Tony Scott

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Réalisateur
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Premier vrai poulain de l’écurie Don Simpson / Jerry Bruckheimer, Tony Scott est ce qu’on peut appeler un réalisateur polyvalent. Capable de devenir ce réalisateur exécuteur de scénarii pour le label estampillé "action, explosion et spectacle", tout comme cet auteur aux sujets bien personnels basés autour d’histoires humaines. Retour sur la carrière de l’homme au cigare et à l’éternelle casquette rouge.

LE FRÈRE DE L’AUTRE

À ses débuts, Tony Scott se destinait surtout à une carrière de peintre. Né dans la banlieue anglaise de Newcastle le 21 juillet 1944, c’est au cours de ses années d’études au College Of Art de Leeds qu’il commence à s’intéresser à la mise en scène. Il y réalise alors un premier court métrage intitulé Loving Memory, produit par le British Film Institute et Albert Finney. Deux ans plus tard, en 1971, il réitère l’expérience avec le court métrage One of the Missing, d’après une nouvelle d’Ambrose Bierce. En 1973, il crée, en association avec son frère Ridley, la société RSA, spécialisée en films publicitaires, où il pourra parfaire ses dernières armes. Car au travers de la centaine de ces films publicitaires qu’il réalisera pendant presque une dizaine d’années, certains thèmes visuels récurrents prendront place, comme l’utilisation abondante de fumée, les couleurs filtrées ou encore les traits de lumière au travers de vitres et autres stores. Bien évidemment, les deux frères raflent une grande quantité de prix grâce à leur créativité et leur imagination. En 1976, il fait un petit détour par la France pour réaliser le segment L'Auteur de Beltraffio pour la série Nouvelles de Henry James (créée par Claude Chabrol et Luc Béraud). Sa carrière de publicitaire commençant à le désintéresser – il estime avoir fait le tour des possibilités du support - et voyant son frère remporter ses gallons de metteur en scène ultra inspiré avec Alien, le 8e passager, il se dirige donc lui aussi logiquement vers le long métrage. Et c’est avec Les Prédateurs, film de vampires très sophistiqué réunissant Catherine Deneuve, David Bowie et Susan Sarandon, qu’il entre de plein pied dans l’univers du cinéma. Mais les réactions sont plus que mitigées. La vague de reconnaissance qu’obtenaient les réalisateurs anglais tels que Alan Parker, Adrian Lyne ou encore Hugh Hudson s’arrêta donc et le projet de Starman, qui lui était destiné, finit dans les mains du plus expérimenté John Carpenter. C’est alors que trois ans plus tard, le tandem de choc Don Simpson / Jerry Bruckheimer lui offre la mise en scène de Top Gun. Le succès du film est connu de tous et permet surtout l’émergence et la promotion du triangle gagnant: Simpson / Bruckheimer, Scott et Cruise, ouvrant ainsi les portes de la testostérone aux blockbusters.

HERE WE ARE NOW, ENTERTAIN US

Fort de l’énorme succès national et international de Top Gun, Scott voit arriver sur son bureau des tonnes de scénarii, mais ne sait pas par où commencer. C’est là que revient à la charge le fameux duo de producteurs, qui lui propose de mettre en scène la suite du Flic de Beverly Hills. Voyant dans ce film l’occasion de renouer avec le succès, à l’image de son frère, un peu plus haut placé dans la sphère hollywoodienne, Scott accepte à une condition: avoir les pleins pouvoirs. Les deux amis producteurs acceptent sous la condition que Scott propose un film plus fort que le premier. Pari relevé et réussi. Plus d’action, plus de belles filles (souvenez-vous du passage à la fête Playboy), plus d’humour, plus d’"Eddie Murphy show". Bref, un succès quasiment égal au premier pour les recettes mondiales. Ces deux succès consécutifs au box-office mondial font de lui un réalisateur très en vue, désormais capable de choisir ses propres projets personnels afin de s’affranchir de cette étiquette de "yes man" trop vite attribuée. Et cette liberté désormais acquise l’emmènera vers Revenge, une histoire d’amour teintée de revanche où les sentiments humains, parfois extrêmes, prennent le dessus sur le spectaculaire et où il met en place l'une de ses thématiques, montrant la face sombre et torturée que peut avoir l’humanité en général. À budget et ambitions moindres, pour le box-office, le résultat se fait durement ressentir puisque le film ne rapporte finalement que 15 millions de dollars sur le territoire américain. Kevin Costner n’étant pas encore la star qu’il est devenu par la suite, et cette histoire de couple "illégal" n’ayant pas réussi à convaincre les spectateurs américains, désormais habitués aux prouesses physiques et au sensationnel. Qu’à cela ne tienne. La même année, plutôt que de se morfondre sur son sort, Scott retourne dans l’écurie Simpson / Bruckheimer pour signer la mise en scène de Jours de tonnerre. Ce quasi-remake sur route de Top Gun possède tous les ingrédients pour être une réussite. Tom Cruise de retour sur le devant de l’affiche, des courses poursuites automobiles jamais vues de la sorte, de la compétition et une histoire d’amour, rien n’est laissé au hasard pour abreuver le bouffeur de pop corn jamais rassasié d’images fortes et extraordinaires. Pari de nouveau réussi, le film rapportant 165 millions de dollars à travers le monde. Si le succès n’atteint pas celui du film aérien, il est cependant suffisant pour relancer Scott sur les rails de l’indépendance, là où il pourra enfin divertir tout en laissant s’exprimer son obsession pour les héros solitaires en rupture et en compromis face aux hiérarchies trop facilement en place (l’autoportrait n’est pas loin). Des héros plus sombres mais autrement plus humains.

