Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal

Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
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Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal
Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull
États-Unis, 2008
De Steven Spielberg
Scénario : David Koepp d'après une histoire de George Lucas et Jeff Nathanson
Avec : Karen Allen, Cate Blanchett, Jim Broadbent, Harrison Ford, Shia LaBeouf, Ray Winstone
Photo : Janusz Kaminski
Musique : John Williams
Durée : 2h03
Sortie : 21/05/2008
Note FilmDeCulte : *****-
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La nouvelle aventure d’Indiana Jones débute dans un désert du sud-ouest des États-Unis. Nous sommes en 1957, en pleine Guerre Froide ; Indy et son copain Mac ( Ray Winstone) viennent tout juste d'échapper à une bande d'agents soviétiques à la recherche d'une mystérieuse relique surgie du fond des temps.

***AVERTISSEMENT : CETTE CRITIQUE CONTIENT DE LÉGERS SPOILERS***

FONDU ENCHAÎNÉ

Comment entamer la critique d’un tel film ? Est-il nécessaire de rappeler l’anticipation avec laquelle les fans, voire même les spectateurs du monde entier, appréhendent la sortie inespérée de ce quatrième volet des aventures du plus célèbre des archéologues ? Et cette formule toute faite rend-elle justice à l’image indélébile d’Indiana Jones gravée dans les mémoires du public ? Cela fait maintenant un bout de temps que la licence créée par Steven Spielberg et George Lucas occupe une place particulière dans le cœur des gens. L’amour porté à la trilogie originale n’est peut-être pas comparable au phénomène Star Wars, mais les films n’en sont pas moins cultes pour une grande majorité. Autant dire que ce tardif dernier opus en date était attendu d’un pied plus que ferme et à la veille de la sortie, déjà craintif et davantage effrayé par les premiers échos négatifs, l’auditoire ne sait plus à quel saint se vouer. Se pourrait-il que le metteur en scène, pourtant sur une lancée assez formidable, ait commis l’irréparable en accouchant après 20 ans de grossesse d’un « cadeau pour les fans » finalement décevant ? Nombreuses sont les questions qui taraudent l’assemblée. Quelle est la place d’Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal au sein de la saga ? Quelle est la valeur ajoutée, la raison d’être véritable, de ce nouvel épisode ? Quelle part de personnalité Spielberg apporte-t-il à cette troisième suite ? En somme, à quoi ressemble un nouveau chapitre dans la vie d’un héros que l’on avait laissé, immortel, il y a deux décennies ?

THE RAIDERS MARCH

A l’issue de la projection, il faut être honnête : on comprend la déception de ce qui semble être la majorité de l’assistance. On pourra toujours trouver des excuses au film en invoquant l’inévitable biais dans l’appréciation du film dû aux nombreuses années de préambule durant lesquelles tout un chacun a eu le temps de s’imaginer un quatrième tome parfait. Aspirations qu’il était d’emblée impossible pour l’équipe d’atteindre. Néanmoins, il apparaît au vu du résultat final que l’exercice aurait pu être meilleur. Une ou deux révisions de plus auraient été nécessaires à David Koepp, dont c’est la quatrième collaboration avec Spielberg, pour livrer un scénario aussi carré que ceux auxquels il nous avaient habitués (Jurassic Park, La Guerre des mondes mais aussi Spider-Man). Appelé à la rescousse pour finaliser un script tirant ses idées de versions antérieures signées Jeb Stuart, Frank Darabont et Jeff Nathanson (Arrête-moi si tu peux, Le Terminal), Koepp est sans aucun doute le maillon faible de cette nouvelle entrée dans la franchise. Interviewé, il affirmait avoir essayé de trouver un équilibre dans le ton du film entre l’humour et l’action, similaire au premier, moins sombre que le deuxième et moins comique que le troisième. Au final, il compose un amalgame des trois assez convaincant. A ce titre, Spielberg a beau clamer sa volonté de retrouver son état d'esprit de l'époque et d'adopter une mise en scène identique à celle de la trilogie originale, à l’écran, la solution diffère des intentions. Il ne s’agit là aucunement d’un mal, au contraire. Le fait est que, même si le réalisateur et son directeur de la photographie, Janusz Kaminski - qu’il a guidé vers le travail de Douglas Slocombe (chef opérateur des trois premiers films) - citent l'esthétique d'antan, l'imagerie demeure changée. Et pour le mieux.

