Festival Kinotayo: My Wife

Festival Kinotayo: My Wife
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My Wife
Shiniyuku tsuma tono tabiji
Japon, 2011
De Yukinari Hanawa
Scénario : Hisanori Shimizu, Kota Yamada
Avec : Tomokazu Miura
Photo : Kenji Takama
Musique : Sadayoshi Okamoto
Durée : 1h53
Note FilmDeCulte : *-----
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2 décembre 1999. Un homme est arrêté pour "négligences ayant entraîné la mort" pour avoir emmené sa femme, en phase terminale de cancer, en voyage à travers tout le Japon en camionnette. Basé sur l’histoire vraie d’un couple qui a parcouru plus de 6 000 km pendant neuf mois, le film met en scène l’amour profond qui unissait les deux protagonistes.

VOYAGE A DEUX

Alors qu'on parle d'un frémissement au niveau du jeune cinéma japonais cette année, d'une génération qui prendrait enfin le relais des cinéastes apparus dans les années 90, celle des Hirokazu Kore-Eda ou Naomi Kawase (on pense à Naoki Hashimoto, remarqué avec Birth Right, aux films de Hitoshi Matsumoto, aux indés du Kansai telle Toyoko Yamasaki ou à une autre façon de produire le cinéma illustrée par Saudade, grande rumeur du Festival de Locarno), My Wife apparaît comme un dinosaure. Soit un cinéma comme on en a beaucoup produit dans les années 2000 au Japon, où l'on pense que l'argument hypermélodramatique suffit à cacher la forme télévisuelle de l'ensemble, car il n'y a malheureusement pas grand chose qui différencie la mise en scène de ce long métrage du tout-venant d'un téléfilm France 3. My Wife rappelle aussi combien il faut être grand pour traiter du pathétique sans sombrer dans le pathos. Yukinari Hanawa, avec ses maigres moyens, sombre dans le trivial de l'histoire vraie, oublie toute pudeur lorsque son héroïne se roule par terre à l'hôpital ou a du mal à uriner, ou encore lors d'une séquence d'interrogatoire dont la démonstration pèse des tonnes. C'est arrivé, donc on le filme. C'est vrai, donc c'est bien.

Le seul moment de cinéma de My Wife intervient quand le film bifurque enfin de son tracé. L'époux (Tomokazu Miura, l'une des rares qualités du film), s'assoit face à la mer, un vieil illuminé le rejoint. Ils échangent quelques mots sur leurs situations, sur la crise, sur leurs emplois envolés. Le vieux divague. Ils se séparent. L'espace d'un instant, par moyens détournés, My Wife parvient à raconter quelque chose sur la folie du projet mené par le héros, sur le contexte social. Quelque chose qui sort de l'agonie d'une femme traitée comme une liste de courses. Pleurs maintenant. Tendresse maintenant. Indignation maintenant. Sans cesse, les habits dans lesquels Yukinari Hanawa s'est glissé semblent trop grands pour lui.

par Nicolas Bardot

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