Dossier Festival de Cannes 2014

Dossier Festival de Cannes 2014

La sélection officielle du Festival de Cannes a été dévoilée ! Hormis quelques ajouts qui pourraient être effectués ces prochains jours, on connait la quasi-intégralité des films concourant pour la Palme d’or ainsi que la sélection Un Certain Regard. Gros plan détaillé sur les films sélectionnés...

  • Dossier Festival de Cannes 2014
  • Dossier Festival de Cannes 2014

NOUVEAUX REGARDS

Commençons par ausculter la sélection Un Certain Regard, assez appétissante. Vous avez envie de découvertes, de projets curieux et aventureux ? Sur le papier, la sélection semble tout à fait correspondre à ce désir. 5 premiers longs métrages figurent à Un Certain Regard. Le Français Party Girl, qui fera l’ouverture, raconte l’histoire d’une entraineuse dans un bar et est réalisé par Marie Amachoukeli et Claire Burger, super-stars du court métrage primées à Clermont-Ferrand et aux César, associées pour ce film à Samuel Theis. Titli de Kanu Behl semble s’inscrire dans la lignée des récents films de genre urbains venus d’Inde, et raconte l’histoire d’un jeune homme qui tente de s’affranchir de sa famille de gangsters. Lost River (connu jusqu’ici sous le titre How to Catch a Monster) du Canadien Ryan Gosling met en scène Christina Hendricks dans le rôle d’une mère qui découvre une rivière souterraine menant vers un monde sombre et secret. Autre pitch excitant, celui de A Girl at My Door dont nous vous parlions il y a 7 mois. Cette production de Lee Chang-Dong, réalisée par le Coréenne July Jung qui met en scène Bae Doo-Na et Kim Sae-Ron, raconte l’histoire d’une femme qui traverse une crise existentielle et tombe amoureuse sans se soucier du sexe ou de l'âge de ses partenaires. Enfin le Britannique Andrew Hulme, monteur pour Anton Corbijn, qui avec Snow in Paradise raconte la trajectoire violente c’un homme tourmenté par la religion.

Parmi les réalisateurs déjà un peu plus identifiés, citons notamment le retour du Chinois Wang Chao, sacré pour son beau Voiture de luxe, et qui dirige Jérémie Elkaïm dans Fantasia. Le brillant Suédois Ruben Östlund vient nous livrer l’avalanche spectaculaire qu’il nous a promise avec Tourist. L’Autrichienne Jessica Hausner (les étranges et fantomatiques Hotel et Lourdes) dirige cette fois un drame en costumes avec Amour fou, sur la liaison tragique entre Heinrich von Kleist et sa compagne Henriette Vogel. L’un des ovnis de l’année viendra peut-être du nouveau film encore sans titre de l’Argentin Lisandro Alonso, qui dirige Viggo Mortensen en père quittant le Danemark avec sa fille pour rejoindre un désert inconnu. L’Israélienne Keren Yedaya, Caméra d’or pour Mon trésor, présente Loin de son absence, un drame sur l'inceste. L’Italienne Asia Argento apportera peut-être un peu de rock’n’roll à la sélection avec L’Incomprise, sur une fillette qui rêve d’être aimée par ses parents (dont la mère est interprétée par Charlotte Gainsbourg). Enfin, parmi les noms connus, Wim Wenders dirige un documentaire sur le photographe brésilien Sebastião Salgado, co-réalisé avec le fils de celui-ci.

Côté français, outre Party Girl, signalons la présence de deux cinéastes qui auraient pu prétendre à la compétition : Pascale Ferran avec son intriguant Bird People et Mathieu Amalric avec son adaptation de Simenon, La Chambre bleue. Egalement sélectionnés : Eleanor Rigby de Ned Benson qui met en scène Isabelle Huppert, Jessica Chastain et James McAvoy dans la chronique d’un couple new-yorkais ; le Grec Panos Koutras (Strella) qui raconte le voyage de deux frères partant à la recherche de leur père ; l’Ivoirien Run de Philippe Lacôte sur la fuite d’un homme qui a assassiné un ministre ; Hermosa juventud de Jaime Rosales qui se penche sur la jeunesse espagnole en temps de crise ; enfin Charlie’s Countryman de l’Australien Rolf de Heer raconte l’histoire d’un vieil Aborigène dont l’existence va changer.

A QUI LA PALME ?

