PIFFF : The Mermaid

PIFFF : The Mermaid
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Mermaid (The)
Mei ren yu
Chine, République populaire de, 2016
De Stephen Chow
Scénario : Stephen Chow
Durée : 1h34
Note FilmDeCulte : *****-
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Shan, une jolie sirène, est sommée par les siens d’assassiner Xuan, un promoteur immobilier dont le travail menace l’écosystème. Problème : la belle tombe amoureuse de cet homme qu’elle devait empêcher de nuire...

CERTAINS L'AIMENT CHOW

Attention, soyez prévenus, ce film est un enchantement et malheureusement, vous n'aurez que très peu de chance d'en profiter au cinéma. Un ou deux passages en festivals puis rendez-vous direct en case DVD/Blu-ray... Et encore, dans le meilleur des cas. Car rappelons que le précédent et meilleur film de Stephen Chow, Journey to The West: Conquering The Demons, datant de 2013, reste encore honteusement inédit chez nous et ceci malgré, comme à l'accoutumée, un carton historique en Chine. Stephen Chow... Ça fait un moment que le gars est un peu sorti des radars du cinéma occidental, plus exactement depuis l'échec à l'international de son CJ7 et la débandade Dragonball Evolution (sur lequel il officiait en tant que producteur, et qui devait pour sûr lui ouvrir toutes grandes les portes d'Hollywood...). Pourtant, le bonhomme reste l'enfant chéri de l'industrie cinématographique de l'empire du milieu, affolant le compteur des entrées à chacun de ses films, seul digne héritier de la générosité filmique de Tsui Hark (qui fait d'ailleurs ici un caméo bienvenu), à l'époque mythique de la Filmworkshop. Mais Chow reste aussi un des derniers activistes de la "Mo Lei Tau" comedy : la comédie nonsensique, un genre très prisé depuis des lustres par les locaux et bien difficilement exportable de par chez nous. L'exemple de Shaolin Soccer est ainsi éloquent : si vous n'avez vu que le montage international, vous ne l'avez tout simplement pas vu... Il est clair que le scenario de The Mermaid ne déborde pas d'originalité, mais chaque facette en est tellement poussé à son paroxysme qu'il apparait finalement riche. Naïf mais jamais simpliste, Stephen Chow croit en l'outil cinéma, propose plus d'idée en 5 plans qu'en 5 mois de cinoche américain et ceci malgré de effets spéciaux que l'on avait jamais vu aussi (volontairement) visible depuis Les Larmes de Tigre Noir . Cette carte postale en 3d est aussi boostée par un casting des plus épatants. On reste coi devant la performance de Jelly Lin (Shaolin Girl). Toujours à deux doigts du ridicule, elle tient tout l'édifice et vous embarque pour 1h30 de grand huit où son simple regard crédule rend tout possible. Dans le rôle du salopard que l'amour va transformer, Deng Chao est parfait. Habituez-vous à sa gueule, ce mec est la futur du cinéma chinois. L'auteur de Crazy Kung-Fu soigne également comme toujours ses seconds rôles et la faune qu'on y croise y est jubilatoire. On retiendra Brother 8, un homme-pieuvre déjanté interprété par Show Luo, star de la pop taïwanaise ainsi que la méchante de l'histoire Ruolan. Tous contribuent à l'éclatante réussite de la dernière folie de Stephen Chow, qui du coup laisse tranquillement ses multiples références s’accoquiner avec son style hors-norme. Le Tsui Hark de Green Snake et The Lovers, Spielberg bien sûr mais aussi Ed Wood. Et à la fin de son récit, il parvient même à nous étonner en déployant une cruauté beaucoup plus offensive qu’à l’accoutumée et qu’on ne lui connaissait pas, lui permettant de donner un impact certain au message écolo de son récit, qu’on avait eu tort d’avoir remisé au second plan. Réussi à tout niveau, ce conte de fée moderne et absurde est un coup de cœur de cette fin d’année, de ces films sans cesse en équilibre, mais qui finissent par emporter toute adhésion sur leur passage. Fragile et rare.

Clément Gerardo

par Palpix

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