Le Premier Jour du reste de ta vie

Le Premier Jour du reste de ta vie
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Premier Jour du reste de ta vie (Le)
France, 2008
De Rémi Bezançon
Scénario : Rémi Bezançon
Avec : Zabou Breitman, Deborah François, Jacques Gamblin, Marc-André Grondin, Pio Marmaï
Photo : Antoine Monod
Musique : -- Sinclair
Durée : 1h54
Sortie : 23/07/2008
Note FilmDeCulte : *****-
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Cinq jours décisifs dans la vie d'une famille de cinq personnes, cinq jours plus importants que d'autres où plus rien ne sera jamais pareil le lendemain.

RÉMI AVEC FAMILLE

Il n’y a peut-être aucun autre pays que la France où l’opportunité de réussir à réaliser un premier long métrage est aussi fréquente. Malheureusement, en dépit de tous ces débuts, peu de cinéastes en herbe parviennent à monter un deuxième projet. En 2005, le public français avait la chance de pouvoir découvrir un nouveau talent avec Ma vie en l’air. Chance qu’une grande partie des spectateurs a décidé de bouder. Cependant, malgré cette déconvenue, Rémi Bezançon revient avec un second essai qui témoigne une fois de plus de son style, déjà prometteur il y a trois ans, et développe les thématiques abordées auparavant. Si son précédent effort s’inscrivait dans le genre en vogue du film de « trentenaire célibataire », le metteur en scène relève à présent la tâche de ne plus raconter le parcours d’un seul homme mais celui de toute une famille, du fils aîné au père en passant par l’autre fils, la fille et la mère (dans cet ordre). On y retrouve les mêmes obsessions qui occupaient Bezançon sur sa première œuvre : la maturation, notamment par l’acceptation de ce que nos figures paternelles ont à nous transmettre, qu’il s’agisse de musique et de « air guitar » ou bien de vin, par le biais des relations sentimentales, les premières aventures décevantes, etc. S'aventurant habilement sur le fil de la comédie dramatique tout en cherchant à être quelque peu exhaustif quant aux portraits de ses différents personnages, le film traite ainsi d’un peu de tout avec le lot de stéréotypes autour de la famille auxquels on peut s'attendre (l'ado rebelle, le fils et le père en froid, le dilettante, le couple qui dépérit, etc.) mais parvient toujours à sonner juste. Voilà la formule de Rémi Bezançon.

STRANGE DAYS

A l’instar de Ma vie en l’air, son nouvel opus ne se révèle pas foncièrement novateur mais chaque personnage ou situation y est cerné avec justesse. Déjà dans son précédent, lorsqu'il nous montrait Vincent Elbaz tomber amoureux d’Elsa Kikoïne dans une scène qui la voyait chanter Ford Mustang, on tombait comme amoureux d'elle en même temps. Il saisissait cet instant à la perfection et cette qualité se retrouve également dans son deuxième long où ce genre de moments-clés sont légion vu le nombre de protagonistes. De plus, l’auteur apporte une certaine fraîcheur dans le traitement en truffant le film de ses références, des Sept Mercenaires à Angus Young en passant par RanXerox, se faisant le témoin d’une génération au même titre que ces téléphones évoluant tout au travers du film. Au-delà des clichés, il y a donc une volonté d’universalité, de toucher un large public, sans pour autant perdre son identité propre, tant dans le fond que dans la forme. Pour son premier long, Bezançon transmettait à son alter-ego dans le film sa collection de Strange et c’est à se demander si cet amour pour la bande-dessinée n'a pas influencé le cinéaste dans la composition de certains de ses cadres de manière très similaire, en plans parallèles au sol, épousant les lignes dans le champ, se permettant une légère emphase par un discret travelling avant, laissant peu de place à un filmage à l'épaule. Ajoutez à cela une photographie très soignée, sans grain aucun, et l’iconographie de cet ouvrage intervient comme réminiscence de la BD. Le réalisateur y fait preuve de quelques intéressantes idées de mise en scène pour illustrer le point de vue de ses personnages, comme lors d’un dépucelage ou pour ce fantôme qui hante la maison familiale.

CETTE DÉCISION, C’EST LA VÔTRE

Certains spectateurs se découvriront peut-être réfractaires à la mécanique du Premier Jour du reste de ta vie, en cinq temps, avec ses chapitres, ses flashbacks, son côté fourre-tout et « grand film sur la vie et la famille et le temps qui passe » mais il ne tombe jamais dans le piège du film choral. C'est le film qui va parler sérieusement de vin le temps d’une séquence avant d’enchaîner avec un gag génial sur du sperme (un ressort humoristique récurrent chez Bezançon ?) tout en restant très premier degré tout le long, d'où la bande-annonce et ses répliques qui parurent maladroites aux oreilles d’une partie du public. Ne vous y fiez pas. Ne vous fiez pas à la bande-annonce qui représente peut-être un peu trop grossièrement le genre du film. Ne vous arrêtez pas au slogan trop assuré de l’affiche (« Cette famille, c'est la vôtre »). Passez outre la manière dont est promu le film pour donner sa chance à une œuvre souvent drôle, touchante et par moments émouvante. La petite famille composée par Rémi Bezançon, les frères Altmayer et Mandarin Films vous ont concocté un charmant petit film sur une autre famille, celle de Jacques Gamblin, Zabou Breitman, Deborah François mais surtout Marc-André Grondin, qui confirme tout le bien qu’on pensait de lui depuis C.R.A.Z.Y. et la révélation Pio Marmaï, promis à un bel avenir. Et espérons que Le Premier Jour du reste de ta vie saura trouver son public et garantir à son auteur encore nombre de beaux jours.

par Robert Hospyan

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