Historia del Miedo

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Historia del Miedo
Argentine, 2014
De Benjamin Naishtat
Scénario : Benjamin Naishtat
Durée : 1h19
Sortie : 05/11/2014
Note FilmDeCulte : *****-
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Un été chaud. Un quartier privé avec un immense parc. Une parcelle de terre abandonnée dans les banlieues et une vague de fumée qui fait planer l'incertitude et le chaos...

PEUR SUR LA VILLE

Ceux qui aiment que les films commencent par une majuscule appliquée et se terminent par un point à la ligne avec de jolis alinéas peuvent passer leur chemin. A la fois radical et minimaliste, ambitieux et d'une simplicité limpide, ce premier film argentin possède surtout la meilleure des qualités: il n'obéit qu'à sa propre recette. Difficile de résumer le film, de la réduire à un pitch évident. Historia Del Miedo est un film d'ensemble à la structure éclatée, qui parvient à faire vivre un groupe de personnages en évitant entièrement les clichés du film choral. Avec un mélange d'hyperréalisme et de quasi-fantastique, le film enchaine des instantanés dans la journée de personnages en proie à une tension venue d'on ne sait où. Lors de ces scènes très brèves et nerveuses, tout apparait comme potentiellement étrange et menaçant: une danse dans un restaurant (stupéfiante scène d'ouverture), un ascenseur en panne, un enfant fatigué qui ne veut plus jouer, un aspirateur récalcitrant.... L'origine de cette paranoïa est pourtant moins importante que ses conséquences. Canicule, révolte sociale, feu de forêt, squatteurs invisibles, météorite dans le ciel... Plusieurs pistes sont lancées, plus ou moins inquiétantes, mais aucune n'est confirmée ou privilégiée. Le film ouvre la voie à toutes les interprétations.

Car Historia Del Miedo repose entièrement sur le hors-champ. Tout d'abord dans l'impressionnant travail sur le son. On entend peu à peu des coups de feu, des pleurs, des bruits dont l'origine est elle aussi laissée hors cadre, créant une perte de repère progressive. Tout comme la pluie, la nuit noire ou la brume qui viennent peu à peu recouvrir les lieux et semer ses personnages. Mais le film n'a pas pour simple but de nous mener aussi en bateau et nous perdre. Sa singularité n'est pas une provocation facile, et ce n'est de toute façon n'est pas sa seule valeur. Historia Del Miedo a un vrai propos, et ce n'est pas pour rien qu'il s'ouvre sur un plan d'ensemble d'un quartier filmé depuis un hélicoptère où taudis et demeures semblent se cotoyer. La géographie du film est fondamentale, car la perte de repère physique des personnages, qui quittent peu à peu leurs buildings pour se retrouver égarés (et tout aussi stupéfaits que les spectateurs) dans une forêt presque fantastique reflète la tension sociale du film, où les rapports de classes sont faussement tranquilles.

Et pourtant il serait vain de réduire le film a cela: un discours social. Car Historia Del Miedo n'a rien a déclamer, et préfère les points de suspension aux points sur les i. Et surtout il fait avant tout du cinéma. Il fallait oser notamment cette scène de coupure d'électricité où l'écran devient effectivement tout noir pendant un certain temps. L'ensemble est ici vif, resserré et nerveux comme une cocotte minute sans cesse sur le point d'imploser, comme un film d'horreur sans aucune scène d'horreur. Benjamín Naishtat (lire notre entretien) réalise un film court mais bouillant qui ouvre toute une dimension devant le spectateur (pour autant que celui-ci ait envie de faire marcher son imagination). Le résultat regorge de mystère et d'angoisse comme rarement vu ailleurs. Un film inclassable, radical et passionnant.

par Gregory Coutaut

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