Dragons 3 : Le Monde caché

Dragons 3 : Le Monde caché
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Dragons 3 : Le Monde caché
How To Train Your Dragon: The Hidden World
États-Unis, 2018
De Dean DeBlois
Scénario : Dean DeBlois
Avec : Jay Baruchel, Cate Blanchett, Gerard Butler, America Ferrera, Kit Harington, Jonah Hill, T.J. Miller, Christopher Mintz-Plasse, Kristen Wiig
Durée : 1h34
Sortie : 06/02/2019
Note FilmDeCulte : *****-
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Harold est maintenant le chef de Berk au côté d’Astrid et Krokmou, en tant que dragon, est devenu le leader de son espèce. Ils réalisent enfin leurs rêves de vivre en paix entre vikings et dragons. Mais lorsque l’apparition soudaine d’une Furie Eclair coïncide avec la plus grande menace que le village n’ait jamais connue, Harold et Krokmou sont forcés de quitter leur village pour un voyage dans un monde caché dont ils n’auraient jamais soupçonnés l’existence. Alors que leurs véritables destins se révèlent, dragons et vikings vont se battre ensemble jusqu’au bout du monde pour protéger tout ce qu’ils chérissent.

FORBIDDEN FRIENDSHIP

Il y a de ça maintenant neuf ans, la réussite de Dragons se répandait en un bouche-à-oreille inarrêtable, chaque bouche toujours surprise de la qualité du film et chaque oreille rendue de plus en plus curieuse face à la réputation de ce dernier-né des studios Dreamworks Animation qui avaient jusqu'alors plutôt fait leur beurre sur un humour de références pop et de second degré un peu facile. Régulièrement, nombre de cinéphiles reprochaient à la firme l'absence d'émotion qui traversait les chefs-d'oeuvres de chez Pixar. La boîte avait connu des succès plus parlants au box-office mais la réception critique de Dragons révélait une appréciation autrement plus pérenne et profonde. Pour la première fois, DWA sortait de sa formule pour un grand film d'aventures plus mature et surtout plus émouvant. Quel était l'arme secrète de ce film à l'intrigue pourtant très classique? Le même que son illustre modèle E.T.

Il n'y a pas de doute, nul autre scène ne cristallise mieux la singularité et la force de cette saga que celle du premier contact physique entre le jeune héros et le dragon. Cette "amitié interdite", comme la nomme si pertinemment le morceau de John Powell qui accompagne la séquence, et qui pourtant se forge au gré d'un dessin abstrait tracé sur le sol et d'une danse improvisée autour donnant naissance à une entente muette qui aboutit en une main tendue, le visage détourné, comme si le regard était prohibé ou qu'il pouvait faire s'effondrer ce moment de poésie suspendu dans le temps, bâti sur une foi si fragile. Cet instant symbolise à lui seul la thématique principale qui incarne le film : l'empathie. C'est l'empathie qui retient la main de Hiccup et l'empêche de tuer le Furie Nocturne, c'est l'empathie qui fait se reconnaître le jeune paria maladroit et chétif dans la posture de la bête blessée et c'est l'empathie qui informe son parcours, de sa découverte de la réelle nature des créatures à leur apprivoisement et donc à une cohabitation qui s'illustre par la symbiose unissant les deux personnages : Toothless ne peut plus voler sans Hiccup, le premier viking qui refusa de tuer un dragon devenu le premier viking à en chevaucher un. Et cette empathie générait celle du spectateur, ému aux larmes par ce rapprochement improbable.

Poursuivant directement dans cette lignée, Dragons 2 opposait le camp de ceux qui exploitent les dragons dans une course à l'armement au camp de ceux qui croient à la vie en harmonie avec les dragons et craignent l'extinction. Le film se terminait sur l'espoir d'un nouveau monde, Toothless étant devenu le nouveau mâle alpha et Hiccup le nouveau chef de sa tribu. Hiccup le pacifiste. Hiccup l'empathique. Ce que Dragons 3 propose de plus intéressant, et donc de déchirant, c'est la mise à mal de ce postulat. Cinq ans séparait la fin du premier film du début du second mais ce troisième opus reprend les choses peu de temps après la fin du précédent et notre chef paraît encore bien bleu. Tout au long du film, les efforts de celui qui a été caractérisé comme intelligent, un inventeur, un stratège, se soldent par des échecs, le film n'ayant pas peur de montrer, et avec insistance, la défaite comme non pas quelque chose de honteux mais d'informatif lorsqu'il est compris. Un thème qui n'est pas sans rappeler l'un des propos de Les Derniers Jedi et, en un sens, Dragons 3 va plus loin encore dans l'ébranlement de la foi du protagoniste et donc du mantra de cette trilogie, se terminant sur un constat d'échec inéluctable depuis le début du film voire de la franchise.

En montrant à plusieurs reprises l'erreur des hommes à ne pas suffisamment s'appuyer les uns sur les autres et à trop s'en remettre aux dragons, c'est comme si le film choisissait de chasser le fantastique comme illusoire. Au même titre que la possibilité de la coexistence entre les deux espèces dans un monde où l'on trouve encore des incarnations de l'intolérance comme peut l'être l'antagoniste (trop similaire à celui du second volet toutefois). L'Homme n'est pas prêt. L'Homme ne mérite pas les dragons. L'Homme doit se sauver lui-même. Après tout, le premier film l'avait annoncé d'entrée, même si l'espoir subsiste à l'échelle individuelle, l'amitié interdite était condamnée d'avance. Après avoir éveillé l'empathie du public et avoir créé une symbiose entre ces films et nous, savoir qu'il n'y aura pas d'autres films dans cette série après Dragons 3 rend les adieux des plus déchirants.

par Robert Hospyan

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