Troie

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Troie
Troy
États-Unis, 2004
De Wolfgang Petersen
Scénario : David Benioff
Avec : Eric Bana, Sean Bean, Orlando Bloom, Rose Byrne, Julie Christie, Brian Cox, Brendan Gleeson, Diane Kruger, Peter O'Toole, Brad Pitt
Photo : Roger Pratt
Musique : James Horner
Durée : 2h45
Sortie : 12/05/2004
Note FilmDeCulte : ****--
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En l’an 1193 avant Jésus-Christ, alors que le roi Agamemnon de Mycènes, en Grèce, mène une guerre sans relâche pour rallier tous les peuples de la mer Egée à sa cause, Pâris, Prince de Troie, enlève Hélène, Reine de Sparte, à son mari Ménélas, frère d'Agamemnon. Les Grecs, bardés de leurs bouillants héros et de leurs rois illustres venus de toutes les provinces, entament alors le siège de Troie.

TROIE AUX BONNES MURAILLES

Ne nous méprenons pas, le film de Wolfgang Petersen n'illustre pas le grand poème épique d'Homère, il s'en nourrit. En une trame linéaire, conventionnelle et assez simple, inspirée et non pas adaptée de l'Iliade, Troie ne garde du texte que les faits d'armes d'Achille. Rajoutant un prologue et un épilogue puisés dans d'autres œuvres mythologiques, déformant et évinçant certains personnages ou épisodes qui ne comptent pas le super héros, tranchant dans le détail des vingt-quatre chants, il se concentre autour de l'essentiel: l'affrontement entre les hommes et le combat légendaire entre Hector et Achille. Un remaniement tout à fait justifié aux vues de la complexité du texte initial, mais qui s'avère quelques fois maladroit, en particulier dans le parti pris de supprimer toute aide des Dieux. Certains retournements de situations ou actions en deviennent ainsi quelque peu tirés par les cheveux. Mais qu'importe la comparaison avec une œuvre qui n'est au final qu'un prétexte pour renouer avec le genre du péplum et du film épique, le pari est joliment réussi. Si Troie regorge de petits défauts (notamment quelques dialogues pompeux), il n'en reste pas moins très efficace. Sur fond de reconstitution historique visuellement assez fidèle, les corps s'entrechoquent avec violence dans des combats grandiloquents toujours justes, prenant toute leur ampleur au fil du récit, trouvant leur acmé dans l'affrontement tant attendu entre Achille et Hector. A ceci s'alternent avec adresse des scènes plus posées et intimistes, éclairant les liens entre les différents protagonistes. Le tout accompagné par une musique de James Horner qui, à l'image du film, a du mal à démarrer mais va en se bonifiant, soulignant parfaitement certaines scènes de combat. On déplorera cependant une chanson de générique final pitoyable, à oublier sur le champ.

ACHEENS CHEVELUS ET TROYENS MAGNANIMES

A cette réalisation qui fonctionne relativement bien, s'ajoute un casting à la hauteur de ses attentes. Si l'on peut oublier rapidement les interventions de Brian Cox en Agamemnon un peu trop empirique, et les prestations de Diane Kruger (Hélène) et de Saffron Burrows (Andromaque) plutôt fades, les autres personnages de premier plan restent quant à eux relativement bien traités. Brad Pitt, sans livrer sa meilleure performance, capte avec aisance l'arrogance d'Achille, ses regards hautins, son tempérament capricieux, qui font de lui un héros parmi les héros. Face à lui, Eric Bana campe un Hector magistral, charismatique, qui, à plusieurs reprises, s'applique à lui ravir le haut de l'affiche. L'acteur maîtrise parfaitement et avec subtilité les forces contradictoires qui animent le prince troyen, sûrement le personnage le plus complexe et le plus intéressant du poème d'Homère. A ses côtés, son frère, Pâris, la ruine de Troie en personne, est incarné par un Orlando Bloom en demi teinte. Son aura de jeune premier fou d'amour qui affronte le monde en dilettante colle parfaitement au futur prince, mais le déclic n'est pas encore entre ses mains, et l'on attend toujours le personnage qui le révèlera vraiment après Legolas. Toujours dans la lignée des Troyens, Peter O'Toole se veut touchant en Priam apeuré et malmené par une guerre qui le dépasse. Au milieu de ces figures de proue, on retiendra en particulier Sean Bean, irréprochable Ulysse. Second rôle de taille intelligemment interprété, il est le narrateur de cette épopée et le seul des rois grecs à sortir vivant du carnage de Troie. Devant la justesse de l'acteur, on se plait à plusieurs reprises à espérer que son Odyssée fasse suite à ce Troie qui ne l'exploite que trop peu.

par Julie Anterrieu

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LES POINTS DE DIVERGENCE AVEC LE RECIT HOMERIQUE

Mise en place générale

Selon l'Iliade, la Guerre de Troie aurait duré dix ans, et non un mois comme le film semble le présenter. Le poème commence la neuvième année du siège, alors que les Grecs sont touchés par la peste, juste avant la colère d'Achille contre Agamemnon, et se termine après que Achille ait rendu le corps d'Hector à Priam. Il n'est donc jamais question dans le texte d'Homère de détailler l'enlèvement d'Hélène, l'arrivée des troupes grecques sur le sol troyen, de la mise en place du cheval de Troie ou de la mort d'Achille. Tous ces épisodes de la Guerre de Troie appartiennent à d'autres récits de l'Antiquité. De plus, le film passe sous silence une bonne partie des actions intentées par les deux parties, et notamment celles des deux puissants guerriers que sont Diomède (Grec, chef d'Argos, remplaçant Achille par sa force et son courage pendant que le Péléide boude sous sa tente) et Enée (Dardanien, population venue au secours des Troyens), qui sont évincés du récit filmique car n'entrant jamais en contact avec Achille dans le poème homérique.

