Lemming

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Lemming
France, 2005
De Dominik Moll
Scénario : Gilles Marchand, Dominik Moll
Avec : André Dussollier, Charlotte Gainsbourg, Laurent Lucas, Charlotte Rampling
Durée : 2h09
Sortie : 11/05/2005
Note FilmDeCulte : ***---

FESTIVAL DE CANNES 2005 - Alain Getty, jeune et brillant ingénieur en domotique, récemment installé avec sa femme Bénédicte dans une nouvelle ville, reçoit à dîner son patron, Richard Pollock, et son épouse Alice. Cette rencontre ne sera pas sans conséquences sur l'harmonie du jeune couple. La découverte du cadavre d'un mystérieux rongeur dans l'évacuation bouchée de leur évier n'arrange pas les choses et annonce l'irruption de l'irrationnel dans ce qui était jusqu'alors une vie bien rangée.

DECONSTRUCTING HARRY

On s’en voudrait presque de faire la fine bouche… Depuis l’heureux et inattendu succès de Harry, un ami qui vous veut du bien, à l’été 2000, l’on guettait attentivement le retour de Dominik Moll sur nos écrans – qui en nourrissant l'expectative par un détour chez Gilles Marchand, son scénariste attitré, dans le singulier mais déceptif Qui a tué Bambi?, qui en misant sur ce que l’attente pouvait signifier de réflexion et de perfectionnisme chez un cinéaste déjà étiqueté pointilleux. Car, et ce n’était pas rien, c’est bien un auteur qui en l’espace d’un film naissait et d’emblée affichait au clair intentions, obsessions et cohérence: cinéma de l’étrange, du grain de sable, mais aussi cinéma référentiel (Hitchcock, surtout). Une patte, donc, dont Lemming, en ouverture d’un Festival de Cannes peu fourni rayon frenchies, portait haut la promesse. A l’heure des comptes, hélas, la mission n’est qu’à moitié accomplie. Non pas que Moll ait trahi la confiance tôt placée dans un univers solidement tissé et immédiatement reconnaissable. Au contraire, le réalisateur pècherait presque par l’excès inverse, cochant minutieusement, un à un, les points d’un cahier des charges trop clairement établi.

PLANTER L’ATTENTE

Il y aurait ainsi plusieurs films, dans Lemming. D’abord, celui que l’on est venu voir, héritier d’Harry, le prolongeant par le casting (Laurent Lucas, fidèle à lui-même) et les rouages (un thriller psychologique tirant sur la corde du fantastique). Ensuite, celui que Moll voudrait que l’on voie, stratification savante de références d’origines contrôlées (le bonjour d’Alfred toujours, mais encore Lynch ou Chabrol), de morceaux de bravoure à la française (l’excellente scène du dîner, choix évident pour le montage de la bande-annonce) et de persistance thématique (l’altérité, toujours, ou comment je n’ai jamais fini de connaître ma femme et mes proches). Celui que l’on voit effectivement, enfin. A savoir une mise en boîte astucieuse du cinéma de genre, fondée sur l’idée un peu mécanique qu’une série B ralentie sur un tempo vaporeux devient une série A, où les envolées poétiques (fureteuses trajectoires d’une webcam aérienne, clin d’œil aux singes volants d’Harry) et les performances d’acteurs (Charlotte Gainsbourg, surtout, revigorante et réjouissante) se délitent dans un scénario trop écrit, se voulant Lost Highway, mais ne quittant pas la Nationale. La copie très correcte d’un élève doué, en somme, mais par trop appliqué et timoré pour prendre son propre envol.

par Guillaume Massart

En savoir plus

La revue de presse cannoise

Pour Libération, le film est une réussite, "le meilleur scénario d'un film français depuis longtemps", ce qui laisse augurer, peut-être, une présence au palmarès le 21 mai prochain. Même son de cloche dans Première qui évoque "des dialogues épurés d'une éblouissante perversité". En revanche, dans Les Inrockuptibles, Patrice Blouin regrette que "le nouveau film de Dominik Moll échoue à doubler un drame conjugual classique d'une couche de fantastique lynchien." Lemming sort ce mercredi 11 mai dans les salles françaises.

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