Chappie

Chappie
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Chappie
États-Unis, 2015
De Neill Blomkamp
Scénario : Neill Blomkamp, Terri Tatchell
Avec : Sharlto Copley, Hugh Jackman, Sigourney Weaver
Photo : Trent Opaloch
Musique : Hans Zimmer
Durée : 1h54
Sortie : 04/03/2015
Note FilmDeCulte : ***---
  • Chappie
  • Chappie
  • Chappie

Après avoir été kidnappé à la naissance par deux criminels, Chappie devient le fils adoptif d’une étrange famille dysfonctionnelle. Chappie a été doté d’un pouvoir exceptionnel. Un vrai prodige. Mais Chappie est aussi accessoirement un robot…

FLAPPIE

Il est difficile d'en vouloir à un film de science-fiction original en 2D et Rated R mais quand c'est moyen, c'est moyen. Il est également difficile de comprendre comment Neill Blomkamp est passé de District 9, où toutes les influences étaient digérées, où le régime des images était malin et réfléchi, où l'écriture était carrée, à Elysium et Chappie. Le dernier opus de Blomkamp apparaît plus intéressant et abouti qu'Elysium, notamment parce que les thématiques chères au cinéaste (pauvreté, discrimination, progrès technologique) semblent moins donner dans la redite d'une formule - pas d'opposition des classes ici, pas de scène où le héros doit revêtir l'armure de "l'ennemi" pour vaincre - et que la mise en scène oscille moins entre deux extrêmes (caméra portée "réaliste"/ralentis outranciers "magnifiants") mais le scénario présente les mêmes facilités dans l'écriture. Elysium était une station inaccessible...où on rentrait comme dans un moulin et la même absence de système de sécurité semble gouverner la compagnie Tetra Vaal (que l'on pourrait rebaptiser OCP tellement le début du film plagie Robocop) où n'importe quel employé peut pénétrer dans la pièce qu'il veut, chourer une clé USB toute-puissante que le récit a pourtant pris le temps de nous présenter comme the pare-feu au piratage des robots. Et cette clé de passer de main en main, débloquant le moindre obstacle rencontré par un protagoniste sur son passage sans que personne ne s'en soucie alors que ça fout de plus en plus la merde. Il faut dire que tout ce qui touche à l'antagonisme entre Deon et Vincent Moore, directement repris de Robocop donc, est raté, principalement à cause de la caractérisation du bad guy campé par Hugh Jackman. On ne croit tout simplement pas à son personnage. Déjà, il est évident que son projet (un ersatz d'ED-209) n'est pas viable (contrairement aux robots, il n'est pas indestructible) mais surtout, ses motivations n'ont aucun sens. Pourquoi tient-il à tout prix à l'imposer sur le terrain? Croit-il vraiment que c'est un meilleur choix? Comment est-ce possible quand le déploiement des robots a presque anéanti la criminalité? Et s'il agit par foi, comment peut-il créer sans états d'âme un tel désordre dans la ville par la suite? Et une fois en action, on dirait qu'il avait juste envie de dézinguer des gens (et à part un détail gore, c'est pas vraiment badass).

Les dix dernières minutes, vraiment belles, donnent presque envie de pardonner ce climax vulgos, mais elles sont amenées une fois de plus avec un raccourci scénaristique honteux (Chappie, qui parle pourtant toujours comme un gamin teubé, résout en deux coups de clavier et avec cinq PS4 reliées ensemble une manip prétendument impossible). C'est dommage, parce que ce n'est pas le seul moment touchant du film. L'ouvrage n'est jamais du niveau d'un E.T. ou d'un Wall-E alors que le potentiel émouvant était là, mais il y a quelque chose d'attachant dans la performance (capture) de Sharlto Copley, que les effets spéciaux, tout bonnement invisibles, subliment. Lorsque le film tend vers la fable sur la paternité, il se révèle plus probant. L'opposition dans le tutorat de Chappie entre son "créateur" et son "papa" aurait gagné à être approfondie mais le casting des membres du groupe de hip hop sud-africain Die Antwoord se fait plutôt surprenant. Ninja et Yo-Landi ne jouent pas vraiment bien et on aurait du mal à contre-argumenter l'idée que de vrais acteurs auraient pu apporter l'émotion manquante, mais le duo est tellement unique que le film en devient original. Et plutôt amusant. L'audace de Blomkamp à varier les tons, réussissant à faire rire avec Chappie se prenant pour un gangsta avant de faire mal quand Chappie se fait tabasser, est des plus admirables. Six ans après, la promesse de District 9 ne semble pas tenue. Espérons que Blomkamp comprenne qu'il est un piètre scénariste et engage les services d'un autre à l'avenir. Sinon son Alien sera pas forcément meilleur que Prometheus. Ou même Alien Vs. Predator.

par Robert Hospyan

Commentaires

Partenaires