L'enlèvement d'Hélène

Comme dit plus haut, l'enlèvement d'Hélène n'apparaît pas dans l'Iliade, il y est simplement évoqué. Cependant, le film, dans sa volonté d'évincer l'action propre des Dieux envers les héros, a pris une large liberté à ce sujet. En effet, selon la mythologie, c'est dans le but d'enlever Hélène que Pâris se rend à Troie, et non pour signer un pacte, et ce, bien évidemment, seul, sans être accompagné de son frère Hector. Hélène est en réalité une récompense pour Pâris, de la part de la Déesse Aphrodite. A cette époque, le jeune prince était un berger établi sur le Mont Ida pour écarter du palais de son père la prédiction proférée par un oracle le rendant responsable de la chute de Troie. Lors d'un banquet, les Dieux le désignèrent pour arbitrer une querelle entre les trois déesses principales de l'Olympe (Héré, femme de Zeus, Athéna, déesse de la Guerre et Aphrodite, déesse de l'amour), visant à définir qu'elle était la plus belle des trois. Pâris, après avoir observé et écouté les trois divinités lui promettre monts et merveilles, remit le prix à Aphrodite, qui lui donna en échange la main de la plus belle femme du Monde: Hélène de Sparte, fille de Zeus et de Leda.

Briséis, ou la colère d'Achille

La plus grande liberté du film tourne autour du personnage de Briséis et de son impact sur le comportement d'Achille. Dans l'Iliade, la jeune fille est la part d'honneur qu'Achille a remporté à la suite de la prise de Thèbes, elle n'est donc ni cousine des priamides, ni prêtresse d'Apollon. Achille se voit obligé de la céder à Agamemnon, non comme paiement d'honneur au roi des rois, mais pour compenser la perte de Chryséis. En effet, après la chute de Thèbes, Agamemnon avait reçu comme part d'honneur la jeune Chryséis, fille de Chrysès, prêtre d'Apollon. Une fois les Grecs installés sur les rivages de Troie, Chrysès était venu réclamer sa fille au près du souverain de Mycènes, qui avait refusé. Le père implora alors Apollon de "faire payer ses pleurs" aux Grecs. Le Dieu jeta alors la peste dans les rangs. L'Iliade commence quand Achille, furieux de voir les Grecs mourir par milliers à cause de la maladie, demande à Agamemnon de relâcher sa captive. Sous la pression des autres rois, le souverain accepte mais prend en échange Briséis à Achille, ce qui le met dans une colère folle. Il implore sa mère, la déesse Thétis, de demander aux Dieux de causer la perte des Grecs, pour laver son outrage, et s'en va bouder sous sa tente pendant quinze chants. On retiendra également que ce n'est donc pas en essayant de "sauver" Briséis des bras d'Achille que Pâris tuera le redoutable guerrier en lui décochant une flèche au talon.

L'affrontement entre Pâris et Ménélas

Un tel affrontement a bien lieu au cours du chant 3 de l'Iliade, sur l'initiative de Pâris. Si Ménélas le blesse et se trouve en position de le tuer, ce n'est pas Hector qui intervient en la faveur de son frère, mais sa protectrice Aphrodite, qui l'arrache à la vision de Ménélas et l'emmène dans ses quartiers, dans le palais du Roi Priam, auprès d'Hélène. Ménélas n'est donc pas transpercé par Hector et rentrera saint et sauf à Sparte à la fin de la Guerre. Dans le poème d'Homère, il n'est d'ailleurs pas aussi belliqueux et revanchard que le montre Troie.

La mort de Patrocle

Dans l'Iliade, Patrocle n'est pas le cousin d'Achille mais son fidèle compagnon. C'est Achille qui lui remet sa cuirasse magique et ses armes, en le priant de ne pas s'éloigner du campement grec. C'est en lui désobéissant, en s'approchant trop près des remparts de Troie, que Patrocle se fera tuer par Hector.

La mort d'Hector

Chez Homère, c'est Hector qui attend Achille en bas de ses murs, sachant que le Péléide viendra à lui pour un affrontement final. A son approche, Hector prend la fuite mais, après une intervention d'Athéna, déguisée, il décide de lui faire face. Achille le tue sous les yeux des Troyens et traîne son cadavre jusqu'aux campements grecs. Durant les douze jours des honneurs funestes faits à Patrocle, Achille traîne le corps d'Hector autour du tombeau de Patrocle, jusqu'à ce que Zeus, par l'intermédiaire de sa mère Thétis, n'intervienne, lui ordonnant de rendre le corps à Priam, venu l'implorer afin que son fils connaisse des funérailles honorables.

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