L'Hypothèse du Mokélé M'Bembé

L'Hypothèse du Mokélé M'Bembé
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Hypothèse du Mokélé M'Bembé (L')
France, 2012
De Marie Voignier
Photo : Marie Voignier
Durée : 1h18
Sortie : 07/11/2012
Note FilmDeCulte : ****--
  • L'Hypothèse du Mokélé M'Bembé
  • L'Hypothèse du Mokélé M'Bembé

Au Sud Est du Cameroun, un homme arpente la jungle et les berges boueuses des rivières depuis plusieurs années à la recherche d’un animal inconnu de la zoologie : le « Mokélé Mbembé ». Les Pygmées que l’explorateur venu de Nice rencontre au cours de ses expéditions décrivent cet animal comme une sorte de rhinocéros à queue de crocodile et à tête de serpent. Certains affirment l’avoir déjà rencontré « près de la rivière ». Mais aucun spécimen, aucun squelette, ni aucune dent n’ont à ce jour été découverts. Animal mythologique ou animal réel ? L’explorateur est depuis longtemps convaincu de l’existence de cette bête de 15 mètres de long qui ressemble à un dinosaure. Il nous entraîne dans une quête acharnée à travers la jungle pour rassembler des traces de l’animal, des témoignages et des dessins. A travers sa quête, c’est la question de la croyance que pose le film, nous entrainant dans l’univers de l’un des derniers explorateurs, et nous faisant partager son enthousiasme et la force de sa conviction.

LA CREATURE DU MARAIS

« Je vois la réalité. Et la réalité c’est que les scientifiques qui sont dans leur bibliothèque ou dans leur bureau, qui me disent qu’il est impossible de découvrir le Mokele-Mbembe, que tout est découvert, que c’est très facile maintenant d’accéder aux zones d’exploration, tout ça c’est faux ». L’Hypothèse du Mokele-Mbembe propose une sorte de chasse au dahu, une quête d’un animal merveilleux, un serpent noir à corne et à écailles qu’on aurait vu ici ou là dans la jungle camerounaise. La réalisatrice Marie Voignier (lire notre entretien) se détache de nombreux documentaires télévisuels en faisant quelques choix ingénieux et radicaux. Pas de voix-off, pas de contextualisation, pas de carton explicatif. Pas de présentation du protagoniste, qui peut aussi bien être un véritable explorateur qu’un fou perché. Dans un film sur l’imaginaire, où l’on traque l’invisible, Voignier laisse une large place à l’interprétation du spectateur. Ce qu’on comprend, ce qu’on attend, ce qu’on voit. Une façon de traiter intelligemment le public comme une manière de coller à son sujet.

« Comment dessiner ce qu’on n’a jamais vu ? » La question est posée autour de quelques croquis du Mokele-Mbembe. Ce serpent géant, sorte de Loch Ness africain, devient, au fil des histoires, la figure d’un conte de tradition orale, avec un récit qui s’enrichit au gré des témoignages. Où est le vrai, le faux ? L’Hypothèse du Mokele-Mbembe ne prend pas parti. Images brutes de vidéo vintage dans la jungle, plans superbes de la nature, les différents supports brouillent les pistes. On voit un documentaire, et parfois on se retrouve devant Le Projet Blair Witch ou Troll Hunter. Un trouble justifié puisque L’Hypothèse du Mokele-Mbembe se rapproche en quelque sorte de ces faux documentaires fantastiques où l’on guette le surnaturel, caméra au poing. L’Hypothèse… est bel et bien un doc, où les discussions improbables avec certains autochtones donnent l’impression d’être écrites par Ionesco. Ce n’est pas la seule surprise de ce film déroutant.

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires