L'Apollonide, souvenirs de la maison close

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A l'aube du XXème siècle, dans une maison close à Paris, une prostituée a le visage marqué d'une cicatrice qui lui dessine un sourire tragique. Autour de la femme qui rit, la vie des autres filles s’organise, leurs rivalités, leurs craintes, leurs joies, leurs douleurs... Du monde extérieur, on ne sait rien car la maison est close, mais à l’intérieur de ses murs tout est possible.

SPLENDEURS ET MISÈRES DES COURTISANES

Du Pornographe à De la guerre en passant par Tiresia, le sexe et le désir, leurs mystères et utopies, sont au cœur de l'œuvre de Bertrand Bonello. Présent une nouvelle fois à Cannes avec L'Apollonide, Bonello signe probablement son meilleur film. Le déclin d'une maison close, aux premières heures du XXe siècle. Tempo funambule, labyrinthes narratifs, ellipses énigmatiques, L'Apollonide chérit ses secrets, distillant un parfum entêtant qui n'est pas sans rappeler, excusez du peu, Les Fleurs de Shanghai de Hou Hsiao Hsien. Un crépuscule de déesses dans ce gynécée aux rideaux lourds et bains de champagne, et l'illusion d'un idéal où les cicatrices monstrueuses se transforment en sourires (Et Bonello d'évoquer, lui-même, l'influence de Cronenberg), où les jeunes filles semblent échappées d'une des multiples toiles qui les entourent, ce monde clos vu comme un monde de cinéma.

Sans pour autant être alourdi par un regard moraliste, un jugement (même l'épilogue semble marqué par une distance pas dupe, une noire ironie), L'Apollonide pleure ses tristes marchandises, déchéance de velours où le spectacle d'une féminité rêvée tourne au freakshow, faste éteint, du verre pour remplacer le cristal tandis que tombent les derniers pétales de fleurs. En 2 heures lentes et envoutantes, L'Apollonide, souvenirs de la maison close fait exister avec subtilité sa magnifique galerie de personnages (actrices toutes parfaites), transportés dans une sombre rêverie (un plan, saisissant, iconique, de prostituée en larmes, et le récit, à la façon de Tiresia, rejoint le mythe), contraints à brûler pour éclairer la nuit.

par Nicolas Bardot

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