Thelma

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Thelma
Norvège, 2017
De Joachim Trier
Scénario : Joachim Trier, Eskil Vogt
Durée : 1h56
Sortie : 22/11/2017
Note FilmDeCulte : *****-
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Thelma, une jeune et timide étudiante, vient de quitter la maison de ses très dévots parents, située sur la côte ouest de Norvège, pour aller étudier dans une université d'Oslo. Là, elle se sent irrésistiblement et secrètement attirée par la très belle Anja. Tout semble se passer plutôt bien mais elle fait un jour à la bibliothèque une crise d'épilepsie d'une violence inouïe...

RAISON ET SENTIMENTS

La construction de l'identité est un thème qui parcourt la jeune filmographie du Norvégien Joachim Trier – un thème qui est au cœur même de son nouveau film, Thelma. Il s'agit de la première incursion du réalisateur de Oslo 31 août dans le cinéma fantastique, qui lui permet d'explorer à travers un récit d'éveil amoureux ce qu'on réprime et ce qu'on libère. Thelma, l'héroïne du long métrage interprétée avec finesse par Eili Harboe, vient d'une famille très religieuse, tombe amoureuse et ne comprend pas ce qui lui arrive. Parce que l'objet de son amour est une fille d'abord, mais aussi parce que cet amour naissant libère en elle un pouvoir surnaturel. Cette allégorie fait de Thelma une héroïne sortie du grand manteau de Carrie, mais Trier fait preuve de suffisamment de personnalité pour éviter le décalque.

La toute première scène de Thelma déjoue les attentes. Le film ensuite parvient avec élégance à installer un climat étrange, en un lent mouvement de caméra, en une nuée de corbeaux dans le ciel. La découverte sensuelle est ici filmée à fleur de peau, littéralement, avec la joue ou la nuque qui rougeoient sous le feu des sentiments. Une scène superbe, peut-être la plus belle du film, évoque l'incroyable séquence de l'opéra dans Birth de Jonathan Glazer, où la musique tumultueuse n'est pas tant là pour accompagner les agitations sur scène que pour incarner ce qui palpite en l'héroïne.

Thelma est un slowburner, qui aurait d'ailleurs pu être allégé ici ou là de sa musique instrumentale parfois envahissante. Le film, qui mise souvent sur l'antispectaculaire, laisse en contrepartie de la place à l'imaginaire dans ce récit de la perte de contrôle. Le contrôle, Trier l'évoque aussi dans ce portrait familial toxique, où l'épanouissement d'une jeune fille est entravé par un père échappé d'un cortège de la Manif pour tous. Thelma rappelle si besoin que ce qui fait du mal à la famille, c'est avant tout l'intégrisme religieux et pas le reste. Thelma n'est pas un dossier de l'écran didactique pour autant - Le film est davantage concentré sur son émotion délicate qui, avec générosité, fait resurgir dans son dénouement une dimension romanesque qu'on n'avait pas anticipée.

par Nicolas Bardot

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