Coast Guard (The)

Coast Guard (The)
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Coast Guard (The)
Hae Anseon
Corée du Sud, 2002
De Kim Ki-Duk
Scénario : Kim Ki-Duk
Avec : Jang Dong-gun, Yu Hye-jin, Kim Jeong-hak, Park Ji-a
Durée : 1h31
Sortie : 01/09/2004
Note FilmDeCulte : ****--

Un garde-côte militaire est chargé de surveiller une frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, afin de débusquer d’éventuelles incursions espionnes. Un soir, un couple imbibé d’alcool pénètre sur la plage, dans la ligne de mire des soldats.

T’AS PAS UNE GUEULE DE PORTE-BONHEUR

La cruauté douce-amère du magnifique Adresse inconnue n’était peut être qu’un prompt arrêt de bus: après Bad Guy, Kim Ki-duk s’immerge à nouveau dans l’emportement coup de poing via The Cost Guard. Lointainement inspiré de son passage parmi les Marines, le film se situe en plein dans le nerf de la guerre, au sein d’une base militaire où les engagés (dont le soldat Kang, interprété par Jang Dong-gun, star de 2009, Lost Memories) ont parfois la gâchette facile. Emmitouflé dans les rangs belliqueux, Kim Ki-duk se situe dans une position idéale pour scruter les geysers de violence et le puit qui les enfante, dans toute leur complexité et leur absurdité. L’un embrasse souvent l’autre avec une fougue qui n’autorise que peu de discernement – la violence et son cercle semblent, pour leur part, infinis. Pris dans cette étourdissante spirale, Kang devient l’objet saoul d’une architecture démente, où le viol collectif se paie de courses en rond, ou la mise à l’épreuve se décline en grotesques galipettes comme autant de simagrées inhérentes au corps militaire. Le flux sanguin tourne en circuit fermé dans les cerveaux impeccablement domptés, abandonnant les exclus de la ronde à leur condition de fantoches aliénés.

LE BAL DES FANTOMES

Les canines aiguisées du souvenir valent bien tous les fantômes du monde. Dans l’esprit de Kang, soldat bien élevé, les victimes errent ainsi comme des âmes perdues. D’une Ophélie coréenne pataugeant éternellement dans l’eau à une apparition muette parmi les herbes, collant sa main sur une vitre qui figure l’emprisonnement du héros assassin, placé au centre de l’absurde tragédie. Lui-même n’est plus qu’un spectre qui vagabonde, inapte à la vie en société, revenant toujours comme un chien vers son maître, malgré les coups de botte et le désaveu. Kim Ki-duk parle de son décor social qui fabrique le fantôme, la solitude ou la folie. Celle qui récompense dans une hypocrisie infinie le mouton noir, alors qu’il sera lui-même éjecté du cercle quelques jours plus tard. Et celle dont la brutalité ne s’achève jamais: soldats contre soldats, tireurs du sud contre ectoplasmes du nord, civils contre uniforme. La violence prise dans sa sphère est une énigme que l’on regarde comme un spectacle de rue, avant que le tranchant de l’arme ne brise sa rondeur pour rendre compte de sa dangerosité. Le Coast Guard de Kim Ki-duk n’est pas exempt de défaut, appuie certaines de ses figures (la jeune fille folle), mais compense par une fluidité de la mise en scène et de la narration, malgré la valse des points de vue. Sur l’épaule de chacun, l’horizon demeure captif des brumes.

par Nicolas Bardot

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