MR-73

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MR 73
France, 2008
De Olivier Marchal
Scénario : Olivier Marchal
Avec : Daniel Auteuil, Olivia Bonamy, Gérald Laroche, Guy Lecluyse, Catherine Marchal, Philippe Nahon, Francis Renaud
Photo : Denis Rouden
Musique : Bruno Coulais
Durée : 2h04
Sortie : 12/03/2008
Note FilmDeCulte : ****--
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Un tueur en série ensanglante Marseille. Louis Schneider, flic au SRPJ, mène l'enquête malgré l'alcool et les fantômes de son passé. Le passé resurgit aussi pour Justine. 25 ans plus tôt, ses parents ont été sauvagement assassinés par Charles Subra. Schneider l'avait alors arrêté. Mais aujourd'hui, par le jeu des remises de peine et pour bonne conduite, Subra sort de prison. Cette libération anticipée va alors réunir Schneider et Justine, deux êtres qui tentent de survivre au drame de leur vie.

66/68 LA CANEBIERE

« Avec 36, Quai des orfèvres je voulais surprendre; avec MR 73, je ne voulais pas décevoir ». C’est avec ces termes simples mais ô combien ambitieux qu’Olivier Marchal nous présente son troisième film. Et même si le pari était risqué (réitérer les qualités de 36 et essayer d’au moins égaler son score de plus de 2 millions d'entrées françaises), le talent et la pugnacité de l’ancien flic devenu réalisateur, scénariste et comédien montre à quel point il est l’homme qui veut ressusciter le polar dans l’Hexagone. Nanti d’une réputation sans cesse grandissante, MR 73 est vite devenu l’un des, si ce n’est LE film français le plus attendu de cette année 2008 et pour cause, dès l’annonce de la mise en chantier du projet, Marchal a cité le fameux "Dans la nuit véritablement noire de l'âme, il est toujours, jour après jour, trois heures du matin" de Francis Scott Fitzgerald (La Fêlure) comme ligne de conduite de l’intrigue. Et le réalisateur de venir appuyer sa présentation et la justification de son film, comme pour anticiper les commentaires, par un « Il ne faut pas voir MR 73 comme une suite à 36 Quai des Orfèvres, mais peut-être envisager ce film comme le troisième volet d'un triptyque qui a débuté avec Gangsters, un triptyque qui aurait pour thèmes la solitude, la désespérance et l'errance. Au travers de ces trois films, j'ai voulu rendre hommage aux flics que j'ai connus. Des flics abandonnés par les leurs, trahis par les instances supérieures et rongés par un métier qu'ils mettent au-dessus de tout. Au-delà de l'intrigue policière, je souhaitais réaliser un film sur la rédemption et l'oubli comme condition de notre existence ». Alors, audace payante ou prétention démesurée?

PAINT IT BLACK

Si non seulement Marchal réussit encore une fois son pari, il pose surtout son film là où concrètement, on ne l'attendait pas si prononcé. Car au lieu de livrer un nouveau polar percutant avec une enquête alambiquée comme cœur d'intrigue, c'est un drame humain que le réalisateur est venu nous conter. Un drame composé d'histoires vraies glanées dans ses propres expériences et celles de ses collègues, un drame sur l'expiation et le pardon, un film presque fataliste où un homme, depuis trop longtemps passé de l'autre côté du miroir, côtoie le sordide d'une existence sans avenir. Ici, ce n'est donc pas les différentes intrigues qui priment mais ce qui régit la vie et la peau d’un flic qui a trop vécu, son dernier chemin de croix, sa descente aux enfers, son douloureux cri d'amour que les fantômes d'un passé trop chargé vont réveiller. Vous voilà alors prévenu. Pas que les enquêtes qui se chevauchent ne servent à rien, bien au contraire même puisqu'elle posent les bases d'une intrigue personnelle et nécessaire à la compréhension du monde de Schneider, fait d'histoires de flic, de règlement intérieur et de lois internes. Mais elles ne sont pas l'enjeu principal, ni le nerf de la guerre de cette fiction (ce qui, pour certains, pourra devenir son principal défaut) et distillent malheureusement quelques longueurs dommageables. Ainsi, au travers d'un dédale de lieux et de rues crasseuses, très loin du parfait guide touristique de la cité phocéenne, à la mémoire remplie d’histoires, Marchal promène son anti-héros et toute une galerie de rôles construits pour approfondir la grande dimension de son personnage principal, à la recherche d'une rédemption, d'un point salutaire, d'un dernier règlement de comptes avec lui-même et une histoire dont les cicatrices n'ont jamais cautérisé et se rouvrent de manière presque béante.

I HURT MYSELF TODAY

On a souvent vu la maxime "le meilleur comédien de se génération" être utilisée, et usée, à tort et à travers lorsqu'un acteur se fend d'une bonne interprétation dans un rôle censé être difficile. Mais si l'on devait redéfinir cette citation, il y a fort à parier que le jeu de Daniel Auteuil dans ce MR 73 repousserait les frontières de la sentence et fasse jurisprudence quant à son utilisation. Car rarement une prestation d'alcoolique au fond du trou n'aura sonné aussi juste et profonde. Flic d’une autre époque, shérif vieillissant face aux cow-boys des temps modernes, zombie en quête d’un dernier instant de vie, lunettes fumées aux couleurs whisky vissées devant le regard pour mieux se cacher de ses démons et ne plus affronter la vie en face, Auteuil fait corps avec Schneider, devenant cette épave prête à s’échouer dans un dernier voyage sous forme de chant du cygne. La bouteille sans cesse à portée de main, sa dernière quête sera aussi sa plus grande libération, une sorte de saut de foi où il doit régler ses comptes avec la vie pour affronter sa fin. Avec ce rôle, Auteuil est en train de terminer l'esquisse du duo parfait qu’il compose avec Marchal (la comparaison avec le tandem Scorsese/De Niro ne serait pas faussée) et se met définitivement en route pour les prochains César, non pas pour une sélection qui serait amplement méritée, mais tout simplement pour une victoire qui lui serait logiquement due. Et si cette future cérémonie devrait aussi apporter sa nomination à Denis Rouden pour son exceptionnelle photo délavée qui donne au film - dont le scénario qui pourrait être issu de la grande époque du noir et blanc - un ton quasi intemporel, le film entier devrait logiquement être en lice pour la couronne ultime. Et ça ne serait que justice devant tant de talents réunis à l'unisson avec pour seul objectif de faire le meilleur métrage possible sous la baguette du chef d'orchestre Olivier Marchal. C'est tout le malheur qu'on lui souhaite. Ça et un succès public qui serait tout autant mérité.

par Christophe Chenallet

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