Monde de Nemo (Le)

Monde de Nemo (Le)
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Monde de Nemo (Le)
Finding Nemo
États-Unis, 2003
De Andrew Stanton, Lee Unkrich
Scénario : Bob Peterson, David Reynolds, Andrew Stanton
Avec : Eric Bana, Albert Brooks, Willem Dafoe, Ellen DeGeneres, Brad Garrett, Alexander Gould, Geoffrey Rush
Photo : Sharon Calahan, Jeremy Lasky
Musique : Thomas Newman
Durée : 1h40
Sortie : 26/11/2003
Note FilmDeCulte : ******
  • Monde de Nemo (Le)
  • Monde de Nemo (Le)
  • Monde de Nemo (Le)
  • Monde de Nemo (Le)
  • Monde de Nemo (Le)
  • Monde de Nemo (Le)
  • Monde de Nemo (Le)
  • Monde de Nemo (Le)

Petit poisson-clown intrépide, Nemo s’aventure au-delà des coraux autorisés pour impressionner ses camarades. A peine a t-il prouvé sa vaillance qu’il tombe dans les filets d’un bipède inconnu. Aidé de la truculente Dory, son père Marin part aussitôt à sa recherche.

Trailer Le monde de némoenvoyé par Net-Infosnews

CLOWN BLANC

Le génie de Pixar ne se résume pas à ses seuls prix d’excellence. L’incroyable vélocité des maîtres d’œuvre du Monde de Nemo ne saurait bâillonner les frémissements du cœur ni estomper la douceur tamisée des jeux d’eau. Constellée de créatures arc-en-ciel et de méduses électriques, la "grande bleue" d’Andrew Stanton et Lee Unkrich est un paradis fragile d’une beauté singulière, une toile de fond pétillante, grouillant de chaleur et d’entrain. Le ventre chatouillé par des algues serpentins, deux petits poissons-clowns empruntent des carrefours de truites rubanées et de pieuvres écarlates. Tour de force esthétique grignotant le panthéon des Toy Story, Le Monde de Nemo sublime ses accents tragiques par des pointillés rêveurs et une insondable tristesse. A partir d’un canevas enfantin, Stanton et ses comparses déchaînent leur bonne humeur contagieuse, en préservant leurs personnages de la simple pantomime. Le film tresse délicatement deux intrigues parallèles – un Vingt Mille Lieues sous les mers haletant et une Grande Evasion par l’évier désopilante –, sans perdre de vue l’essentiel: l’indéfectible amour que Marin voue à son fils unique, Nemo. Et c’est ce même amour tumultueux qui submerge peu à peu le film d’une inquiétude fiévreuse. Un battement de nageoire suffit à faire chavirer le cœur d’un père anxieux et maladivement possessif.

LA CICATRICE

Dory se débat contre une mémoire titubante. Marin vit sur le souvenir asphyxiant d’une disparition. L’imaginaire de Pixar est peuplé de ces parias irrésistibles, contraints à l’exil ou à l’oubli. La solitude, la hantise de l’abandon imposent une tonalité chagrine dès les premiers courts métrages: du monocycle à vendre de Red’s Dream au vrai-faux partenaire d’échecs de Geri’s Game. Sullivan craint que sa petite protégée ne se souvienne plus de lui (Monstres & Cie). Jessie se réveille au milieu de nulle part, en plein désert affectif (Toy Story 2). Traumatisés par la décomposition et le rejet de l’enfant, les jouets de Toy Story meurent de ne plus être aimés, ressuscitent par la magie d’une main attentionnée. La candeur du graphisme laisse entrevoir au fil des rebondissements les accrocs du passé. Les figurines en plastique se relevaient de leurs égratignures, les employés de Monstres & Cie dissimulaient leur vrai visage. Dans les failles sous-marines et les eaux phosphorescentes, le deuil et les cicatrices ravivent des épisodes âpres. L’infirmité de Nemo, les écorchures de Gill et de Dory froissent la perfection des traits numériques. Elles infusent aux personnages une dimension humaine d’une affolante authenticité. Le Monde de Nemo ne parle que de poissons ordinaires, mais des poissons aux états d’âme étrangement familiers.

MON PERE, CE HEROS

Rempart contre la décrépitude et la morosité, la famille proche ou lointaine occupe une fonction décisive. Chez Stanton et Unkrich, elle est au sein de toutes les querelles: famille monoparentale (Marin et Nemo), famille nombreuse (la migration des tortues), famille d’adoption (les esseulés de l’aquarium), association de carnivores anonymes… Le récit d’apprentissage installe une confiance mutuelle entre les différents protagonistes. La communauté de Sidney pouponne le nouveau captif, après avoir jaugé sa bravoure. Dory et Marin traversent une chaîne de méduses vénéneuses au péril de leurs écailles. La leçon de courage du Monde de Nemo réconcilie les échelles, accole l’infiniment grand à l’infiniment petit. Elle diffère peu des précédentes flâneries de Pixar. Les aventuriers font l’expérience de l’altérité en explorant des terres inconnues. Pour chacun, l’heure est au dépassement de soi et de sa condition (de jouet, de fourmi, de monstre ou de poisson). Le huis clos psychotique d’un côté, l’immensité prometteuse de l’autre: Le Monde de Nemo badine avec les genres, puise dans l’héritage disneyen (Bambi, Pinocchio, La Petite Sirène) avec un sens du rythme et de l’à-propos d’une virtuosité confondante. Œuvre de la plénitude, réinventant le mythe des poissons-clowns, Le Monde de Nemo restera comme l’une des plus vibrantes déclarations d’amour d’un père pour son enfant.

par Danielle Chou

En savoir plus

Les sentiers de la gloire

La nouvelle a suffisamment été relayée dans la presse pour ne pas passer inaperçue. Le Monde de Nemo est à ce jour le plus gros succès de Pixar, mais surtout la meilleure performance en salles jamais réalisée par un long métrage d’animation. Le précédent record était détenu par l’indétrônable Roi Lion de Roger Allers et Rob Minkoff. Avec plus de 335 millions de dollars de recettes au box-office américain, le dernier né des studios Pixar devrait connaître sans difficulté le même plébiscite à l’étranger. Les exploitants français trépignent déjà et prédisent pas moins de 10 millions de spectateurs dans nos contrées. L’incroyable odyssée des petits poissons-clowns ne devrait pas échapper à l’attention des votants lors de la prochaine cérémonie des Oscars.

Voix méconnues

Tour à tour animateur, character designer, scénariste et metteur en scène (1001 Pattes, co-réalisé avec John Lasseter), Andrew Stanton met également à profit ses talents de comédien doubleur. On lui doit la voix de Zurg l’ennemi farouche de Buzz l’éclair dans Toy Story 2, mais aussi les marmonnements comiques de Crush la tortue, incarnation de la coolitude dans Le Monde de Nemo. Co-scénariste et animateur récurrent, Bob Peterson a prêté sa voix à Monsieur Raie, la limace Roz dans Monstres & Cie et Geri dans le court métrage éponyme. Storyboarder et scénariste, Joe Ranft s’est quant à lui illustré en Jacques le homard, mais aussi en Heimlich, la chenille joufflue de 1001 Pattes, et Siffly le pingouin crooner dans Toy Story 2.

Quelques liens :

Commentaires

Partenaires