Hi-So

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Hi-So
Thaïlande, 2010
De Aditya Assarat
Scénario : Aditya Assarat
Durée : 1h42
Note FilmDeCulte : ****--
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De retour en Thaïlande, Ananda, jeune homme indécis sur sa carrière, est engagé par un réalisateur pour incarner la victime d’un tsunami dans une petite ville de bord de mer. Sa petite amie May, rencontrée à l’université, lui rend visite mais il lui consacre peu de temps et sa célébrité grandissante bouleverse leur relation. Malgré l’obstination de May pour sauver leur histoire, elle ne reconnaît plus l’homme dont elle est tombée amoureuse, et Anand fait une nouvelle rencontre...

ÉTAT DES LIEUX

Révélé par le très beau Wonderful Town, le jeune réalisateur thaïlandais Aditya Assarat avait depuis participé à l'anthologie Sawasdee Bangkok. Hi-So est son retour au long métrage et confirme tout le bien qu'on pensait de lui. Hi-So suit d'abord les amours déclinantes d'un couple de beautiful people, lui en joli comédien, elle en fiancée au physique de mannequin. Dans Wonderful Town déjà, il y avait un dialogue invisible entre les décors dévastés par le tsunami, et les sentiments chamboulés des personnages. L'ombre est toujours là dans Hi-So. Une plage abimée par le déferlement ici, une piscine qu'on imagine hantée là. Le tournage dans le tournage raconte la perte de mémoire d'une victime du tsunami. Le film, même si tout cela reste en pointillés, passe d'abord un certain temps à se souvenir, car les lieux, chez Assarat, parlent. Ils sont le souvenir d'une catastrophe, et sont la mémoire d'une famille. Pour se repérer dans le temps, on place sa main devant un building pour retrouver le passé. L'architecture écrit le temps qui passe comme elle en porte les entailles lorsque la caméra s'élève sur un immeuble abandonné. Et malgré les apparences, la grandeur des buildings jusqu'à toucher le ciel a beaucoup à voir avec les sentiments les plus intimes des personnages.

Rappelant la sensibilité de son collaborateur Sivaroj Kongsakul, qui est assistant réalisateur sur Hi-So, Aditya Assarat parvient à saisir avec justesse une relation amoureuse, puis une autre, tout en ne les décrivant qu'en creux, par le non-événement. On est soumis aux forces de la nature, minuscules en bas des hautes bâtisses, et l'impermanence semble avant tout caractériser l'amour, sa fragilité et son miracle. On ne verra pas de ruptures dans Hi-So et pourtant il y en a. Mais on verra ces moments suspendus, dans les draps, un matin bleu d'après beuverie. Lorsque May regarde la plage dévastée, c'est la quiétude retrouvée du lieu qui la frappe. Comme frappe la maîtrise de Assarat, qui peut se permettre de passer d'un récit à l'autre, d'abandonner un personnage, mais de tenir le fil de son récit, de sa cohérence, vision cosmique illustrée par ce passage où des constellations lumineuses sont comme projetées sur des visages lors d'une fête. Parfois trop long, Hi-So confirme en tout cas la place de choix de son réalisateur aux côtés de Kongsakul ou Ratanaruang derrière l'arbre Weerasethakul.

par Nicolas Bardot

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