L'année cinéma 2010 de Danielle Chou

L'année cinéma 2010 de Danielle Chou

En 2010, on a beaucoup creusé: creusé la terre pour déloger des renards (Fantastic Mr Fox), ouvert les corps pour y contempler la mort (Enter the Void), sondé la mémoire pour retrouver un semblant de lumière (Shutter Island). Les abysses ont flirté avec les abîmes, les vivants ont voulu précipiter leur mort (A Single Man), les fantômes (et les ex de Scott Pilgrim) sont revenus nous hanter, certains se sont même invités à notre table (Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures). La fin du monde n'a jamais été si proche (Kaboom), un douloureux chant du cygne a scellé le destin de quelques frères (Des hommes et des dieux). Christopher Nolan, meilleur architecte et illusionniste de l'année, a creusé un peu plus loin que les autres. Inception a été la plus grande foreuse de 2010, une impressionnante machine à rêver qui, d'étage en étage, de chausses-trappes en portes dérobées, déconstruit et décompose des vies, des histoires, des souvenirs et menace de se perdre dans des limbes nébuleuses. Christopher Nolan s'est voulu l'architecte tout-puissant d'une œuvre mouvante, d'un monde protéiforme qui emprunte à tous les genres, distord l'espace et défie le temps. Dom Cobb prend les habits d'Orphée pour descendre aux Enfers et y retrouver son éternelle bien-aimée. 2010 n'aura peut-être été que le rêve d'un seul homme, celui de Leonardo DiCaprio, présent dans deux films, Inception et Shutter Island, deux fois échoué sur une île, deux fois déchu de sa famille et de ses amours. La mise en scène, littéralement renversante, d'Enter the Void participe de la même démesure, de la même boucle hypnotique. On a beau creuser ses obsessions, on continue de tourner en rond, de ressasser, de revivre ses terreurs, de chercher le point de commencement, de revenir en arrière, de revenir aux origines, de réinventer sa vie. La toupie s'arrêtera-t-elle enfin ?

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MON TOP

1. Inception
2. Enter the Void
3. The Social Network
4. Fantastic Mr Fox
5. Shutter Island
6. Kaboom
7. Scott Pilgrim
8. A Single Man
9. Potiche
10. Dragons

MON COUP DE CŒUR : La vie est un simulacre

Dans Inception, l'art du faussaire prend des proportions stupéfiantes. C'est une vie qui est reconstituée de toutes pièces. Déguisements, simulations, manipulations, projections : le rêve est plus vrai que nature. En costumes sur mesure, les hommes de Dom Cobb cultivent une élégance feutrée et se fondent dans le subconscient de leur proie. La vie d'étudiant dans Kaboom semble quant à elle échappée d'une sitcom. Surfeur blond benêt, sorcière lesbienne, étalon des plages, amoureux trop transi... Autour de Smith, chacun joue à être un autre, à répondre aux clichés les plus éculés, dans un campus chatoyant et hallucinogène volontiers en carton, où quelque chose d'inquiétant se trame derrière les sourires insolents et les corps offerts. Pour Suzanne Pujol (Catherine Deneuve), ni cruche ni potiche, François Ozon imagine une garde-robe pittoresque et nostalgique. Du survêtement rouge au tailleur blanc, c'est un nouveau mythe vestimentaire qui s'écrit, pour balayer, une fois encore, les préjugés et les idées arrêtées. Deneuve rejoue sa jeunesse, ses amours de cinéma, revisite sa légende avec une drôlerie et une classe insensées. La Palme du raffinement et de la pose étudiée revient néanmoins à Colin Firth, habillé de la tête aux pieds par un vrai styliste, Tom Ford. A Single Man ne cesse d'étonner et d'émouvoir, là où tout pourrait sonner faux, avec sa coquetterie sixties, ses manières si précieuses, son extravagance naturelle, son trop-plein d'amour-propre... En 2010, c'est pourtant l'un des plus beaux portraits sur la solitude, l'un des plus entêtants sur le deuil d'un amour. On joue un rôle, on se délecte des apparences, on porte un masque, une belle robe, une belle paire de lunettes, mais le cœur peine à mentir.

Mes attentes

1. Tree of Life de Terrence Malick
2. Melancholia de Lars Von Trier
3. Black Swan de Darren Aronofsky
4. The Grandmasters de Wong Kar Wai
5. The Assassin de Hou Hsiao Hsien

par Danielle Chou

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