Kim Ki-Duk

Kim Ki-Duk
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Réalisateur, Scénario, Acteur

C’était il y a 2 ans. L'allure juvénile, une casquette vissée sur la tête, Kim Ki-duk débarque à Paris pour l’Etrange Festival. L'air décontracté, il explique qu'aucun animal n'a été maltraité lors du tournage d’Adresse inconnue, rassurant ainsi Brigitte Bardot et ses acolytes. Un caméscope à la main, il filme son public, comme étonné de voir des salles archi combles pour la projection de ses films. Pourtant, les choses ont changé, depuis des débuts chaotiques jusqu'à ces lendemains qui chantent.

MISE A L’EAU DU CROCO

Kim Ki-Duk naît à Bonghwa, bourgade montagneuse certes charmante, mais assez peu reconnue pour son industrie cinématographique. Le jeune homme ne prétend d'ailleurs pas se lancer dans cette carrière, trop occupé à communiquer avec ses vis-à-vis par coups de tibias et autres réjouissances pour le moins physiques (la violence qui habite le personnage principal de Crocodile était aussi la sienne à l'époque). La voie semble toute tracée, bien droite: école d'agriculture puis travail à l'usine dès 17 ans. D'humeur changeante, il s'engage dans les Marines trois ans plus tard, puis pense à devenir prêtre les deux années suivantes. Si Kim Ki-Duk conserve une certaine constance, c'est dans son amour pour la peinture. Une passion qui date de l'enfance, et qui le pousse à tenter un pari, à l'âge de 30 ans: celui de débarquer en France, avec son seul billet d'avion à la main, et peindre à l'envie, gagnant son pain grâce à ses oeuvres après avoir fait quelques études à Montpellier. La peinture, un motif qui marque au fer rouge sa filmographie, de la prostituée de Birdcage Inn qui débarque avec un tableau sous le bras, au dessinateur de Real Fiction. Un goût qui se retrouve également d'un point de vue formel, tant la composition de ses plans ressemble parfois à des peintures.

PRINTEMPS

De retour en Corée, Kim Ki-Duk écrit et tourne en autodidacte Crocodile, un premier film poétique et violent, au scénario confus, mais laissant apparaître quelques promesses. Wild Animals suivra, mais les deux films sortent dans un anonymat quasi total. Un gros coup pour sa carrière de cinéaste, ce qui lui rend plus difficile le développement de son troisième long métrage. Remportant un concours de scénario, il parvient tant bien que mal à monter Birdcage Inn, film plus doux et nostalgique que ses deux précédentes oeuvres, l'histoire d'une prostituée qui parvient peu à peu à se faire accepter par sa "famille" d'accueil. La reconnaissance viendra avec son long métrage suivant. En effet, L'Ile se promènera de festival en festival, glanant ici et là quelques prix. Son poème SM assez fascinant conte l'histoire d'une sirène qui enferme des voyageurs dans son hôtel aquatique (avec à la clef quelques scènes choc illustrant un usage pour le moins singulier de hameçons par ladite sirène). Kim Ki-Duk ne se grise pas et tente une expérience avec son film suivant, Real Fiction, qu'il tournera en une journée. Une entreprise qui vaut surtout pour le défi technique, tant l'intérêt intrinsèque sera lui, plus relatif. Arrive ensuite le film qui symbolise un passage de palier: Adresse inconnue. D'une maturité et d'une maîtrise, tant sur la forme que dans le fond, qui manquaient peut être à sa filmographie, Kim Ki-Duk signe, avec cette autobiographie filmée, sa plus belle promesse.

ETE

Bad Guy, son film suivant, marque la première vraie rencontre avec le public coréen. Le long-métrage est un succès commercial, allégresse à laquelle le metteur en scène n’était pas réellement habitué auparavant. Après deux années marquées par le tournage de quatre œuvres, Kim Ki-duk ralentit le rythme et donne davantage dans l’introspection. En découleront deux films (The Coast Guard et Printemps, été, automne, hiver… et printemps) faisant part des deux faces du cinéastes: celui qui, dans sa jeunesse, s’est engagé dans l’armée, puis qui s’est rêvé moine en lâchant l’uniforme des Marines. Alors que le premier cité s’inscrit dans la veine un peu plus brouillonne du Coréen, le second atteint un niveau d’achèvement qui rappelle que le présage d’Adresse Inconnue n’était pas vain. Le film reçoit des louanges jusqu’au territoire américain, signe d’une nouvelle étape franchie dans l’expansion géographique de Kim Ki-duk. Bête de festival, l’homme vient de se faire récompenser par l’Ours d’argent du meilleur réalisateur pour Samaria, son nouveau film dont la sortie en France est prévue pour automne prochain. Car après s’être fait admirer des années durant dans les festivals, c’est maintenant dans les salles du monde entier que l’œuvre de Kim Ki-duk répand sa musique.

par Nicolas Bardot

En savoir plus

2004 Samaria 2003 Printemps, été, automne, hiver…et printemps 2002 The Coast Guard 2001 Bad Guy 2001 Adresse Inconnue 2000 Real Fiction 2000 L’Ile 1998 Birdcage Inn 1996 Wild Animals 1996 Crocodile

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