Festival de Locarno: Dream Land

Festival de Locarno: Dream Land
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Dream Land
Cambodge, 2015
De Steve Chen
Scénario : Steve Chen
Durée : 1h30
Note FilmDeCulte : ***---
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Cambodge. Dans un Phnom Penh en plein développement, Lida, une célibataire, vend de nouveaux projets immobiliers de grand standing à la petite bourgeoisie émergente et à la haute société. Affligée par la dégradation de sa relation avec le photographe Sokun, son compagnon, elle est incapable de penser à autre chose et décide de partir avec des amies proches dans la tranquille station balnéaire de Kep pour retrouver un peu de sérénité. Là, Lida découvre qu’il peut aussi être agréable d’être hantée par les fantômes du passé.

SOUS LA VILLE

Premier long métrage du réalisateur américain d’origine cambodgienne Steve Chen, Dream Land a été présenté dans la section Cinéastes du présent du Festival de Locarno. Du présent cambodgien, on connaît surtout le cinéma entre France et Cambodge de Rithy Panh. Lui aussi entre deux continents, Steve Chen a fondé avec Davy Chou (Le Sommeil d’or) et Kavich Neang la société de production Anti-Archive dédiée à la promotion d’un nouveau cinéma au Cambodge. Dream Land a été tourné par une équipe d’une dizaine de personnes, en une quinzaine de jours, avec un budget minuscule (moins de 50.000 dollars). Cela ne se voit guère à l’écran : le film est régulièrement superbe, avec déjà un vrai sens du cadre et de la lumière. Parfois, et ce sont les meilleurs moments de Dream Land, la caméra échappe à la narration plus classique : en étrange lévitation dans un manège ou bloquée sur une vidéo de karaoké que l’héroïne, Lida, analyse avec le plus grand sérieux.

Lida est agente immobilière et fait visiter à ses clients de belles maisons à Phnom Penh. Elles ne demandent qu’à être habitées et leur imaginaire investi. Steve Chen a suivi une formation d’architecture et cela se voit dans Dream Land où les lieux parlent. Ces maisons de luxe projettent la ville dans l’utopie : elles servent de décor pour des photo-shoots léchés, sont mises en scène dans des vidéos futuristes. A l’opposé, les ruines révèlent le passé, les histoires qui y sont liées – et celles-ci peuvent être dramatiques. Le vide émotionnel ressenti par Lida est rempli par toutes ces possibilités, et le cinéma de Chen se rapproche d’un certain cinéma thaïlandais, celui par exemple de Aditya Assarat chez qui l’architecture, les maisons, les lieux comptent autant que les personnages. Mais le récit est plus fort et plus fluide chez Assarat et ses compatriotes. Chen explique dans le dossier de presse avoir travaillé à partir d’une ébauche de scénario – l’aspect parfois décousu et manquant de relief vient-il de là ? Lorsque l’héroïne s’ennuie, c’est à deux doigts d’être partagé, et la dernière partie du film flirte avec l’imagerie exotique. On a malgré tout le sentiment d’avoir découvert ici un réalisateur à suivre.

par Nicolas Bardot

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