Dark Shadows

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Dark Shadows
États-Unis, 2011
De Tim Burton
Scénario : John August, Seth Grahame-Smith
Avec : Helena Bonham-Carter, Johnny Depp, Eva Green, Jackie Earle Haley, Chloe Moretz, Michelle Pfeiffer
Photo : Bruno Delbonnel
Musique : Danny Elfman
Sortie : 09/05/2012
Note FilmDeCulte : ****--
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En 1752, Joshua et Naomi Collins quittent Liverpool, en Angleterre, pour prendre la mer avec leur jeune fils Barnabas, et commencer une nouvelle vie en Amérique. Mais même un océan ne parvient pas à les éloigner de la terrible malédiction qui s’est abattue leur famille. Vingt années passent et Barnabas a le monde à ses pieds, au tout au moins la ville de Collinsport, dans le Maine. Riche et puissant, et c’est un séducteur invétéré… jusqu’à ce qu’il commette la grave erreur de briser le coeur d’Angelique Bouchard. C’est une sorcière, dans tous les sens du terme, qui lui jette un sort bien plus maléfique que la mort : celui d’être transformé en vampire et enterré vivant. Deux siècles plus tard, Barnabas est libéré de sa tombe par inadvertance et débarque en 1972 dans un monde totalement transformé…

L'OMBRE DU VAMPIRE

Le prologue de Dark Shadows évoque directement celui de Sleepy Hollow. Les deux se situent dans l’Amérique des origines, les deux, à la fin du XVIIIe siècle, pensent voir la fin de l’âge des ténèbres. Différence notable, toujours, dans le cinéma de Burton, entre ce qu’on pense voir et ce qu’on voit, entre ce qui paraît et ce qui est. Ces prologues sont un terreau aux légendes. Les gouttes de cire rouge du générique de Sleepy Hollow scellent un pacte qui va poursuivre les personnages. Le sang détermine tout, dit-on au début de Dark Shadows, et les légendes poursuivront ces autres personnages à travers les siècles. Burton soigne son sens du sublime : amants maudits, suicide au bord d’une falaise, climat tempétueux et vagues qui se brisent. Dark Shadows ne sera pas, pourtant, un pur retour à l’horreur référencée façon Sleepy Hollow, mais plutôt un objet hybride entre conte horrifique et comédie psychédélique.

Si l’on est loin de l’embarras causé par son Alice (pas de danse de chapelier fou dans ce nouveau film), on ne peut pas dire que l’humour de Dark Shadows tire le long métrage vers le haut. L’humour absurde, sale gosse, iconoclaste et camp de Pee-Wee ou de Mars Attacks ! laisse place, chez le néo-scénariste Seth Grahame-Smith (et auteur du livre Orgueil et préjugés et zombies), à une certaine paresse du gag d'anachronisme qui rappelle au pire Les Visiteurs au mieux Hocus Pocus. Des scènes qui, avec des comédiens de la trempe de Johnny Depp ou Michelle Pfeiffer, font moins mal aux yeux qu’avec Clavier et Reno, mais ce n’est certainement pas ce que Dark Shadows propose de mieux. Le film n’est en fait jamais meilleur qu’en terrain connu, lorsque Burton attrape le merveilleux des deux mains, aidé en cela par une direction artistique flamboyante. Louer la direction artistique chez Burton ne signifie pas qu’on cherche à sauver les meubles, au contraire. Celle-ci fait partie intégrante des premières qualités de son cinéma pour lui qui est un conteur mais pas (ou peu) scénariste, pour ce réalisateur-dessinateur dont l’imaginaire prend place dans des décors frappants. Après son Alice essentiellement tourné sur fond vert, Burton filme Dark Shadows dans un vrai décor, et quel décor. Une somptueuse bâtisse décadente créée par Rick Heinrichs (son partenaire sur Sleepy Hollow), fascinante maison hantée remplie de recoins aux secrets, de lustres couverts de toiles d’araignée et de fantômes qui errent au détour d’un couloir. Un décor qui, encore une fois, n’est pas là que pour faire joli, mais qui agit comme un accélérateur d’imaginaire, magnifié par la lumière de Bruno Delbonnel. Son usage de la couleur rappelle les explosions chromatiques et parodiques de Mars Attacks ! et de Charlie et la chocolaterie, avec sa surcharge d'accessoires rétro forcément colorés (d’un plateau de Docteur Maboul à une grappe de raisins en résine), évoquant parfois les clichés du photographe Les Krims, avec ses images de bazars multicolores extrêmement calculés (on pense, pour Dark Shadows, au plan post-coït dans un bureau soigneusement mis à sac).

Comme d’habitude, l’action chez Burton fait plouf et le combat final semble bâclé. Ce dénouement intervient après un dernier tiers à bout de souffle. Le script de Grahame-Smith peine à tenir sur la longueur et multiplie inutilement les personnages (ceux de Helena Bonham Carter et Jonny Lee Miller sont strictement superflus, celui de Michelle Pfeiffer sous-exploité). Pourtant, de ce récit inégal sur l'illusion des retrouvailles familiales, thématique récurrente chez Burton, s’échappe une splendide nouvelle figure burtonienne. Barnabas, le vampire incarné par Depp (dans une interprétation qui mêle le regard pénétré d’un Sweeney Todd, la blancheur lunaire d’Edward et la gestuelle de Nosferatu) se fait voler la vedette par Angélique Bouchard, interprétée par une Eva Green qui n’avait jamais été si bien employée. Angélique est la rencontre d’une Catwoman féline, séductrice, et d’une Sally au corps maltraité (motif burtonien en diable servi par de splendides maquillages), femme-sorcière qui n’est pas, ici, une figure misogyne et dont Burton finit d'ailleurs par prendre le parti. Voilà une héroïne tragique qui donne plus de poids à un film qui souvent en manque. Dark Shadows est une œuvre imparfaite et mineure, visuellement superbe mais assez loin des réussites majeures de la décennie passée (Big Fish et Sweeney Todd). Mais alors que beaucoup donnaient le réalisateur mort après le naufrage d’Alice au pays des merveilles, ce Dark Shadows montre que le cadavre a encore de beaux restes.

par Nicolas Bardot

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