D'une famille à l'autre

D'une famille à l'autre
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D'une famille à l'autre
Mãe só há uma
Brésil, 2016
De Anna Muylaert
Scénario : Anna Muylaert
Durée : 1h22
Sortie : 20/07/2016
Note FilmDeCulte : *****-
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Pierre, 17 ans, vit avec sa sœur et sa mère. Il apprend un jour que cette dernière n'est pas sa vrai mère, et qu'elle l'a kidnappé à la maternité. Ses vrais parents cherchent alors à le rencontrer.

FILS A MAMANS

Anna Muylaert s'est fait connaître en France avec son précédent film, la comédie dramatique Une seconde mère, où une attachante femme de ménage se retrouvait obligée d’héberger sa fille chez ses patrons. Pour D'une famille à l'autre, la réalisatrice brésilienne semble avoir repris avec appétit les mêmes ingrédients: des parcours familiaux imprévisibles, des transferts affectifs, des tensions de classe sociale, un ton doux-amer et surtout des personnages irrésistibles. Pierre a 17 ans. Il joue du rock, cultive un look punk androgyne, couche avec des filles comme des garçons, et aime porter en cachette des sous-vêtements féminins. En tant que spectateur, c'est déjà un plaisir rare que de voir un tel personnage masculin, qui ne rentre dans aucune case. Un jeune mec discret, timide et pourtant bien dans sa peau. Un jeune mec qui, malgré l'ouragan qui va lui passer dessus, va garder tout au long du film une sorte de nonchalance attachante.

Voilà donc ce fils qui, comme l'indique le titre du film, ne veut pas qu'on l'appelle fils. A qui cette demande est-elle adressée ? A sa mère, dont on découvre pourtant qu'elle l'a kidnappé à la maternité ? A sa mère biologique, qui vient prendre le relais sans lui demander son avis, et qui cherche à faire son bonheur avec un empressement cocasse ? Et si Pierre était surtout trop indépendant pour jouer au fiston pour qui que ce soit ? En plus de poster un regard bienveillant sur ses personnages, Anna Muylaert possède une aisance à manier les registres. Alors que cette histoire serait digne d'une saga de l'été uber-mélodramatique, il y a l'écho d'un humour moqueur bienvenu, dans la façon dont la première mère est évincée de l'histoire d'un coup de balayette mais aussi dans la façon dont l'autre mère se roule aux pieds de son fils pour lui plaire.

Ce qui fait toute la discrète réussite de D'une famille à l'autre, c'est aussi le talent de Muylaert pour dégraisser, de laisser de côté toute scène qui viendrait en faire des tonnes, et d'arriver à émouvoir quand même. L’impuissance des service sociaux, la violence des rapports de classe, la rivalité entre frères, l'homophobie latente... toutes ces pistes sont bel et bien présentes à l'écran mais ne sont jamais bêtement surlignées. Elles sont traitées avec une réserve qui pourrait paraître frustrante en premier lieu, mais à l'image de son protagoniste, D'une famille à l'autre possède une réelle aisance dans sa sobriété, qui lui permet de toujours retomber sur ses pattes. Pierre n'est ni une boule de rébellion, ni une chiffe molle (en un mot, ce n'est jamais un cliché de cinéma). Sans perdre de son humour et de son recul, il est lui aussi d'une élégance rare.

par Gregory Coutaut

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