En ce qui concerne la compétition, à première vue… moins de surprises. Sur le papier en tout cas. Evidemment on attendra de voir les films, et oui, on sait que Thierry Frémaux n’aime pas qu’on parle de cinéastes abonnés. Mais le créneau réservé aux surprises semble assez restreint cette année. Le film à sketch argentin Relatos Salvajes sera l’occasion de faire connaissance avec Damian Szifron dont les premiers films sont jusque-là plutôt passés inaperçus. On espère que le second long métrage de l’Italienne Alice Rohrwacher, après un Corpo celeste découvert à la Quinzaine (et assez symptomatique des sélections étouffe belle-mère de Frédéric Boyer), sera moins pénible. Son film, Le Meraviglie, est une chronique familiale qui compte notamment Monica Bellucci à son casting. Autres nouvelles têtes en compétition : l’Américain Bennett Miller, plus habitué aux saisons Oscars, présente un drame sur un fait divers survenu dans le milieu de la lutte, Foxcatcher (avec performance transformiste de Steve Carell à la clef) tandis que le Mauritanien Abderrahmane Sissako signe Timbuktu qui se déroule sur fond de guerre au Mali. Probablement le petit nouveau le plus surveillé, Xavier Dolan réalise Mommy où Anne Dorval incarne une mère veuve qui élève son fils avec difficulté, et dont l’existence va être bouleversée par l’irruption d’un voisin.

Le cinéma fougueux et inventif du jeune Canadien fera probablement du bien dans une sélection peuplée de cinéastes qui risquent, disons… d’un peu moins nous surprendre. Il y a quelque chose de paradoxal dans la façon que Thierry Frémaux a eue d’évoquer le nouveau cinéma britannique (citant notamment Le Géant égoïste) pour annoncer les sélections de… Mr Turner de Mike Leigh (71 ans, 5 sélections, 1 Palme) et de Jimmy’s Hall de Ken Loach (77 ans, 18 sélections, 1 Palme). La relève attendra. Un manque de nouveauté encore plus criant pour l’Asie qui, pour l’Asie orientale, est limitée à… un unique candidat. Pour tout un continent. Entier. Naomi Kawase aura donc le poids de tout un continent sur les épaules avec 2 fenêtres (Still the Water) qui raconte le mystère de deux adolescents découvrant un cadavre sur leur île. L’autre candidat asiatique plus proche de nous est l’attrape-prix Nuri Bilge Ceylan avec son drame-fleuve Sommeil d’hiver venu de Turquie. On espérait dans nos souhaits que l’Asie (qui vient de briller à Berlin, autant en compétition que chez les cinéastes débutants) serait un peu plus richement représentée. Dommage.

La sélection française est traditionnellement très tendue vu le nombre énorme de candidats. Les trois gagnants sont Sils Maria d’Olivier Assayas avec Juliette Binoche et Kristen Stewart, Saint Laurent par Bertrand Bonello avec Gaspard Ulliel et The Search, film sur la guerre en Tchétchénie par Michel Hazanavicius. Mais un autre francophone sera probablement encore plus surveillé : il s’agit de Jean-Luc Godard qui revient avec l’ovni Adieu au langage. Voilà typiquement le genre de film au sujet duquel on ne peut pas deviner grand-chose avant de le voir. A l’opposé, les frères Dardenne reviennent avec Deux jours, une nuit, dans lequel Marion Cotillard joue le rôle principal. Pour compléter ce line-up, citons le western de Tommy Lee Jones The Homesman avec Hilary Swank, le drame existentiel Leviathan par le Russe Andrei Zviagintsev, le très attendu Maps to the Stars de David Cronenberg ou encore son compatriote Atom Egoyan qui fait son retour avec Captives, pour le plus grand plaisir des fans des années 90.

Parmi les films hors compétition, outre Grace de Monaco (le montage présenté sera celui supervisé par Olivier Dahan, Frémaux ayant confirmé qu’il n’existait pas d’autre version), signalons les présences de Coming Home, drame historique de Zhang Yimou avec Gong Li, et de Dragons 2, tandis que l’Ukrainien Sergei Loznitsa présente un documentaire en prise directe avec l’actualité, Maidan. Pour les séances de minuit : le thriller coréen The Target, relecture violente de A bout portant de Fred Cavayé, le thriller australien The Rover de David Michod (Animal Kingdom) avec Robert Pattinson et le western danois The Salvation. On espérait davantage de cinéma fantastique et d'horreur, mais le cinéma de genre encore une fois semble s’être limité aux genres plus virils tels que les thrillers, polars et westerns. En parlant de cinéma viril, revenons sur l’un des marronniers de Cannes : le peu de femmes sélectionnées en officielle. Thierry Frémaux a rapidement coupé court à toute polémique : sur 49 films sélectionnés, on compte 15 réalisatrices. Pas mal ! Sauf que 5 d’entre elles, soit un tiers, sont confinées dans un omnibus sélectionné en séance spéciale… Pas sûr que cela vaille la peine d’être mis en avant.

