Desierto

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Desierto
Mexique, 2015
De Jonás Cuarón
Avec : Gael Garcia Bernal
Durée : 1h34
Sortie : 13/04/2016
Note FilmDeCulte : ****--
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Désert de Sonora, Sud de la Californie. Au cœur des étendues hostiles, emmené par un père de famille déterminé, un groupe de mexicains progresse vers la liberté. La chaleur, les serpents et l'immensité les épuisent et les accablent... Soudain des balles se mettent à siffler. On cherche à les abattre, un à un.

LES PRISONNIERS DU DÉSERT

L'affiche française de Desierto affiche en guise de tagline: "par les créateurs de Gravity". Si le film est bel et bien produit par Alfonso Cuarón, c'est Jonàs, le fils de ce dernier et co-scénariste de Gravity, qui en est le réalisateur. Il y a un parallèle intéressant à faire entre les deux films: malgré une évidente différence de budget (3 millions de dollars contre 100!), ils se rejoignent dans leur manière de recréer l'angoisse d'un huis-clos dans un espace paradoxalement démesuré, sans frontières ou issues. Les paysages arides de la frontière américano-mexicaine sont ici d'une beauté rare, sublimés par des couleurs qui paraissent presque saturées. Une chatoyance visuelle qui n'est pas sans ironie: un mirage de plus dans un désert où les seules choses qui ne sont pas déjà mortes cherchent à tuer.

Mais les qualités de Desierto ne sont pas que visuelles. Desierto est une sympathique réussite car c'est un film simple, d'une simplicité presque étonnante, d'ailleurs. Plus précisément, parce que Jonàs Cuarón connaît les règles du film de genre, et qu'il croit aux vertus de la sobriété. En partant d'un sous-texte politique évident, mais pas trop appuyé pour autant, ce récit de survie d'un groupe de clandestins attaqués par un ennemi presque invisible aurait pu prendre la voie du film d'horreur (dans la famille des survivals plus tendus encore, ne ratez d'ailleurs pas l'excellent Green Room qui sort très bientôt). Mais Desierto demeure plutôt dans la famille des thrillers. Si la nuance peut paraître floue, disons que la précieuse tension - permanente - de Desierto reste excitante bien plus qu'éprouvante.

Ici, les actes violents ont l'air de faire un peu moins mal qu'ailleurs. Cela ne devient pas un défaut pour autant, car le cœur du film se situe ailleurs que dans un éventuel jeu de massacre jubilatoire. Le scénario et la mise en scène de Cuarón tentent en effet une surprenante ouverture métaphorique dans le dernier tiers, donnant naissance à la meilleure scène de l'ensemble, une chasse muette à la frontière de l'absurde ou du cartoon. C'est la seule sortie de rails d'un film par ailleurs très maîtrisé (et donc très accessible), mais si la prise de risque est brève, elle s'avère payante. Comme le dernier virage sec et fun d'un manège dont on pensait avoir fini le tour, et qui fait dire "encore".

par Gregory Coutaut

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