A la poursuite de demain

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A la poursuite de demain
Tomorrowland
États-Unis, 2015
De Brad Bird
Avec : George Clooney
Sortie : 20/05/2015
Note FilmDeCulte : *****-
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Caseyn une adolescente brillante et optimiste, douée d’une grande curiosité scientifique et Frank, un homme qui fut autrefois un jeune inventeur de génie avant de perdre ses illusions, s’embarquent pour une périlleuse mission. Leur but : découvrir les secrets d’un lieu mystérieux du nom de Tomorrowland, un endroit situé quelque part dans le temps et l’espace, qui ne semble exister que dans leur mémoire commune... Ce qu’ils y feront changera à jamais la face du monde… et leur propre destin !

YESTERDAYLAND

Si c'est avec une suite que Brad Bird est passé de l'animation au film live, son nouvel opus est une revendication en faveur des films originaux. Cela étant dit, il ne s'agit pas uniquement d'un retour aux films originaux de ses débuts mais d'un retour aux origines. Ne vous y méprenez pas, derrière ses allures - et son budget (190 millions de dollars) - de blockbuster, À la poursuite de demain s'apparente davantage à une série B. Un terme que l'on prête au film sans la moindre connotation péjorative. Loin des grosses machines, même originales, d'aujourd'hui, le film renvoie davantage aux fleurons eighties du genre, rappelant les productions Amblin de jadis. Celles qui avaient presque toujours un protagoniste enfant ou adolescent, basculant soudain de sa middle class pavillonnaire dans un monde fantastique, comme son spectateur, ébahi par ce nouvel univers. C'est précisément la démarche adoptée par Bird - et le tant décrié Damon Lindelof de Lost et Prometheus - pour cette aventure qui nous emmène de 1964 au présent, évoquant un âge des possibles que l'on doit refuser de voir révolu. Parce que cette résistance à la résignation hollywoodienne à ne créer et ne perpétuer que des franchises n'est que l'aspect extra-diégétique mais non moins cohérent avec le propos d'une oeuvre à l'optimisme merveilleux. Parce que Tomorrowland est une profession de foi.

Les mauvaises langues, pour ne pas dire "les vieux cons", se plaignent sans cesse des "films à effets spéciaux", comme s'il s'agissait d'un genre à part entière ou comme si une technique pouvait être une tare indéniable et incurable. Ce que les aficionados de cette expression peinent à comprendre, c'est que le problème n'est pas dans l'usage abondant de SFX mais dans la manière de les mettre en scène. Toutefois, ce qui a réellement changé avec le temps, c'est que le cinéma de genre s'est peu à peu éloigné de l'émerveillement, qui caractérisait nombre des productions Amblin, pour ne donner presque plus que dans le spectacle. Brad Bird a fait ses premières armes chez Disney mais il a été révélé par...Amblin, avec des participations à la série Histoires fantastiques et à l'écriture du film Miracle sur la 8e rue. Ce n'est donc pas un hasard si le cinéaste renoue aujourd'hui avec cette sensation devenue rare au cinéma, dans un film produit par Disney qui plus est, la major trouvant elle aussi son salut dans un film de science-fiction original (et n'appelant pas à une suite), à l'instar de Le Trou noir (1979) ou Tron (1982), après avoir raté le lancement de plusieurs franchises tirées de matériaux existants (Prince of Persia, L'Apprenti sorcier, John Carter, Lone Ranger).

LA FILLE EST L'AVENIR DE L'HOMME

Accompagné d'une bande originale de Michael Giacchino qui n'est pas sans évoquer John Williams et Alan Silvestri, l'aventure adopte un rythme non-stop tout en cultivant son mystère avec un dosage parfait de l'information. On retrouve ici la patte Lindelof, plus équilibrée sur un long métrage que sur six saisons, préférant distiller l'exposition tout le long plutôt que de la regrouper en un bloc dans le premier acte. L'information est mêlée à l'action. Aucune scène n'est plus parlante que cette séquence au coeur du film, traversé par l'esprit cartoonesque propre à l'auteur, où les héros - un quinqa et deux jeunes filles, jamais caractérisées par leur sexe seul, une revendication en soi - fuient leurs poursuivants en utilisant des armes fantastiques dont jamais le fonctionnement n'est détaillé au-delà de leur utilité apparente. Jamais rien n'est surexpliqué, tout est découvert par le protagoniste comme par le spectateur, transporté dans cet univers original, oasis rafraîchissante dans le paysage cinématographique d'aujourd'hui.

Cette optique n'est pas étonnante de la part du cinéaste qui a toujours célébré la créativité et l'innovation, comme en témoigne notamment Ratatouille, également l'histoire du refus de vivre dans la misère. Ce renvoi vers un optimisme que l'Humanité a perdu est on ne peut mieux symbolisé que par le jetpack. Un moyen de locomotion qui fait aujourd'hui figure de gadget alors qu'il s'agissait autrefois de l'engin que toute une génération considérait comme l'avenir. Ainsi dans Tomorrowland, la cité éponyme, magnifiée par la photo lumineuse de Claudio Miranda, est une merveille de rétrofuturisme, quelque part entre l'art déco et les designs de Syd Mead (Tron, Blade Runner), mêlant la fiction et la réalité, réinterprétant Disneyland et les expositions universelles d'autrefois comme portails vers ce monde semblablement parfait. Par ailleurs, Tomorrowland sonne également comme une réfutation de la philosophie d'Ayn Rand, à laquelle on a souvent accusé Bird d'adhérer. En effet, le film propose une inversion du principe du plus célèbre ouvrage de Rand, La Révolte d'Atlas. Il n'est pas question pour les grands esprits d'abandonner le monde mais d'aider à le sauver. Pour cela, il faut non seulement encourager le développement des talents, comme dans Les Indestructibles, mais aussi rejeter le fatalisme, l'apathie et la peur - potentiellement infusés par les images que nous nourrissent les médias mais aussi la culture de la fiction dystopique semble nous dire Bird - et se dresser face à l'avenir. Optimistes.

par Robert Hospyan

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