LE PENITENT EST HUMBLE, IL S’AGENOUILLE DEVANT DIEU

Evacuons d’emblée une donnée pour le moins évidente : la mise en scène est absolument fabuleuse. Il n’y a rien à redire. Certes, ce n'est pas le Spielberg de La Guerre des mondes, avec sa caméra à l'épaule, ses niveaux de lecture multiples, son iconographie influencée par le 11 septembre, etc. Pourtant, la forme du film n'en demeure pas moins surpuissante. Les scènes d'action ne perdent rien de leur force et tandis qu'une partie du public semble y voir un manque de tension, il faut juste admirer l'audace d'une forme qui ose les plans longs et larges, à l’ancienne, sans que cela ne paraisse jamais mou, ni dans la mise en scène, ni dans le montage. La poursuite dans la jungle, qui fait durer le plaisir, est tout bonnement hallucinante. C'est vraiment la poursuite en camion du premier film remise au goût du jour (avec ce que cela comprend d’effets spéciaux parfois malheureux). Et encore une fois, Spielberg sidère par sa compréhension du langage cinématographique et son talent à le parler, comme autrefois avec la scène de la caravane du Monde perdu ou la première attaque du tripode dans La Guerre des mondes. Et même quand il ne s'agit pas d'action, le film est d'une beauté tout simplement à tomber. Et l’on retrouve les jeux avec les ombres représentatifs de la saga, et la lumière de Kaminski avec ses liserés lumineux, son teint chromé mais non moins chaleureux ici. Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal est sans doute en deçà de ses prédécesseurs mais cette séquelle n'est pas, à l’instar du Monde perdu, simplement parcourue de quelques gros morceaux, c’est un film graphiquement parfait de bout en bout.

SPELL OF THE SKULL

En réalité, l’œuvre paraît la meilleure lorsqu'elle ne s’échine pas à trop vouloir faire « comme avant », ce qui est tout bonnement impossible, et se forge sa propre identité, tant formelle que thématique. Pour donner dans le cliché, on rappellera l’adage selon lequel un film s’écrit trois fois : au scénario, au tournage, et au montage. Nul doute qu’à chacune de ces étapes, les créateurs se sont efforcés de réitérer la formule ayant donné naissance aux précédents tomes, mais les vingt ans qui séparent Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal de la décennie dans laquelle s’inscrit la trilogie originale influent inéluctablement sur l’exercice et il en ressort un objet hybride très intéressant. Il aurait été inimaginable de concevoir une nouvelle escapade d’Indiana Jones sans aborder la question de l’âge mais, outre les implacables gags physiques de héros vieillissant, la vraie question posée par le film se porte davantage sur le décalage d’Indy, sa place dans ce nouveau monde, en 1957. Par exemple, en tant qu’artefact, le Crâne de cristal s’apparente davantage aux Pierres de Sankara, obscures reliques du folklore hindou au pouvoir assez vague, qu’à l’Arche d’Alliance ou au Saint Graal, icônes religieuses autrement plus évocatrices. Cependant, si ce McGuffin sert au sempiternel schéma « jonesien » de quête de pouvoir par les méchants - avec Indy en face qui ne cherche pas à acquérir le pouvoir pour lui mais à le préserver, par respect -, l’atout du récit est d'inscrire cette quête et cette lutte entre Russes et Américains dans une course à l'armement qui découle de l'invention de la bombe atomique.

DESTROYER OF WORLDS

A cet égard, l’habituelle « fin de la précédente aventure » qui fournit la longue introduction au film constitue le segment le plus thématiquement riche. Dès les premiers plans, c’est une toute autre époque que l’on nous présente, avant de sortir (presque littéralement !) du placard une figure du passé, usée, mais intimement liée à l'Histoire de son pays. Et très vite, on nous montre un protagoniste qui n’est plus juste vieillissant mais carrément dépassé, comme en témoigne cette séquence qui voit Jones errer mal à l’aise dans un décor qui n’est pas le sien. Dans un premier temps, l’instant est traité non sans humour mais soudain, la résolution de la saynète, concluant par là même l’ouverture du métrage dont elle donne le ton, intervient à point nommé pour faire de cette scène la plus parlante du film. En une image d’une beauté sans pareil et à la force visuelle mémorable, la situation est clairement exposée : la Seconde Guerre Mondiale est terminée, nous sommes en pleine Guerre Froide et Indiana Jones, avec sa panoplie d'aventurier au chapeau, n'a plus sa place dans un monde à l'âge du nucléaire. Son père et son fidèle ami et collègue Marcus ne sont plus là et dans les minutes qui suivent directement ce premier acte, le professeur Jones est même victime des pires méfaits du maccarthysme. Comment notre héros peut-il alors trouver à nouveau sa place dans le monde ? C’est là qu’interviennent les obsessions chères à l’auteur, achevant un cycle amorcé dans la série il y a maintenant 27 ans avec Les Aventuriers de l’Arche perdue, articulé autour du rapport à l’enfance et à la filiation.

