Rencontres à Elizabethtown

Rencontres à Elizabethtown
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Rencontres à Elizabethtown
Elizabethtown
États-Unis, 2005
De Cameron Crowe
Scénario : Cameron Crowe
Avec : Alec Baldwin, Jessica Biel, Orlando Bloom, Kirsten Dunst, Judy Greer, Susan Sarandon
Durée : 2h03
Sortie : 02/11/2005
Note FilmDeCulte : *****-

A la suite d’un désastre professionnel qui risque de coûter des millions à son entreprise, Drew Baylor apprend une nouvelle plus terrible encore: la disparition subite de son père. Le jeune homme retourne chercher ses cendres à Elizabethtown pour un voyage qui va le mener bien plus loin qu’il ne le soupçonne.

CARNETS DE VOYAGE

"From this day on, I own my father's gun": d’une histoire de deuil, Rencontres à Elizabethtown fait le récit d’une transmission et d’une renaissance. Tour de passe-passe classique, mais qui colle bien à l’univers de Cameron Crowe, où les losers magnifiques de Presque célèbre et le phénix resurgi de ses cendres de Jerry Maguire font office de figure de proue, emblèmes abîmés d’un bateau ivre où les étreintes en peignoir résonnent du bruit des bouteilles vides qui se cognent entre elles. Le nouveau film du réalisateur américain débute sur un fiasco, celui de Drew Baylor, responsable d’un soulier boiteux qui va ébranler les chevilles d’un géant de la chaussure. Le garçon, baladé dans une absurde voiturette, s’en va alors compter ces regards qu’il imagine comme les derniers, des 'au revoir' cyniques ou un peu gênés. Et qui signent le début d’un long voyage. Mélo sur le bitume tout d’abord, retour aux sources familiales du Kentucky, où la route se déroule comme un ruban de souvenirs. Une mémoire personnelle, un peu floue (des flashes fugaces avec le père disparu), ou celle d’une terre et d’un pays, de motels en drive-in, théâtre de la grande histoire (de l’assassinat de Martin Luther King à Memphis au National Memorial d’Oklahoma City) jusqu’à celle, plus intime, qu’un jeune homme va arpenter au volant, avant de disperser quelques cendres.

FEEL GOOD, INC.

Urne funéraire à la main, Drew Baylor effectue également son voyage musical. On connaît l’attachement de Crowe à la musique, son passé de journaliste à Rolling Stone ou ses bandes originales caloriques. Rencontres à Elizabethtown ne déroge pas à la règle et sait parfaitement quand faire débuter son Tom Petty, son U2 ou ses Hollies. Mélopée du deuil ou autoradio amoureux sous une chaleur écrasante, la musique chez Crowe raconte sa propre histoire, ajoute une voix au récit, sert de guide à une âme un peu paumée. Dernier voyage, un trajet romantique où l’amour est un jeu de pistes, entre fausses routes et indices écarlates, vers une destination où l’arbre finit par percer le béton. Rencontres à Elizabethtown enchaîne comme des perles ses séquences magnifiques, d’une discussion interminable et grisante au téléphone jusqu’à une rencontre du petit matin, une chasse énamourée dans une fête foraine ou un discours sur scène, étouffé par l’émotion et qui, mille fois, pourrait virer droit vers la mièvrerie, avant de s’en échapper, lâchant sur le public bouche bée ses colombes enflammées. Avec sa générosité sur la main, son sens du romanesque, sa mélancolie aux souvenirs rock, son art du casting (Bloom convaincant pour son premier vrai rôle, géniale Kirsten Dunst, belle doublette Sarandon/Greer), le nouveau film de Cameron Crowe ne devrait laisser insensible que les cœurs de polystyrène.

par Nicolas Bardot

Partenaires