La 67e édition du Festival de Cannes aura lieu du 14 au 25 mai et sera à suivre en direct sur FilmDeCulte ! Retrouvez ci-dessous nos articles sur les films sélectionnés.

Et pour ne rien louper de nos news, dossiers, critiques et entretiens consacrés à Cannes, rejoignez-nous sur Facebook et Twitter !

Compétition
Sils Maria, d'Olivier Assayas
Saint Laurent, de Bertrand Bonello
Sommeil d'hiver, de Nuri Bilge Ceylan
Maps to the Stars, de David Cronenberg
Deux jours, une nuit, de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Mommy, de Xavier Dolan
Captives, d'Atom Egoyan
Adieu au langage, de Jean-Luc Godard
The Search, de Michel Hazanavicius
The Homesman, de Tommy Lee Jones
Still the Water, de Naomi Kawase
Mr Turner, de Mike Leigh
Jimmy's Hall, de Ken Loach
Foxcatcher, de Bennett Miller
Le Meraviglie, d'Alice Rohrwacher
Relatos Salvajes, de Damian Szifron
Leviathan, de Andreï Zviagintsev
Timbuktu, d'Abderrahmane Sissako

Hors compétition
Dragons 2, Dean Deblois
Coming Home, Zhang Yimou
Grace de Monaco d'Olivier Dahan

Séances de minuit
The Salvation, Kristian Levring

Un Certain Regard
Party Girl, de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis
Jauja, de Lisandro Alonso
L'Incomprise, d'Asia Argento
Lost River, de Ryan Gosling
Amour Fou, de Jessica Hausner
Bird People, de Pascale Ferran
A Girl of my Door, de July Yung
White God, de Kornel Mundruczo
Turist, de Ruben Ostlund
Xenia, de Panos Koutras
Run, Philippe Lacôte
La Belle jeunesse, de Jaime Rosales
Le Sel de la Terre, de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado
Fantasia, de Wang Chao

Quinzaine des Réalisateurs
Bande de filles, de Céline Sciamma
Pride, de Matthew Warchus
Alleluia, de Fabrice du Welz
Next to Her, d'Asaf Korman
Catch me Daddy, de Daniel Wolfe
Cold in July, de Jim Mickle
Les Combattants, de Thomas Cailley
Gett - Le procès de Vivianne Amsalem, de Ronit et Shlomi Elkabetz
Le Conte de la Princesse Kaguya, d'Isao Takahata
Mange tes morts, de Jean-Charles Hue
A Hard Day, de Seong-Hun Kim
These Final Hours, de Zach Hilditch
Tu dors Nicole, de Stéphane Lafleur
Whiplash, de Damien Chazelle

Séances spéciales
Massacre à la tronçonneuse, de Tobe Hooper (version restaurée)

Semaine de la Critique
Piu Buio Di Mezzanotte, Sebastiano Riso
The Tribe, Myroslav Slaboshpytskkiy
It Follows, David Robert Mitchell
When Animals Dream, Jonas Alexander Arnby
Hippocrate, Thomas Lilti

Entretiens
Un équilibre tout en allant dans la diversité- notre entretien avec Charles Tesson, délégué général de la Semaine de la Critique
La Quinzaine peut ouvrir la voie à de grands succès populaires - notre entretien avec Edouard Waintrop, délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs
Ces dernières années, j’ai davantage pensé à mon statut de femme et réalisatrice asiatique en général plutôt que simplement femme et réalisatrice japonaise - notre entretien-carrière avec Naomi Kawase, réalisatrice de Still the Water

Nos portraits
Sofia Coppola - membre du jury 2014
Isao Takahata - réalisateur du Conte de la Princesse Kaguya

Le Palmomètre
Tableau de notes et pronostics sur le palmarès

Quinzaine des Réalisateurs: notre dossier
Semaine de la Critique: la sélection

par Nicolas Bardot

Commentaires

Partenaires