A BOY’S LIFE

Adulte immature tel un enfant roi dans le premier film, il ne rendait de comptes à personne, pas même à Marion, plus une partenaire de jeu qu’une cible amoureuse. Dans le second, il lui fallait assumer la responsabilité découlant de cette famille de substitution composée par Willie et Demi-Lune. Dans le troisième, il règle ses différends paternels lorsque son père le reconnaît enfin comme une personne à part entière. Ici, il s’est quelque peu transformé en son père, autrement dit il n’est plus la personne la plus idoine aux péripéties dans la jungle, et se découvre d’ailleurs un fils qu’il lui faut reconnaître comme digne héritier tout comme il admettra ne jamais avoir su trouver une remplaçante satisfaisante à la mère de celui-ci, qui n’est nulle autre que Marion. Ainsi, sur une dernière récupération de chapeau, c’est à leurs côtés qu’Indy trouve sa place. C'est à en donner des frissons. Par ailleurs, les quelques clins d'œil auto-référentiels de ce genre sont très réussis, notamment dans tout ce qui tient de l'iconographie du personnage, à commencer par le chapeau. D’aucuns diront que ce dernier chapitre en date ne fait pas Indy à 100%. Ce qui est certain, c’est qu’il est à 100% Spielberg. Qu’il s’agisse d’une bagarre rappelant 1941 ou de gags qui ne dépareilleraient pas dans un Minority Report à l'humour si cartoonesque, l’empreinte de l’auteur est omniprésente. Jusque dans un dénouement qui, en plus de renvoyer à ses films passés, joue également dans le fond décrit plus haut concernant le héros archaïque, puisqu’il se retrouve non plus confronté à la manifestation de ses propres connaissances théologiques mais à une force littéralement hors de ce monde.

SAUCER MEN FROM MARS

Tout comme les autres films renvoyaient tour à tour aux serials ou aux westerns, ce nouvel animal évoque des films comme L'Equipée sauvage ou La Rivière rouge mais se dessine surtout en hommage aux films de science-fiction des années 50. Tout compte fait, cette incursion dans un autre genre se révèle plutôt logique lorsque l’on examine le parcours de Jones dans ce film. Il paraît cohérent de l’opposer à un phénomène radicalement nouveau là où lui est l’archéologue d’un autre temps, tout en bouclant joliment la boucle par un écho entre la fonction d’Indy et celle de ces personnages. Concernant les autres protagonistes, on se doit de parler des nouveaux méchants, les Russes, qui bénéficient du même traitement comic book que les nazis d’autrefois avec, à leur tête, Irina Spalko, réunissant en un l’archétype des fanatiques de l'artefact (Belloq/Donovan) et celui des militaires (Dietrich/Vogel), campée par une Cate Blanchett à la fois sexy et flippante. Mention honorable également au charismatique Igor Jijikine, qui interprète Dovchenko, le bras droit contre lequel se bat à plusieurs reprises Indiana Jones, introduit dans une scène déjà culte, typiquement spielbergienne. Pour ce qui est des sidekicks d’Indy, on retrouve un Shia LaBeouf très bien, une Karen Allen au sourire plein de souvenirs, un Ray Winstone tout en bonhommie et un John Hurt canalisant le professeur Tournesol à merveille. Cela dit, si ces comparses sont fort sympathiques, ils auraient mérité d’être un peu plus développés. Ce faisant, Hurt aurait été moins fonctionnel, Winstone plus utile, et la cellule familiale Jones/Mutt/Marion plus émouvante.

NOT AS EASY AS IT USED TO BE

Soyez-en averti, le film n’est pas parfait. Il est parfois trop bavard. Il esquisse des thèmes et des personnages qu’il aurait fallu approfondir. Cependant, ces thèmes sont pertinents et le film réserve quelques agréables surprises en dépit de son canevas classique. C'est un film pour ceux qui aiment les temples en ruines avec des squelettes à la bouche inhumainement grande ouverte. Et des cascades incroyables. Et des bestioles qui grouillent. Et des sarcasmes de vieux héros blasé. Et des chapeaux que l'on ramasse dans des moments toujours classes. Et un sourire là. Et un autre ici. Et un coup de poing. Et un grognement. Et un lacet qu'on refait. Et un peigne. Et un regard vers une photo. Etc. Très vite, différences et similitudes se mêleront dans un film que l’on aura tôt fait d’accepter comme un nouveau membre de la saga. Cela ne fait pas du film le chef-d'œuvre que l'on attendait mais étions-nous en droit de l'attendre ? Une chose est sûre, ça y est, le film existe. Il est sorti. Et il est ce qu'il est. Jugeons-le pour ce qu'il est et non ce qu'il aurait dû ou pu être selon les uns ou les autres. Longtemps on pourra chercher à savoir de quel épisode ce nouveau chapitre se rapproche le plus. On remarque un aspect old school qui rappelle Les Aventuriers de l’Arche perdue, une folie cartoonesque à la Indiana Jones et le Temple maudit, un jusqu'au boutisme du fantastique qui évoque la fin du premier, un humour et des aspects iconiques qui renvoient à Indiana Jones et la dernière croisade. Mais c'est vraiment un film différent, un film autre. C'est un Indiana Jones, c’est sûr. Mais c'est surtout Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal.

par Robert Hospyan

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