Walkyrie

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Walkyrie
Valkyrie
États-Unis, 2008
De Bryan Singer
Scénario : Nathan Alexander, Christopher McQuarrie
Avec : Kenneth Branagh, Tom Cruise, Bill Nighy, Terence Stamp, Carice Van Houten, Tom Wilkinson
Photo : Newton Thomas Sigel
Musique : John Ottman
Durée : 1h50
Sortie : 28/01/2009
Note FilmDeCulte : *****-
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S'il a toujours été un fidèle serviteur de son pays, le colonel von Stauffenberg s'inquiète de voir Hitler précipiter l'Allemagne et l'Europe dans le chaos. Comprenant que le temps presse, il décide de passer à l'offensive : en 1942, il tente de convaincre plusieurs officiers supérieurs de la nécessité de renverser Hitler. Un an plus tard, tandis qu'il se remet de ses blessures de guerre, il rejoint la Résistance allemande pour mettre au point l'Opération Walkyrie. Alors qu'il n'était au départ que l'un des nombreux conspirateurs, Claus von Stauffenberg se retrouve bientôt en première ligne : c'est lui qui devra assassiner Hitler...

LES HOMMES DE L'OMBRE

Au vu des personnes impliquées et du sujet abordé, on pourrait se laisser croire que Walkyrie affiche des ambitions de leçon d'Histoire ou de film avec quelque chose de terriblement important à dire. Soyons clairs dès le début, ce n'est pas le cas. Non pas qu'il s'agisse d'un défaut, loin de là, c'est juste que jamais Bryan Singer et ses scénaristes (notamment Christopher McQuarrie, qui signait il y a treize ans son Usual Suspects) ne prétendent faire un film "important". Pour le résumer vulgairement, on pourrait dire que ce thriller se situe quelque part entre Les Femmes de l'ombre (de Jean-Paul Salomé) et Munich (de Steven Spielberg), largement supérieur au premier sans jamais tenter d'atteindre le niveau du second. L'intérêt principal de l'auteur se porte davantage sur le nazisme, récurrence thématique de sa fascination pour le Mal déjà traitée dans Un élève doué, évoquée dans X-Men et présente à travers des figures actuelles dès son premier long métrage indépendant jusqu'à ses adaptations de comics. En choisissant d'adopter un compte-rendu chronologique des événements, le cinéaste laisse presque le film se reposer sur sa seule mise en scène. Et force est de constater qu'après une longue excursion de trois films dans le domaine de la fantaisie des superhéros, Singer signe avec Walkyrie non seulement un retour à ses amours premières mais surtout son film le plus mature d'un point de vue formel.

DETAIL DE L'HISTOIRE

A l'image de l'humilité présentée par le choix du point de vue, ce récit très linéaire, la mise en scène sert l'histoire avec une sobrieté mais également une classe d'un autre temps, en hommage aux classiques des années 40 (cf. les magnifiques cartons qui ouvrent le film) sans pour autant tomber dans le piège de l'anonymat ou de l'académisme. En effet, l'ouvrage est une fois de plus parcouru de touches témoignant de la patte mais surtout de l'oeil du réalisateur. Ceux qui s'intéressent au travail de Singer reconnaîtront cette minutie, cette attention au détail. Le film trouve son charme dans ces petits riens, tous ceux que Singer souligne au détour d'un gros plan furtif, conférant du poids à la spécificité de l'activation d'un détonateur d'époque par exemple. S'en ressent évidemment une fois de plus sa fascination pour le nazisme. Il suffit de voir comme il filme au plus près la rouge texture du drapeau, ou des bottes si caractéristiques, où comment il symbolise tout l'Holocauste par le biais d'un plan d'une cigarette grillant un moustique sans aucune vulgarité. C'est à glacer le sang. L'ambiance malsaine qui règne sur le film et qui se fait à la fois jouissive, c'est tout Singer. A ce titre, la meilleure scène, du moins la plus représentative du film, est peut-être celle de La Chevauchée des Walkyries. Ou comment le cinéaste passe d'une scène de drame historique, de film de guerre, à celle d'un thriller, d'une série B, en une spirale infernale...

DE BRUIT ET DE FÜHRER

Quand Wagner est à nouveau évoqué plus tard, vu qui en parle, on ne rigole plus du tout. Il faut mentionner la manière dont Adolf Hitler est traité dans le film. Après avoir flirté avec le Führer par le biais de moultes incarnations du Mal, le cinéaste se frotte enfin à la plus grande d'entre toutes. Hitler ici est davantage une présence, tout le long, qu'un protagoniste, même quand on ne le voit pas. Très peu à l'écran, il est le suspense qui pèse sur le récit et dont justement il faut, comme les personnages, se débarasser pour être "tranquille". L'un de ces "détails" mentionnés plus haut qui enrichissent le film, le plus réccurrent d'entre eux, est sans doute l'oeil de verre de Stauffenberg, borgne roi au royaume des aveugles. En cela, Singer montre la triste absurdité d'un Reich qui doit autant ses réussites que ses échecs au suivi aveugle des ordres (cf. les scènes dans la salle des communications, ou celles avec Thomas Kretschmann). On ne saurait réellement prêter un propos politique à la démarche de l'auteur mais on pourrait se poser la question sur une possible analogie entre le point de vue de Stauffenberg, soldat patriote dégoûté par la guerre que mène son pays et l'homme qui en est à la tête, et celui que pourrait avoir un soldat américain aujourd'hui en Irak. Attention, le film ne clame pas qu'il faille se débarasser de Bush comme d'Hitler mais on peut y déceler un écho d'une certaine pertinence. Cependant, là n'est pas le but du film, au demeurant un très bon thriller, avec ses défauts (le dernier acte, quand on sait tous ce qui va se passer, dure un peu trop longtemps) mais d'une grande classe et surtout diablement séduisant.

par Robert Hospyan

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