Le Projet Blair Witch

Le Projet Blair Witch
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Projet Blair Witch (Le)
The Blair Witch Project
États-Unis, 1999
De Daniel Myrick, Eduardo Sanchez
Avec : Heather Donahue, Joshua Leonard, Michael Williams
Photo : Neil Fredericks
Musique : Tony Cora
Durée : 1h18
  • Le Projet Blair Witch
  • Le Projet Blair Witch
  • Le Projet Blair Witch
  • Le Projet Blair Witch
  • Le Projet Blair Witch
  • Le Projet Blair Witch
  • Le Projet Blair Witch
  • Le Projet Blair Witch
  • Le Projet Blair Witch
  • Le Projet Blair Witch

En octobre 1994, trois étudiants en cinéma disparaissent dans une forêt du Maryland au cours d’un reportage sur la sorcellerie. Un an plus tard, on a retrouvé leur film. Ils n’étaient pas seuls dans la forêt…

JUSTE UNE ILLUSION

Vous qui lisez ces lignes, soyez sans crainte, Heather Donahue, Joshua Leonard,et Michael Williams ne sont pas morts en forêt. Le Projet Blair Witch, on s’en souvient, a souvent été pris aux Etats-Unis pour un véritable documentaire. Avant sa sortie, le site du film diffusait des avis de recherche des trois protagonistes, d’où l’éveil d’un intérêt pour le public et une véritable ambiguïté. La France n’a pas bénéficié de cette confusion entre le vrai et le faux, mais cela n’a pas empêché le film de se tailler un beau succès. Le fait que les trois randonneurs soient des étudiants réalisateurs justifie l’absence de technique cinématographique sophistiquée. Le film base d’ailleurs entièrement son postulat là-dessus : on ne voit que les images qu’ils ont tourné avec leur caméra 16 mm noir et blanc et leur caméscope couleur. En n’étant pas responsables des plans, les réalisateurs (les vrais, Daniel Myrick et Ed Sanchez) jouaient plutôt le rôle de concepteurs qui orientaient chaque jour les acteurs avec des feuilles de route, en leur laissant une grande part d’improvisation.

P.O.V

On a loué le film pour son inventivité, son pouvoir de suggestion à peu de frais et sans grands effets. Mais ce serait oublier les qualités humaines du film, car il est surtout intéressant d’observer la façon dont les rapports se désagrègent entre Heather, Michael et Josh, partis très enthousiastes sur les traces d’une légende. La tension monte pourtant lorsque, perdus dans la forêt, ils sont confrontés à des événements qui semblent surnaturels. La nuit, ils entendent des bruits bizarres, le jour, ils découvrent des piles de pierres, d’étranges constructions en bois. Le sentiment de peur est magnifiquement rendu puisque les acteurs réagissaient souvent de manière spontanée aux épreuves que les réalisateurs leur concoctaient hors-champ. Souvenons-nous de cette scène d’une grande force où, une nuit, les trois personnages sont réveillés par des rires d’enfants… en pleine forêt. On pense forcément aux petites victimes du tueur, Rustin Parr, qui entendait la sorcière, et dont parlaient les natifs du coin, interrogés par Heather avant le départ en forêt. Le jour d’après, les trois étudiants marchent vers le sud toute la journée… et se retrouvent au même endroit, la rivière. Les esprits rationnels ont beau dire que s’ils s’étaient contentés de longer cette rivière, ils auraient retrouvé leur chemin, rien n’est moins sûr, si l’on accepte de considérer que le fantastique a sa place dans ce que vivent les trois jeunes gens. Quelle que soit la direction à prendre, ils sont condamnés à disparaître.

UNIVERS ETENDU

Sur internet ont circulé de multiples interprétations du film, la plus grotesque consistant à soutenir que Joshua et Michael se sont ligués pour assassiner Heather. Grotesque parce que les événements étranges ont lieu lorsque les trois compagnons sont réunis, notamment les voix des enfants. On notera au passage que le principe même d’une version française est insupportable sur ce film, car il en sape l’aspect documentaire avec tout ce qu’il comporte de réalisme et de spontanéité. Fort de son succès (Le film a coûté 35 000$ et a rapporté 140M$, rien qu’aux Etats-Unis), Le Projet Blair Witch s’est décliné sous la forme de plusieurs supports pour nourrir la légende de la sorcière de Blair: des comics, des jeux vidéo, des figurines McFarlane, des livres… S’agissant de ces derniers, on peut mentionner La Confession secrète de Rustin Parr (écrit par D.A. Stern) qui nous apprend que l’ermite, pendu en 1941 pour l’assassinat de sept enfants, était innocent. Le véritable tueur n’était autre que Kyle Brody, le seul survivant des enfants soi-disant kidnappés par Rustin Parr, il aurait agi avec sa mère Carol Brody, sous l’emprise de la sorcière de Blair. Il existe aussi une compilation de faux documents (toujours dus à la plume de D.A. Stern) comprenant, entre autres, le journal de bord retrouvé de Heather Donahue, analysé par une médium. On apprend aussi, chose terrifiante, que les recherches dans la forêt par les autorités ont commencé le 26 octobre 1994, jour où les trois randonneurs se filmaient encore.

TRAIRE LA VACHE

Le succès commercial faramineux du premier film eut pour conséquence une nouvelle incursion dans le monde de la sorcière de Blair, Le Livre des Ombres – Blair Witch II, de Joe Berlinger (2000). Le film part du postulat que les évènements relatés dans Le Projet Blair Witch sont vrais et s’annonce comme la reconstitution d’un fait divers. Il narre les mésaventures de cinq jeunes gens partis faire un Blair Witch Tour sur les lieux du drame. Les acteurs utilisent leurs véritables noms, comme si ce qui leur arrivait était réel. Le film de Berlinger, par ailleurs ancien documentariste, a été très critiqué et s’est soldé par un échec commercial. Dans le commentaire audio du DVD, le réalisateur raconte avoir été bridé par les financiers. Le film n’est pas entièrement raté mais on ne retrouve pas les moments d’angoisse qui rendaient Le Projet Blair Witch si particulier ; en revanche, il se pose comme une réflexion brillante sur le statut particulier du premier film et le rapport qu’on entretient avec la fiction. Il vaut également pour l’interprétation impeccable de ses interprètes, en particulier Kim Director en gothique belle et rebelle et Erica Leerhsen en sorcière, adepte de Wicca, un tantinet allumée.

Pascal Laffitte

par Palpix

Commentaires

Partenaires