Revanche des Sith (La)

Revanche des Sith (La)
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Revanche des Sith (La)
Star wars : episode III - Revenge of the Sith
États-Unis, 2005
De George Lucas
Scénario : George Lucas
Avec : Hayden Christensen, Samuel L. Jackson, Christopher Lee, Ian McDiarmid, Ewan McGregor, Natalie Portman
Musique : John Williams
Sortie : 18/05/2005
Note FilmDeCulte : ******

La République est attaquée. Le général Grievous, un leader séparatiste, a pris en otage le chancelier suprême Palpatine. Anakin Skywalker et Obi-Wan Kenobi sont envoyés pour tenter de le délivrer…

IN THE SHADOW OF THE EMPIRE

Un vaisseau apparaît dans le panoramique réglementaire suivant le texte déroulant. Une immense bataille spatiale fait rage dans le ciel de Coruscant, la planète administrative de la République. George Lucas impose d’emblée sa vision apocalyptique d’un monde en décomposition en apposant ses désormais habituelles images en CGI. Le décor est ainsi planté par un déluge pyrotechnique, le chaos de l’univers va retomber sur la destinée inévitable d’un jeune Jedi aux bonnes intentions. A l’écoute des reproches faits à ses derniers films – malgré leurs indéniables qualités, La Menace fantôme et L’Attaque des clones n’avaient pas convaincu les fans hardcore de la première trilogie – le créateur de la série est passé à un cran largement supérieur. Son goût pour le spectacle emphatique trouve enfin toute son ampleur dans cet ultime épisode de la série la plus vénérée sur Terre, et La Revanche des Sith devient bel et bien le spectacle que les spectateurs attendaient. Prenant soin de gommer presque tous les défauts des œuvres précédentes, Lucas livre son spectacle le plus réjouissant depuis L’Empire contre-attaque, un équilibre parfait entre une histoire véritablement passionnante et le développement si particulier de ses personnages. Encore une fois, le génie visuel de Lucas, son travail sur une esthétique mêlant un millier de références, son talent pour entrecroiser les destins, prennent le dessus afin d’évacuer les scories regrettables des pourtant très bons épisodes I et II. Véritable claque visuelle et ambition affichée, La Revanche des Sith porte bien haut les couleurs de l’imaginaire.

L’ANGE NOIR

S’il n’est pas en lui-même parfait, La Revanche des Sith trône mille coudées au-dessus de La Menace fantôme et L’Attaque des clones. Le rythme parfois chaotique des deux premiers épisodes a cédé la place à une narration tendue où chaque seconde à l’écran, mise à part peut-être la scène d’action d’ouverture, fait progresser l’histoire. Frôlant parfois l’overdose, le film multiplie les décors dans un flot narratif extrêmement intense. La mise en place de La Menace fantôme est bien loin: La Revanche des Sith offre une satisfaction instantanée en nous faisant deviner petit à petit la façon dont chaque pièce du puzzle, dont le résultat final est pourtant connu, va s’imbriquer avec les autres. Le scénario se déroule ainsi comme une tragédie grecque dont chaque élément est couru d’avance, mais où Lucas parvient malgré cela à nous faire espérer, sublime paradoxe, qu’Anakin ne devienne pas Vador. Car c’était bien là le grand risque de cet épisode III: une sécheresse émotionnelle, un grand vide intersidéral mollement mis en bouche par des acteurs ennuyés par un trop-plein d’écrans bleus, précisément ce qui avait été reproché à La Menace fantôme. Si l’on excepte certaines scènes bizarrement écrites impliquant Padmé (Natalie Portman), La Revanche des Sith porte sa noirceur dans les yeux de ses interprètes, à commencer par Hayden Christensen, qui efface promptement le mauvais souvenir laissé par L'Attaque des clones. Séduisant et ténébreux, puis jaloux, amer, en furie, Christensen donne enfin vie à cet ange déchu, sans nul doute l'un des plus beaux personnages du cinéma américain récent.

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Ce qui frappe donc le plus dans La Revanche des Sith, c’est sa noirceur extrême. Sombre dans ses couleurs, le film l’est aussi dans sa tonalité. Le destin d’Anakin ne pouvait se prêter à autre chose que cette approche incroyablement noire et désespérée. C’est ici que tout se joue: l’Elu va choisir la voie la plus facile, la plus tentante, celle du côté obscur. Très bavard, le film multiplie les séquences de dilemmes où Skywalker va peu à peu sombrer, guidé dans sa chute par un Palpatine/Dark Sidious séducteur et démoniaque, campé une dernière fois par le sidérant Ian McDiarmid. L’ambiance de cet épisode III est si sombre que l’évocation des précédents volets ferait presque penser à des comédies. Envolé Jar-Jar Binks – deux plans et pas une ligne de dialogue – quasiment absent C3-PO, les rares moments légers sont confiés à R2-D2. La Revanche des Sith est une marche funèbre de bout en bout, qui se conclut sur un quart d’heure final bouleversant. Oui, indubitablement, Anakin/Vador est une victime et Lucas fait tout pour nous le fait ressentir. Le véritable méchant de la saga est, et aura toujours été, l’Empereur. Car le film, comme ses deux prédécesseurs, est sans nul doute l'un des blockbusters les plus ouvertement politisé de ces dernières décennies. Le tristement vraisemblable imbroglio concocté par Palpatine trouve des échos terrifiants dans notre propre actualité. Car ce qui intéresse Lucas, il le dit lui-même, ce n’est pas la façon dont le pouvoir est pris, mais celle dont il est librement donné par le peuple. Le Chancelier Palpatine fonde sa dictature par des moyens légaux, sous les acclamations d’un Sénat librement élu. En utilisant la peur et la menace fantôme d’une armée séparatiste qu’il a lui-même contribué à créer, Palpatine raffermit son emprise sur la République Galactique et en supprime les derniers oripeaux de démocratie.

PLACE AU SEIGNEUR VADOR

Malgré la marque heureusement légère du mauvais goût à la Lucas – les relations mièvres entre Anakin et Padmé de L’Attaque des clones ont été ici atténuées mais sans avoir été proprement effacées –, on retrouve à la fois les bonnes heures de la trilogie originale sans pour autant renier l’extraordinaire puissance de l’univers imposé par la nouvelle trilogie. Dans ce mariage du meilleur des deux mondes, La Revanche des Sith parvient, au gré des plans finement insérés dans le métrage, à faire le lien avec les épisodes les plus anciens sans oublier la justification des choix de Lucas jugés hasardeux en 1999 et 2002. C’est donc dans cette œuvre œcuménique que la dernière pièce du puzzle s’imbrique pour livrer les tenants et les aboutissants articulés par un film dense et fluide, passionnant et décalé. C’est pour cela que l’on déplorera quelques défauts, quelques choix regrettables, comme cette absence systématique d’une Padmé réduite à pleurnicher sur le destin de son Jedi de mari alors qu’elle possédait le potentiel d’un grand rôle dramatique, s’efforçant de tenter de sauver les meubles d’une république naufragée. On passera tout aussi vite sur les errances typiques de l’œuvre lucassienne, entre dialogues hasardeux et situations scabreuses, qui ne sont toutefois que des points de détails. Mais celles-ci ne sont rien en comparaison de l’ambition affichée. Et si le film ne réconciliera probablement pas les plus farouches adversaires de la direction imposée par Lucas, il trouvera un public plus nombreux que jamais dans un déluge d'images qui serait propre à destituer Le Seigneur des anneaux de son titre de plus grande orgie visuelle jamais vue au cinéma.

par Yannick Vély

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