SANS CONTREFACON, JE SUIS UN GARCON

Fini les beaux gosses bien lisses et les belles images. Désormais, c’est avec les antihéros qu’il faudra faire. Ses personnages auront vécu, seront burinés et auront autant à faire avec l’introspection qu’avec l’histoire elle-même. C’est avec cet état d’esprit remonté et furieux qu’une année plus tard, Scott retrouve le chemin des plateaux pour cette histoire de détective privé engagé malgré lui dans les règlements de compte interne d’une équipe de football américain. Patron mafieux, joueur déchu, famille à recomposer, Le Dernier Samaritain marque une grosse césure dans sa filmographie. Première coupure évidente, avec la fin des concessions pour les studios avec lesquels il tourne, mais une rupture surtout évidente avec les années 80. Shane Black, célèbre scénariste de cette décennie (la série des Arme fatale, Monster Squad, Predator), offre une œuvre sans concession. Violent, très impulsif, parsemé de "répliques qui tuent" toutes les deux phrases, Le Dernier Samaritain atteint vite le statut de culte malgré le succès assez relatif du film. Avec ce film, Scott œuvre à fond "pour nous les hommes" et avoine à toute berzingue pour le bonheur le plus total des fans de Bruce Willis et de l’action moins polie en général. Puis, deux ans plus tard, arrive le projet True Romance avec le scénario de Quentin Tarantino, devenu l’homme à suivre. Scott arrive à convaincre les studios Morgan Creek et Warner qu’il est l’homme de la situation et ce, avec le soutien de Tarantino. Réunissant un casting hallucinant pour l’époque, pour des frais moindres, le film prend vite la tournure de futur chef d’œuvre. Mais à la sortie, malgré la réussite incontestable de l’entreprise, Scott se prend une volée de bois vert de la part des critiques américaines, arguant qu’il ne suffit pas d’avoir un script de Tarantino pour le devenir. Même s'il rembourse intégralement son budget (12 millions de dollars), Scott semble sur la pente raide car le film ne fait recette qu’à l’étranger et dans une mesure assez restreinte. Ses parrains Simpson et Bruckheimer refont alors appel à lui pour diriger l’équipe insurgée de l’USS Alabama. Scott, ne pouvant refuser l’opportunité de retrouver le succès qui lui rendra son indépendance pour ses projets plus personnels, accepte à la condition que son désormais ami Tarantino retravaille le script et plus précisément les dialogues. Armé de la présence du charismatique Gene Hackman et de la nouvelle star Denzel Washington, ce film de sous-marin à la tension interne lui permet de se redresser financièrement, le film atteignant les 100 millions de dollars de recettes avec le marché international et lui permettant aussi de s’essayer à quelques essais "expérimentaux" dans le cadre et la lumière. Mais l’échec très compréhensible du Fan, son film suivant, le faisant renouer avec l’impopularité financière et agrémentant sa carrière d’un effet montagnes russes, l’oblige à repartir chez son ami Jerry Bruckheimer, entretenant encore une fois cette relation financière qui les lie depuis leurs débuts communs.

DECONSTRUCTING TONY

Les succès incontestés des testostéronnés Bad Boys, The Rock, Les Ailes de l’enfer et Armageddon donnent du fil à retordre à Scott quant à l’orientation dite "expérimentale" qu’il veut prendre avec Ennemi d’état, toujours produit sous la bannière Bruckheimer. Mais leurs essais communs s’étant toujours soldés par des réussites financières, l’impitoyable Jerry laisse finalement l’indécrottable Tony réaliser le film comme il l’entend. Cette quasi-réadaptation de Conversation secrète (Coppola, 1974) le laisse utiliser les nouveaux artifices visuels dont il est devenu friand. Le montage très cut, synchronisé à la musique "techno épileptique" de Trevor Rabin et Harry Gregson-Williams et associé aux images froides désaturées du chef opérateur Daniel Mindel, en font un film pionnier dans le genre techno-thriller d’espionnage qui préfigurera d’autres film du genre comme M:I-2, La Mémoire dans la peau ou, dans une autre mesure, les derniers films de la saga James Bond. 250 millions de dollars plus tard, Scott repart voler de ses propres ailes avec le projet Spy Game, qui réunit à l’écran Robert Redford et Brad Pitt. Le film devait, au départ, être réalisé par le Hollandais Mike Van Diem. Mais la production lui a préféré un réalisateur au passé financier plus sûr. Moins sophistiqué mais presque aussi prenant qu’Ennemi d’état, cette histoire d’espionnage sur fond de guerre post-Vietnam engendre tout de même 143 millions de dollars à travers le monde et laisse donc l’opportunité à Scott de revenir sur un projet chéri depuis des années: Man on Fire. S’étant vu refusé le droit de faire le film en 1987 au profit du Français Elie Chouraqui, Scott n’étant pas encore assez connu, le projet du remake est depuis passé par les mains de Michael Bay et d’Antoine Fuqua. Mais devant le refus de Bay et l’occupation de Fuqua sur Le Roi Arthur, Scott se réapproprie le sujet et nous offre donc ce produit frénétique et chaotique, mélangeant au possible toutes ces expérimentations apprises et maîtrisées sur ses deux précédents films ainsi que sur le court métrage BMW Beat the Devil, summum du grandiloquent visuel foutraque mais incroyablement maîtrisé. Certains disent Scott perdu dans ses délires, d’autres le trouvent à l’aube d’une nouvelle ère. Il confirmera sa vitalité avec Domino, d’après un scénario de Richard Kelly (Donnie Darko, 2001), qui raconte l’histoire vraie d’une riche héritière refusant son avenir trop facile pour devenir une chasseuse de primes. En 2010, il réalise son dernier long métrage, Unstoppable. Tony Scott se suicide le 19 août 2012, à l'âge de 68 ans.

par Christophe Chenallet

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