36, Quai des Orfevres

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Léo Vrinks, patron de la BRI, et Denis Klein, patron de la BRB, sont tous les deux en lice pour remplacer le directeur de la PJ à son poste de "grand patron" du 36, Quai des Orfèvres. Pour cela, ils devront faire tomber un gang de braqueurs de fourgons qui opère depuis trop longtemps dans le secteur parisien. La lutte est alors ouverte entre ces deux flics, anciens amis, qu’aujourd’hui tout sépare: leurs vies, leurs méthodes, leurs équipes.

LE 36, SA VIE, SON ŒUVRE

36. Un chiffre qui résume à lui seul le lieu et l’histoire du métier le plus utilisé du cinéma. Traitée à toutes les sauces, du plus gros polar violent à la comédie potache et pas forcément intelligente, la police n’a eu de cesse de remplir différentes missions et d’enquêter à tout va sur les crimes et délits en tous genres. 36, Quai des Orfèvres s’inscrit dans ce nouveau genre, ou plutôt dans cet héritage français, qui amorce le retour incertain de ce type de polar noir depuis quelques années, avec des films comme Le Convoyeur, Scènes de crimes, L627 ou encore Le Cousin. Des films justes et renseignés, où les héros ne sont pas beaux, bronzés et à l’épreuve des balles. Non. Ce sont juste ces hommes, pas forcément braves et intrépides, qui se dévouent corps et âme pour un métier fait d’utopie de lois et de justice, mais à la réalité bien plus dure. Ces flics des rues qui ne sont finalement que des hommes simples, avec souvent une psychologie faillible. Puis il y a les services. Ces différents bureaux à la tâche bien précise qui peuvent pourtant se retrouver sur les plates-bandes des confrères et entretenir cette fameuse rivalité qui cependant les relie tous au même but. Et là où quotidiennement on nous assène des valeurs moralistes et courbées, les images un peu trop propres de la télé avec ces groupes de héros bien sous tous rapports dans des consommables prêts à digérer en prennent ici pour leur grade. Car au "36", chaque locataire possède sa propre histoire, et Marchal de s’inspirer de plusieurs d’entre elles, celles qu’il a fréquentées, aimées et haïes, pour bâtir et argumenter cette aventure sombre, froide et violente, pour ce duo d’acteurs si unique.

UN 36 SUR SON 31

Voilà presque vingt ans - depuis Jean de Florette - que l’on attendait ce fameux film pouvant regrouper de nouveau ce duo d’acteurs immenses qui composent ici ces deux flics en meilleurs frères ennemis. Vingt ans pour voir naître les personnages de Léo Vrinks et Denis Klein, sorte d’autoportrait des deux acteurs. Vingt ans où Auteuil a su se distiller et affronter des rôles parfois atypiques, parfois simples, mais en s’essayant toujours sur des nouveaux genres, et où Depardieu s’est parfois un peu trop abandonné, malgré de nombreux rôles marquants, à sa volonté de consommation sans fin, presque carriériste, laissant parfois le goût un peu amer d’une perdition sans retour possible. Après les chemins terreux de la Provence, où leur rôle les poussait à développer une amitié franche malgré certaines arrières-pensées galvaudées, c’est sur le bitume parisien qu’Ugolin/Léo, en homme presque meurtri, et Jean/Denis, devenu trop conscient de son état, se retrouvent enfin, presque comme une filiation de leurs personnages, chacun sachant désormais ce qu’il en est et à qui il a affaire.

Et si une base s’était consolidée, une trop profonde crevasse a laissé son empreinte et menace l’écroulement sous peu. Vingt ans après, les deux acteurs nous reviennent habités par ces rôles si réalistes, puisque inspirés de personnages ayant existé, et nous composent fébrilement ces deux héros si particuliers. Dans ce dessein, ils sont épaulés par des acteurs tout aussi bien castés pour leur talent certain que pour cette petite galerie de gueules qu’ils composent. Gueules qui rendent parfaitement compte de la situation et qui savent narrer une histoire. D’Eddy Valence à Titi Brasseur, chaque personnage sait se montrer infaillible en apparence, tout en laissant apparaître cette fissure humaine capable de s’ouvrir à tout moment et qui constitue l’essence de leur travail d’équipe: leur chef. À partir du moment où ce dernier est brisé, c’est toute l’équipe qui s’écroule, comme le montre si bien la séquence où Auteuil se fait "embarquer" et que, comme dans une cour d’école, les élèves soutiennent leur chef injustement puni. Ces élèves trop "prisonniers" de leur institution, sachant désormais que sans la pierre fondatrice de leur mouvement, ils ne seront pas capables de ne pas rentrer dans le moule trop propre d’une école aux méthodes dépassées.

KEEP YOUR FRIENDS CLOSE, KEEP YOUR ENNEMIES CLOSER

Plus qu’un simple film policier, 36 est un polar à la française, un vrai. Et il suffit d’attendre le premier braquage, véritable scène choc, puis l’arrivée de la police et de ses différents inspecteurs, pour s’apercevoir que l’on fonce droit dans le genre, dur, noir, froid et violent, autant psychologique que physique. Ce genre qui a pour pièce maîtresse certains films de Melville, Série noire et Police Python 357 d’Alain Corneau, ou encore Garde à vue de Claude Miller. Dans la même veine que ces films qu’autrefois on se régalait à regarder, on assiste ici à une composition emballée dans une ambiance ordinaire et austère, avec des rôles sans bravoure outrancière, où la fulgurance des dialogues claque comme un coup de revolver. Cet "opéra tragique", comme le réalisateur l’entend lui-même, nous emmène vers ce côté obscur de l’homme face au choix impossible de la volonté de pouvoir contre la volonté de justice. Et Olivier Marchal ne se place pas en shérif du nouveau siècle. Non. Il ne fait que rendre compte d’un monde, le sien, celui qu’il a connu, rempli d’injustice alors qu’il prône l’impartialité et où il est nécessaire de s’affranchir de certaines choses pour mieux veiller à l’ordre.

Seulement, à trop vouloir bien faire, Marchal s’est peut-être lancé dans une entreprise un brin trop importante pour un second long métrage. Car si la mise en scène reste sobre, malgré des scènes d’action époustouflantes, et en adéquation totale avec l’histoire, on lorgne parfois un peu trop vers le cliché lorsqu’il faut rendre compte de l’état de solitude et de dépression d’un homme. Le montage se permet aussi quelques fois certains effets un peu trop stylisés (ralentis, transitions en flashes,…) qui dénaturent de courts instants toute la crédibilité du projet. Tout comme la musique, car à trop y croire, cette partition, pourtant magnifique, souligne un peu trop chaque événement et sonne finalement parfois trop pompière dans ces scènes intimistes ou révélatrices de profondes émotions. Et ce sont malheureusement ces défauts, jalonnés tout au long du film, qui empêchent finalement le métrage de sortir le grand jeu qu’il aurait largement mérité. Un sujet maîtrisé avec des interprètes aux petits oignons, mais une performance visuelle à soutenir pour pouvoir enfin détenir un spectacle noir et policier, nouveau maître étalon du genre. Gageons que Marchal, lors de sa prochaine mise en scène, saura anticiper ces quelques défauts et parviendra à imposer ce film que l’on attend de pied ferme.

par Christophe Chenallet

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