Arc (L')

Arc (L')
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Arc (L')
Hwal
Corée du Sud, 2005
De Kim Ki-Duk
Scénario : Kim Ki-Duk
Avec : Seo Ji-seok, Jeon Sung-hwan, Han Yeo-reum
Durée : 1h30
Sortie : 14/12/2005
Note FilmDeCulte : ****--

Un vieux pêcheur garde avec lui, sur son bateau, une jeune fille qu’il compte bien épouser lorsque celle-ci aura atteint ses 17 ans. Mais l’étrange couple attire l’attention de visiteurs occasionnels.

BROKEN ARROW

Avec son appétit de stakhanoviste, Kim Ki-duk accouche parfois du meilleur (Adresse inconnue, Printemps, été, automne, hiver… et printemps, Samaria), malgré quelques sautes de tension (le lourdingue Bad Guy, ou dans une moindre mesure, le récent Locataires, joliment troussé mais parfois maladroit). L’Arc se situe entre ces deux tendances, inégal mais assez plaisant. Une fois de plus, le Coréen turbulent se fait Géo Trouvetout de la poésie: l’avenir révélé au bout d’une flèche, les fauteuils disposés tout autour d’un bateau et dirigés vers l’onde infinie, une balançoire au-dessus des vagues, ou le rituel d’une main, tombant du lit pour caresser un bras qui, jour après jour, se dérobe de plus en plus. Friand des histoires d’amour tordues, Kim Ki-duk se penche ici sur une relation ambiguë, celle d’une jeune fille quasi muette et de son mentor bienveillant, un lien qui fluctue entre syndrome de Stockholm et révolte adolescente, geste de tendresse et collier de perles arraché. C’est en partie dans ces moments de tension que L’Arc prend de l’ampleur, peignant avec talent les chimères déçues de l’un et l’éveil sanguin de l’autre.

LA ROSE ET LA FLECHE

Pendant ce temps, Kim Ki-duk, en terrain bien connu, s’amuse avec ses figures. Cette samaritaine dont le sourire faisait l’énigme du film du même nom arbore une même lumière sur son visage, à ceci près que cet éclat semble se faner au fil du récit. Les hameçons, eux, trouvent un tout autre usage que dans L’Ile. Mais une chose ne change pas: l’isolement sociétal et utopique finit par prendre l’eau, dans un monastère ou comme ici sur un bateau isolé. Les liens silencieux finissent par se rompre, l’autre monde dévore tout. Le réalisateur use et abuse de symboles, au point, parfois, de frôler la sortie de piste, voir quelques revirements peu convaincants de ses protagonistes ou des images un peu appuyées. Mais sa triste poésie demeure, celle des naufrages lumineux et des promises en fuite, celle d’un vieux qui bande son arc devenu impuissant, substitut sexuel et instrument de musique dont le son retiendra peut-être sa sirène. "Force et beauté sonore – comme un arc tendu… je veux vivre ainsi jusqu’à mon dernier souffle". La corde au cou ou libéré par les vagues.

par Nicolas Bardot

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