Potiche

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Potiche
France, 2010
De Francois Ozon
Scénario : Francois Ozon
Avec : Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Judith Godrèche, Fabrice Luchini, Jérémie Renier, Karin Viard
Photo : Yorick Le Saux
Durée : 1h43
Sortie : 10/11/2010
Note FilmDeCulte : *****-
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En 1977, dans une province de la bourgeoisie française, Suzanne Pujol est l’épouse popote et soumise d’un riche industriel Robert Pujol. Il dirige son usine de parapluies d’une main de fer et s’avère aussi désagréable et despote avec ses ouvriers qu’avec ses enfants et sa femme, qu’il prend pour une potiche. À la suite d’une grève et d’une séquestration de son mari, Suzanne se retrouve à la direction de l’usine et se révèle à la surprise générale une femme de tête et d’action. Mais lorsque Robert rentre d’une cure de repos en pleine forme, tout se complique…

BELLE MAMAN

Potiche, comme hier Gouttes d'eau sur pierres brûlantes et 8 femmes, est inspiré d'une pièce, un boulevard monté au début des années 80. Dans Gouttes d'eau... comme dans 8 femmes, où l'on salue le public, où l'on danse en rang d'oignons face à lui, le huis-clos était une façon de respecter et de se servir des contraintes théâtrales, d'actrices en cages en couples prisonniers. Potiche, en apparence, est plus libre, sort de la demeure des Pujol, trottine en Adidas dans les bois ou rend visite aux ouvriers dans leur usine. Pourtant, Potiche marche purement sur une mécanique de boulevard, ses bons mots, ses archétypes, ses ciel mon amant et son tempo cadencé. Peut-être la limite du film, là où 8 femmes, justement, parvenait à s'échapper de sa toute petite pièce de théâtre pour se muer en conte de cinéma, parler de ses actrices et de leurs mythes. Ça n'empêche pas Potiche d'être une belle réussite, après des films (Ricky et Le Refuge) qui nous avaient déçus. Du boulevard, certes, mais lustré, gonflé à bloc, tartiné d'über-kitsch 70's où l'on mange sa quiche tiède devant Aujourd'hui Madame, où l'on devise dans un téléphone poilu et surtout où l'on guinche sur du Baccara au club Badaboum - la reconstitution, plus prosaïque que l'habituel fantasme pattes d'eph', est en elle-même un bonheur.

Potiche n'est pourtant pas qu'une bulle passéiste et moqueuse. Ozon confie qu'il a choisi une époque dont le contexte politique en crise était en lien avec aujourd'hui. Le patriarche hystéro-sarkozyste, le mère chabichou et le syndicaliste grimé en Bernard Thibault ne le sont pas par hasard. Si quelques détails paraissent appuyés (les références superflues aux tubes de Sarkozy, du pauvre con à travailler plus), c'est dans son dernier tiers que le film prend réellement son envol. D'abord, par son show Deneuve qui tourne au délire, mais aussi par la façon avec laquelle Ozon bouscule l'ordre patriarcal. "Dans le théâtre de boulevard, on joue avec toutes les transgressions possibles - sociales, familiales, affectives, politiques - mais à la fin, tout le monde retombe toujours sur ses pattes. Les bourgeois ont envie de rire et de se faire peur, mais à condition que tout finisse par rentrer dans l’ordre. Dans mon adaptation, j’ai essayé que les choses bougent et se transforment vraiment". Retour utopique à la douceur du matriarcat donc, dans une société de la brutalité, matriarcat amélioré donc (et même chanté!) puisqu'il s'agit de Catherine Deneuve, absolument impériale comme le reste du casting. Une chose à retenir: en mai 2012, n'oubliez pas de glisser votre bulletin Deneuve dans l'urne.

par Nicolas Bardot

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