A Girl Walks Home Alone at Night

A Girl Walks Home Alone at Night
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A Girl Walks Home Alone at Night
États-Unis, 2014
De Ana Lily Amirpour
Scénario : Ana Lily Amirpour
Durée : 1h39
Sortie : 14/01/2015
Note FilmDeCulte : *****-
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Dans la ville étrange de Bad City, lieu de tous les vices où suintent la mort et la solitude, les habitants n’imaginent pas qu’un vampire les surveille. Mais quand l’amour entre en jeu, la passion rouge sang éclate…

LA FILLE SEULE

Une fille rentre chez elle, seule la nuit. Le pitch, factuel, est dans le titre d’A Girl Walks Home Alone at Night, premier long métrage d’Ana Lily Amirpour. L’argument du long métrage est déjà beaucoup plus curieux : il s’agit d’un film de vampire… iranien. La fille en question porte un tchador mais a aussi des canines aiguisées. En quelques plans, Amirpour distille le mystère autour de cette silhouette noire qui erre dans la nuit, cette ombre expressionniste qui se dessine sur le blanc du trottoir. A Girl Walks Home Alone at Night est remarquable d’abord parce qu’il n’y a pas tant de premiers films qui font preuve d’un tel sens du mystère. On aura tôt fait de plaquer sur ce long métrage un discours politique sur l’Iran (comme certains le font sur la moindre séquence de film iranien où l’on verra un personnage se moucher ou ouvrir le robinet), Amirpour décrit plutôt son film comme le bébé iranien rock’n’roll de Sergio Leone et de David Lynch qui aurait eu Nosferatu comme babysitter. La jeune femme a le sens du mystère, elle a aussi le sens de la formule.

Comme les bons films de vampire, A Girl… laisse une large place à l’inconnu. Le film se déroule dans un no man’s land, une petite ville d’Iran comme un patelin de western (en réalité, A Girl… a été tourné dans une ville fantôme californienne). « Ces choses-là arrivent » nous assure t-on à la télévision. Le ciel gronde, la centrale électrique grésille, un charnier laisse un indice de contamination… ou de vampirisme. Amirpour réserve une large place à l’imaginaire et ne cadenasse jamais son film. C’est un film de vampire, oui, avec toutes les métaphores inhérentes au genre tout en ne suivant pas forcément ses règles. C’est un étrange film féministe où une jeune femme, dans une société déliquescente, surveille et se venge des mauvais hommes – ça pourrait être le sujet d’un drame iranien parfaitement réaliste. C’est une romance, dans laquelle une jeune femme seule contemple avec envie la pomme d’Adam d’un jeune homme – pas simplement parce qu’elle est un vampire, mais parce qu’il est séduisant et qu’elle a envie de le mordre. Et voilé dans une poésie macabre qui semble à première vue très sérieuse, le film parvient aussi à être drôle (notamment grâce à un magnifique chat qui mérite un prix d’interprétation). A Girl Walks Home Alone at Night réussit à être tout cela à la fois et, à partir d’un gimmick qui aurait rapidement pu tourner au film-idée (un vampire en tchador, point), Amirpour varie les registres comme une grande. Le prix de la révélation qu’elle a remporté à Deauville lui va comme un gant.

Ana Lily Amirpour est Américaine, mais d’origine iranienne. Son film est en persan, tourné aux États-Unis mais pourrait se dérouler dans des rues d’Iran. Et si leurs situations sont bien différentes, il y a quelque chose dans A Girl Walks Home Alone at Night qui rappelle ce qu’a accompli l’Iranien Vahid Vakilifar avec son ovni SF Taboor : du cinéma « iranien » très différent de celui qu’on voit d’habitude chez nous (celui de ces cinéastes qui kiarostamisent et farhadisent), une métaphore mais pas seulement, et l’utilisation du genre comme une porte grande ouverte vers un séduisant mystère.

par Nicolas Bardot

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