.

ACTIVIST-FUCKING

Deux ans après sa présentation au Festival de Toronto, le premier Eli Roth en 6 ans trouve enfin un distributeur (cinéma aux USA, VOD pour la France). Et c'est un plaisir de retrouver l'horreur typique du cinéaste, ce gore épidermique qui réussit toujours à être bien dégueu sans basculer dans le too much complaisant et désensibilisant, cet humour à tendance potache qu'il parvient habilement à mêler à l'ensemble sans casser l'ambiance, mais surtout un fond qui le distingue du tout-venant. Déjà dans Cabin Fever, Roth reprenait certains archétypes du registre "jeunes qui partent dans une cabane dans les bois" pour mieux tenter de le renouveler, substituant un virus mangeur de chair aux dégénérés ou boogeymen habituels et, ce faisant, développant un sous-texte sur le sexe et la maladie plus proche d'un Cronenberg que d'un Evil Dead. Mais c'est avec Hostel que Roth s'était imposé, ne donnant pas dans le vulgaire torture porn mais signant une critique du tourisme sexuel et autres dérives du capitalisme en retournant celui-ci contre ses héros américains, faisant d'eux les putes, dans un jeu de massacre vaguement méta. Dans The Green Inferno, qui affiche ouvertement ses influences en s'attaquant à une autre niche du cinéma d'horreur (le film de tribu cannibale), il est à nouveau question de jeunes occidentaux punis pour l'arrogance avec laquelle ils débarquent à l'étranger, non pas pour leur colonialisme mais leur activisme déplacé.

Sans donner dans le cynisme, Roth prend un malin plaisir à foutre dans la merde tous ces joueurs de diabolo qui pensent que c'est à l'homme blanc de sauver les indigènes ou qui érigent des gueules de T-shirts en causes à défendre sur le parvis de la fac. Malgré le pouvoir de l'image, le changement demande un vrai sacrifice et l'arc du protagoniste rappelle l'ironie de ceux des deux Hostel, en plus nihiliste. Entre l'image vidéo et les performances d'acteurs laissant à désirer, on a un peu peur au début d'être face à un Cannibal Low Cost (badum-chssss) mais dès qu'on passe dans la jungle, le film démarre, les décors naturels se prêtent davantage à l'image numérique et la terreur sur les visages des comédiens ne peine pas à convaincre.

Dès lors que la tribu entre en jeu, le récit est forcément un peu plus limité mais les deux "rituels" qui ouvrent et ferment ce long segment sont particulièrement marquants, à la fois terrorisant et jubilatoire pour le premier et insoutenable pour le second. Et malgré le jusqu'au-boutisme de ce climax, Roth adopte un point de vue dans l'écriture et la mise en scène qui n'est jamais voyeuriste. Bien des films d'horreur ayant recours à ce genre de scènes tombent dans la facilité de l'exploitation décomplexée pure et donc misogyne mais ici, il n'en est rien. Une fois de plus, Eli Roth prouve être un des réalisateurs les plus intéressants du genre.

par Robert Hospyan

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