Man on Fire

Man on Fire
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Man on Fire
États-Unis, 2004
De Tony Scott
Scénario : Brian Helgeland
Avec : Dakota Fanning, Giancarlo Giannini, Radha Mitchell, Rachel Ticotin, Christopher Walken, Denzel Washington
Durée : 2h26
Sortie : 13/10/2004
Note FilmDeCulte : ****--

Ex-agent de la CIA devenu alcoolique, Creasy est engagé comme garde du corps de la jeune Pita. A son contact, il revit. Lorsque celle-ci est enlevée, Creasy prend les armes.

LE REGNE DU FEU

Tandis que son frère se faisait définitivement un nom en enchaînant deux chefs-d’œuvre de la science-fiction (Alien et Blade Runner), Tony Scott, dans l’ombre de son aîné, émergeait tout juste dans les années 80, berceau du cinéma de divertissement tel qu’on le connaît aujourd’hui. Premier poulain de l’écurie Bruckheimer (à l'époque accompagné de feu Don Simpson), le cinéaste accumulait alors les commandes, véritables fleurons typiquement eighties (Top Gun, Le Flic de Beverly Hills II). A l’aube de la décennie suivante, Scott va s’éloigner des horizons lisses de ses débuts pour un cinéma plus sombre. Se dissociant un moment de ses producteurs fétiches et s’associant aux meilleurs scénaristes de l’époque, il signe certains de ses meilleurs films (Le Dernier Samaritain écrit par Shane Black, True Romance écrit par Quentin Tarantino). Si la suite de sa carrière est plus inégale, elle témoigne cependant d’une évolution constante vers une esthétique moins léchée et plus chaotique. Man on fire est l’aboutissement de ce parcours. Avec son nouvel opus, Scott délivre une œuvre qui n’est pas exempte de défauts mais qui fait néanmoins preuve d’une certaine maturité. La belle lumière filtrée au travers de stores et le montage millimétré que chérissait tant le père spirituel de Michael Bay laissent ici place à une photo granuleuse et à un découpage frénétique, voire épileptique. Il ne s’agit pas d’une manie du plan court à la Bay, mais du souhait d’obtenir un forme dérangée, où plus rien n’est droit, ni symétrique. Le réalisateur délaisse donc le beau pour l’utile et enrichit son vocabulaire cinématographique (réduction de la vitesse d’obturateur, superpositions, accélérés, ralentis, 16mm, etc.) jusqu’à atteindre un côté expérimental (les sous-titres deviennent presque un personnage tant leur rôle joue dans le film).

WE DON’T NEED NO WATER, LET THE MOTHERFUCKER BURN

Bien qu’il ne maîtrise pas totalement cette nouvelle démarche (amorcée dans Le Fan, développée dans Spy Game, achevée dans son court métrage pour BMW "Beat the Devil"), le metteur en scène parvient à insuffler à son film tantôt une nervosité bienvenue (la séquence de l’enlèvement ou certaines scènes de torture sont réellement prenantes) tantôt un aspect purement barge (l’alcoolisme du protagoniste). Bien qu’il abuse par moments de cette approche visuelle (quelques effets de style superflus par moments), Scott a le bon sens de ne pas déborder sur les scènes à vocation dramatique. Ainsi sera-t-on surpris de voir avec quelle simplicité il réussit une belle scène comme celle de l’apprivoisement de Creasy par la jeune Pita (Dakota Fanning, nouvelle enfant-génie du cinéma, aperçue dans Sam je suis Sam et la série Disparitions), scène qui aurait pu aisément tomber dans le cliché dégoulinant. Par ailleurs, l’auteur prend largement son temps, à l’ancienne, pour raconter cette histoire, pas originale pour un sou, mais rondement menée durant 2h26. Il consacre donc une grande partie aux évènements précédant l’enlèvement de Pita. Sans pour autant qu’il s’agisse d’un récit introspectif à la Michael Mann, le personnage (Denzel Washington, encore une fois habité par son rôle) prend immédiatement un relief autre. Avec Man on fire, Tony Scott fait son Gladiator des temps modernes. On se répètera souvent durant la projection que c’est exactement ce que The Punisher aurait dû être: un film de vengeance noir et violent.

par Robert Hospyan

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