Forma

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Forma
Japon, 2014
De Ayumi Sakamoto
Scénario : Ayumi Sakamoto
Durée : 2h26
Note FilmDeCulte : *****-
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Ayako et Yukari étaient amies à l'école. Elles se retrouvent par hasard, dix ans plus tard, après s'être perdues de vue. Ayako propose à Yukari de l'embaucher dans son bureau. Leur relation va prendre une tournure inattendue...

UN POISON VIOLENT

Et si l'on tenait ici la principale révélation cinématographique japonaise depuis Katsuya Tomita ? Comme Tomita et son film-monde Saudade, Ayumi Sakamoto (lire notre entretien), née en 1981, prend son temps: Forma dure 2h25, et il faut avoir des choses à raconter pour tenir une telle distance pour un premier long métrage. Ça tombe bien, Sakamoto est aussi gonflée que son film. Ancienne collaboratrice de Shinya Tsukamoto, la réalisatrice ne s'exprime pas dans une veine violente comparable à celle de son illustre mentor. Sa violence à elle s'insinue bien différemment.

Cafétéria à moitié vide, librairie feutrée, sous-sols remplis de carton: l'histoire de Forma se déroule dans les endroits les plus silencieux qui soient. Sakamoto relate les retrouvailles fort polies de deux jeunes femmes qui étaient amies, adolescentes. L'une propose d'embaucher l'autre, comme un service. Les discussions sont cordiales, formelles. Et puis, pour minauder, on donne un premier coup de classeur sur la tête de l'employée étourdie. Le cadre de Forma est de ceux qu'on scrute, car on sent petit à petit que quelque chose est en train de bouillir - mais quoi ?

La caméra de Sakamoto reste toujours à distance. La tension naît de son dépouillement, de l'intensité narrative, de ces relations formelles, socialement corsetées, qui finissent par devenir louches. Le film culmine en un plan séquence de presque une demi heure (quand on vous disait que la réalisatrice était gonflée) durant lequel le vernis risque fort de craquer. Voilà une proposition extrêmement audacieuse, radicale et passionnante. Lauréate du prix Fipresci section Forum, Ayumi Sakamoto aurait sans problème pu briller comme elle le méritait dans la compétition de la Berlinale.

par Nicolas Bardot

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