Outrage

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Outrage
Japon, 2010
De Takeshi Kitano
Avec : Takeshi Kitano
Durée : 1h49
Sortie : 24/11/2010
Note FilmDeCulte : *****-
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Dans une lutte impitoyable pour le pouvoir, plusieurs clans yakuza se disputent la bienveillance du Parrain. Les caïds montent dans l'organisation à coups de complots et de fausses allégeances. Otomo, yakuza de longue date, a vu évoluer ses pairs: des tatouages élaborés et des phalanges sectionnées, ils sont passés à la haute finance. Leur combat pour arriver au sommet, ou du moins survivre, est sans fin dans un monde corrompu où règnent trahison et vengeance. Un monde où les héros n'existent pas...

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LE CIMETIÈRE DE LA MORALE

Après deux films introspectifs sur la crise de la caméra blanche - Takeshi's et Glory to the Filmmaker et une incursion dans le faux biopic artistique - Achille et la tortue -, le cinéaste japonais revient à son genre de prédilection, celui qui avait fait sa gloire jusqu'au milieu des années 2000, le film de yakuza. Sélectionné au dernier Festival de Cannes, Outrage a pourtant déçu une grande partie de la critique de la Croisette, qui s'attendait peut-être à un "banal" film noir, gentils contre méchants, héros aux valeurs morales contre salopards sans foi ni loi... Sauf que Takeshi Kitano ne croit plus en cette lecture en noir et blanc et oppose à celle-ci une vision nihiliste et pessimiste de la nature humaine. Placé sous le haut patronage du regretté Kinji Fukasaku - Kitano avait d'ailleurs joué dans Battle Royale, le dernier film du maitre -, Outrage est l’œuvre d’un grand dépressif, une odyssée d’une noirceur absolue dans le monde des mafieux japonais. Et aussi un précis des exécutions commises par les yakusa, avec un sens de l’inventivité qui fait froid dans le dos.

Jouet d’un parrain qui le charge des basses besognes, Otomo ne sera jamais un homme libre de ses actes aussi sordides soient-ils. Contrairement à ce qu’affirment ses détracteurs – ils étaient nombreux à Cannes, hélas, à ne voir en Kitano qu’un cinéaste sadique -, la violence d’Outrage n’est jamais gratuite, bien au contraire. Chaque crime, chaque séance de torture n’est que la conséquence d’une humanité réduite à sa plus simple expression par l’appât du gain et du pouvoir. Tuer ou être tué, exécuter l’ordre ou être exécuté. Takeshi Kitano décrit le cycle infernal de la violence et sa profonde absurdité. Il ne cherche jamais à attendrir le regard que l’on peut porter sur les yakusa et ne leur offre jamais une possibilité de rédemption. Grand film malade à la mise en scène sublime de rigueur, Outrage est à Kitano ce que Casino fut à Martin Scorsese, le glamour hollywoodien en moins.

par Yannick Vély

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