Daniel Auteuil

Daniel Auteuil
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Acteur
France

Il a fait l'idiot à la chapelle: quand il s'attelle à l'écriture, Daniel Auteuil imagine une récréation tendre sur l'enfance illustrée par Sempé. Quand il fourbit ses premières armes au cinéma, l'acteur ne décline aucune pitrerie et fait la joie des pochades délurées hexagonales. Des grimaces du sous-doué (Pour cent briques t'as plus rien) aux remontrances d'un Henri de Navarre (La Reine Margot), Auteuil s'est frayé un beau chemin, jovial, atypique, en restant fidèle à ses mentors d'hier. Le cinéma français lui vole bien des idiomes. Depuis vingt ans, sa fringale ne s'est pas démentie.

DERNIERS REMPARTS

Jeune premier, Daniel Auteuil l'a été à sa façon. Pas le bellâtre du premier rang, plutôt la mauvaise tête des rattrapages qu'aucun labeur n'effraie. Electricien à l'Elysée-Montmartre, livreur, faire-valoir, chausse-pied pour les plus beaux les plus forts que lui, le saltimbanque naît (presque) sur les planches. D'Alger, ses parents chanteurs lyriques migrent à Avignon. Le décor est planté: le Palais des Papes tapi dans l'ombre, la vocation sous les feux de la rampe. Le désir de jouer le téléporte directement à Paris, où il doit renoncer au Conservatoire pour s'en remettre au Cours Florent. Même s'il pose son barda sur les plateaux, il n'a jamais vraiment fait ses adieux à la scène. D'abord concentrées sur les années 70, ses pérégrinations théâtrales l'amènent de Tchekhov (La Demande en mariage) à Giraudoux (La Folle de Chaillot), puis de Molière (Les Fourberies de Scapin qu'il préfèrera à Van Gogh de Pialat) à Marivaux (La Double Inconstance) et Büchner (Woyzech). T'es un chic type, Charlie Brown de Clark Gesner et Jacques Lanzmann lui vaut le pedigree et les oreilles de Snoopy, et surtout l'attention de Yannick Bellon qui lui offre un rôle controversé dans L'Amour violé (1977). En 1979, le prix Gérard Philippe l'installe parmi les révélations de l'année. A ses débuts, Daniel Auteuil connaît déjà la ritournelle et tient régulièrement le haut de l'affiche au théâtre. Mais ce sont les pantalonnades et les rires gras qui font grimper sa côte d'amour au cinéma.

RIEN NE VA PLUS

Daniel Acteur, acteur comique. L'affaire est entendue, la première décennie (années 80) lui laisse peu de répit. L'homme s'égosille, mais la boulimie et la curiosité lui font accepter n'importe quelle excursion. Le palmarès ne décline que des spécialistes du genre: Jean-Marie Poiré (Les Hommes préfèrent les grosses), Gérard Lauzier (T'empêches tout le monde de dormir), Edouard Molinaro (Pour cent briques t'as plus rien), Charles Nemes (Les Héros n'ont pas froid aux oreilles) jusqu'à la consécration des Sous-doués de Claude Zidi, resté culte pour ses improbables gags de cul-de-jattes et de sucettes géantes. C'est d'ailleurs Gérard Pirès, futur chauffard de Taxi, qui le propulse à l'écran avec Attention les yeux. Un mois de tournage et déjà le sentiment diffus de ne pas être à sa place. Gouailleur, tête-à-claques, cupidon surhormoné, Auteuil se taille sur commande un joli costume d'arlequin mais bien étriqué pour ses ambitions avouées. La qualité des sucreries se ratatine et vire au traquenard. L'homme se verrait seul, là où il n'est que le mouton dispensable du groupe. Il préfère ainsi assumer les basses besognes d'une série B que la simple figuration dans un chef-d'oeuvre. Bon gré mal gré, ses pupilles ardentes, la courbe accidentée de son nez et ses mauvaises manières s'imposent à l'écran. Si la comédie continuera de lui jouer de jolis tours (le débonnaire Après vous ou le présentable Placard, où il picore l'héritage de Pierre Richard et retrouve Gérard Depardieu), Daniel Auteuil explose véritablement avec un tartufe, Ugolin.

TROP BELLE POUR TOI

Daniel Auteuil, gueule d'amour. Claude Berri réclamait Coluche, le jugeait trop beau et trop frêle pour tenir tête à son Jean de Florette, mais son obstination au casting finit par payer. Non seulement le film ravive la corde sensible, mais lui attire aussi les faveurs de la profession (César du meilleur acteur en 1986 ou l'aube d'une longue série de nominations; Le Huitième Jour lui vaut le prix d'interprétation à Cannes). Ses traits rompus, son élégance fragile, sa diction hachée ne l'ont pourtant pas écarté des joutes sentimentales et des identités ombrageuses. Contre toute attente, Auteuil sautille avec entrain d'un costume et d'une famille à l'autre. Reconnaissable entre mille, changeant à la moindre contrariété: la métamorphose furtive ne laisse pas indifférent. Claude Sautet lui apprend la réserve et le deuil silencieux, André Téchiné en fait un auxiliaire trouble aux côtés de Catherine Deneuve. Confortablement installé, Auteuil n'en fait qu'à sa tête, enfile le col fraisé pour l'impétueuse Reine Margot de Patrice Chéreau, brandit l'espadon pour l'onéreux Bossu de Philippe de Broca, retourne à la cotte de maille pour Rencontre avec le dragon de la timide Hélène Angel. A l'aise dans toutes les écoles, l'acteur chahute la hiérarchie et se faufile entre les pupitres, découvre sur le tard Michael Haneke et les frères Larrieu, après s'être exilé à Londres, en Italie et tenu dans ses bras les demoiselles les plus recherchées du bottin. Emmanuelle Béart, Isabelle Adjani, Juliette Binoche, Vanessa Paradis, Isabelle Huppert, Kristin Scott-Thomas, Emmanuelle Devos, Anna Mouglalis et Sabine Azéma... On le disait éternel crapaud; les mauvaises langues se sont bien fourvoyées.

par Danielle Chou

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2006 La Doublure 2005 Caché 2005 Peindre ou faire l'amour 2004 L'un reste... l'autre part 2004 36, Quai des Orfèvres 2004 Nos Amis les flics 2003 Après vous 2003 Rencontre avec le dragon 2003 Petites Coupures 2002 L'Adversaire 2001 Le Placard 2000 Sade 2000 La Veuve de Saint-Pierre 1999 Mauvaise Passe 1999 The Lost Son 1999 La Fille sur le pont 1997 Le Bossu 1997 Lucie Aubrac 1996 Les Voleurs 1996 Le Huitième Jour 1995 Une femme française 1994 La Séparation 1994 La Reine Margot 1993 Ma Saison préférée 1992 Un coeur en hiver 1991 Ma Vie est un enfer 1990 Lacenaire 1989 Romuald et Juliette 1998 Quelques jours avec moi 1986 Manon des sources 1986 Jean de Florette 1985 L'Amour en douce 1982 Que les gros salaires lèvent le doigt 1982 Pour cent briques t'as plus rien... 1982 T'empêches tout le monde de dormir 1982 Les Sous-doués en vacances 1981 Clara et les chics types 1980 Les Sous-doués 1978 Les Héros n'ont pas froid aux oreilles 1976 Attention les yeux

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