L'année cinéma 2011 de Nicolas Bardot

L'année cinéma 2011 de Nicolas Bardot

Sans réduire une année entière à dix jours de printemps sur la Croisette, l'excellent cru cannois 2011 a rayonné sur toute l'année cinéma. Grands films de super-auteurs (Lars Von Trier, Terrence Malick), révélations éclatantes (Julia Leigh, Markus Schleinzer), confirmations enthousiasmantes de cinéastes à l'œuvre encore jeune (Nicolas Winding Refn, Bertrand Bonello), la programmation de Thierry Frémaux a été une réussite sur (quasi) toute la ligne, témoin d'une grande année pour le 7e art. Après une année asiatique 2010 particulièrement forte, 2011 a semblé plus en retrait. Mais cette déception tient plutôt d'une conjoncture: les noms reconnus et/ou identifiés, hormis Kim Jee-Woon ou Hong Sang-Soo, n'ont simplement rien eu à montrer cette année, tandis que certains premiers films remarquables (ceux du Coréen Jang Cheol-Soo, du Japonais Naoki Hashimoto ou du Thaïlandais Sivaroj Kongsakul) n'ont malheureusement pas trouvé leur place en salles. Côté États-Unis, après une année 2010 ternissime, 2011 a été flamboyante. Outre le retour de Malick et la bombe de Winding Refn, Darren Aronofsky et Sofia Coppola ont signé leurs meilleurs films, tandis que Derek Cianfrance ou John Cameron Mitchell ont porté haut un ciné indé de plus en plus artificiel. Et même lorsque de grands cinéastes comme Roman Polanski ou Gus Van Sant réalisent des œuvres soi-disant mineures, celles-ci n'ont en aucun cas été des seconds choix au cours de cette année exceptionnelle.

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MON TOP

1. Melancholia, Lars Von Trier
2. Black Swan, Darren Aronofsky
3. Somewhere, Sofia Coppola
4. The Tree of Life, Terrence Malick
5. Drive, Nicolas Winding Refn
6. Troll Hunter, André Ovredal
7. Blue Valentine, Derek Cianfrance
8. Sleeping Beauty, Julia Leigh
9. L'Apollonide, souvenirs de maison close, Bertrand Bonello
10. Michael, Markus Schleinzer

MON COUP DE CŒUR : Miranda July, Naomi Kawase - quel futur après le chaos?

Big-bang chez Terrence Malick, apocalypse retentissant chez Lars Von Trier. Même la fin du monde confinée dans le loft new yorkais du dernier Abel Ferrara atteint des proportions géantes via des images en rafale d'une planète au bord du précipice, soumise aux caprices du cosmos. S'il n'est pas question spécifiquement de fin du monde dans The Future de l'Américaine Miranda July ou dans Hanezu, l'esprit des montagnes de la Japonaise Naomi Kawase (présenté cette année à Cannes, en salles en 2012), on y parle de l'impermanence du monde, du poids des éléments, de l'homme replacé au centre de la Nature, de sa fragilité face à des forces, célestes ou non, qui le dépassent. The Future et Hanezu racontent tous les deux une histoire d'amour qui vacille. Les deux films, en apparence très différents, traitent de façon quasi abstraite des relations humaines, leur mystère incompréhensible, ces personnages qui s'aiment et se séparent. L'amour est aussi trivial qu'un jeu absurde chez July ou une complicité quotidienne chez Kawase, et reste pourtant métaphysique. A l'opposé, il y a, chez les deux cinéastes, une manière de traiter la nature de façon très concrète. Les forces contre lesquelles les personnages se battent. Dans The Future, on essaie littéralement de stopper le temps qui passe, on tente physiquement de repousser les vagues. Dans Hanezu, les amours humaines sont à l'ombre de celles, divines, immenses, de dieux-montagnes, et lorsque les humains se déchirent, c'est le ciel également qui s'ouvre, déclenchant une tempête. Les dénouements des deux films restent ouverts car July comme Kawase savent qu'on ne peut que se soumettre à la nature et son indécision. L'apocalypse n'y est pas traité au pied de la lettre comme dans Melancholia (même si le film de Lars Von Trier peut également être lu comme une métaphore d'un sentiment, d'un monde qui s'écroule plus que le monde en général), mais l'inquiétude d'un monde qui se dérobe est bien là. Attendu avec une fausse distance ironique chez July, ou avec sérénité chez Kawase.

Intéressant alors de comparer l'accueil assez similaire réservé à ces deux longs métrages. Le film de Kawase, à Cannes, n'a pas réellement rencontré d'hostilité, mais a, de façon assez légère, souvent été vu comme une mignonne coquetterie, là où son ambition proche de l'expérimental mérite une considération autre que celle d'un machin kawaï. Plus dur a été l'accueil du July, généralement réduit à un caprice onaniste. Argument ultime: une grande partie des papiers descendant The Future ne manquaient pas de rappeler que July était également poète, écrivain, artiste contemporain, partout et donc forcément nulle part. Chez un autre réalisateur, on parlerait de formidable artiste complet, chez July on parle plus facilement de poseuse et hop, son cas est réglé. Pourtant, dans le tumulte cosmique qui a agité bon nombre de films en 2011, les apocalypses de poche de cinéastes rares comme Miranda July et Naomi Kawase font partie des œuvres fortes de cette année de cinéma.

MON TOP INÉDITS / SORTIES DVD / SANS DATE DE SORTIE / DÉCOUVERTES FESTIVALS

1. Bedevilled, Jang Cheol-Soo
2. The Innkeepers, Ti West
3. La Maladie du sommeil, Ulrich Köhler
4. Birth Right, Naoki Hashimoto
5. Code Blue, Urszula Antoniak
6. Cold Fish, Sono Sion
7. Play, Ruben Östlund
8. Detention, Joseph Kahn
9. Kill List, Ben Wheatley
10. Le Feu, Brigitte Bertele

MES ATTENTES

1. The Burial/The Untitled Terrence Malick Project, Terrence Malick
2. Captured, Brillante Mendoza
3. Stoker, Park Chan-Wook
4. Dark Shadows, Tim Burton
5. The Grand Masters, Wong Kar Wai
6. Paradies, Ulrich Seidl
7. Alps, Yorgos Lanthimos
8. In Another Country, Hong Sang-Soo
9. Dark Touch, Marina de Van
10. The Woman, Lucky McKee

par Nicolas Bardot

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