Eric Bana

Eric Bana
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Acteur
Australie

L’Australie est vraiment un nid à bad boys. Avant Eric Bana, Hugh Jackman, avant lui, Russell Crowe. Et avant lui, Mel Gibson. Quatre tronches, quatre présences imposantes, mais qui ont toutes la particularité d’entretenir une vraie vulnérabilité sous la lourde carapace du bagarreur. Bana, que l’on redécouvre aujourd’hui dans Munich, rentre parfaitement dans ce moule. Après plusieurs années de télé australienne, le voilà qui explose depuis cinq ans sur la scène internationale avec son subtil mélange d’épaisseur et de sensibilité.

ERIC

Mais avant d’être Hector ou Hulk, Bana, c’est d’abord Eric. Né en 1968 à Melbourne, Eric Banadinovich (c’est son vrai nom) commence sa carrière en traînant son mètre 91 sur des scènes de stand-up. Difficile à croire, mais comme en témoigne la photo ci-contre, Bana a bien eu une première vie, passée totalement inaperçue en Europe ou aux USA. En Australie par contre, il se fait assez rapidement remarquer et rejoint en 1993 la distribution de Full Frontal, une série télé à base de sketches qui durera quatre ans et lui servira à lancer sa carrière. C’est là qu’il crée le personnage qui fait sa célébrité, Poidan, le bogan australien typique (l’équivalent du plouc white trash américain). Il se retrouve en tête d’affiche de sa propre émission en 1997, Eric, où il écrit et interprète des dizaines de personnages sous toutes formes d’accoutrements. Après un bref Eric Bana Show Live, il disparaît des écrans avant de réapparaître sous une toute autre forme trois ans plus tard dans Chopper, le film qui fera sa renommée à l’étranger. Là, il endosse le rôle (et les kilos) de l’authentique gangster Mark Brandon Chopper Read, un malfrat aux rêves de grandeur qui n’aura jamais su échapper à l’échec. C’est Read lui-même qui aurait suggéré Bana pour le rôle après l’avoir vu dans Full Frontal, et Read ne s’y est pas trompé, tant l’acteur livre une performance sous tension.

HECTOR

De là, les portes d’Hollywood s’ouvrent instantanément à lui et Bana rejoint le gigantesque cast de La Chute du Faucon noir de Ridley Scott où, même s’il n’est qu’un rôle parmi d’autres, il commence à imposer son style particulier à mi-chemin entre calme et intensité. Son Sergent Delta Hoot Gibson, une bête de guerre taciturne, reste l'un des personnages mémorables du film. Tout Bana est déjà là dans cette manière de faire cohabiter une violence contenue avec une sagesse silencieuse; c’est sans aucun doute cette particularité-là qui le fait instantanément se distinguer. Et lorsque Ang Lee fait appel à lui pour tenir le rôle-titre de son Hulk, le choix est clair et évident. D’un côté Bruce Banner, le timide scientifique encore amoureux de son ex Betty, de l’autre le monstre vert déchaîné. L’approche sérieuse et exigeante de Ang Lee, qui aura coûté au film son succès, se marie parfaitement au style de jeu de Bana. Même si le film est encore détesté par beaucoup, il reste pour certains l'une des adaptations de comics les plus originales et les plus sensibles. Bana ne va pas rater son troisième rendez-vous avec le grand public: ce sera le Troie de Wolfgang Petersen, où il campe, vous l’aurez deviné, un héros brutal mais réfléchi. Face à la masse de violence d'Achille (Brad Pitt), Bana compose un Hector tout aussi agressif, mais plus mesuré et sage, dans un film beaucoup plus subtil que l’on aurait pu penser. Le film entier est porté par cette performance sobre et charismatique et, encore une fois, si Troie n’est pas reçu de manière dithyrambique, tous s’accordent à applaudir Bana.

AVNER

Steven Spielberg a déclaré avoir choisi Eric Bana pour le rôle principal de Munich après l’avoir vu dans Hulk. Belle revanche pour ce film déjà un peu oublié. Le nouvel opus de Spielberg, lui, restera plus longtemps dans les mémoires, et le rôle de Bana lui donne encore une plus grande crédibilité après une poignée de blockbusters. L’ancien comique y tient le rôle central d'Avner, un ancien garde du corps de Golda Meir devenu un agent du Mossad quasi-improvisé. Responsable d’une équipe chargée d’éliminer les responsables de Septembre Noir à travers l’Europe, Avner se met peu à peu à douter de sa mission. Bana porte le film pendant 2h40 et compose dans les dernières minutes un personnage hanté absolument saisissant. Dommage que Munich, et par la même occasion la performance d’Eric Bana, soient passés quelque peu inaperçus dans les diverses cérémonies précédant les Oscars. Mais Bana n’en restera pas là. On va le retrouver dès le mois d’avril dans Lucky You du talentueux mais modeste Curtis Hanson, où il interprète un joueur de poker hanté par ses vieux démons. Et plus tard dans Romulus, My Father de Richard Roxburgh, un drame familial, preuve en est que Bana semble avoir tourné pour le moment la page des blockbusters, et qu’il semble bien décidé à nous surprendre. A quand Eric, le film?

par Yannick Vély

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