Carnage

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Carnage (2011)
France, 2011
De Roman Polanski
Scénario : Roman Polanski, Yasmina Reza
Avec : Jodie Foster, John C. Reilly, Christoph Waltz, Kate Winslet
Photo : Pawel Edelman
Musique : Alexandre Desplat
Durée : 1h20
Sortie : 07/12/2011
Note FilmDeCulte : ****--
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A la suite d'une bagarre entre leurs enfants dans un square, deux couples new-yorkais règlent leurs comptes...

CIVILITÉS

On considère souvent le grotesque comme étant à tort synonyme du ridicule. Or dans le domaine de l’art, le grotesque est un registre bien plus nuancé, où l’absurdité est liée à une dimension de malaise, d’inquiétude. Contrairement au ridicule, le grotesque dérange même quand il fait rire, et laisse un goût amer. A l’origine du dernier film de Roman Polanski, il y a la pièce Le Dieu du carnage, dans laquelle Yasmina Reza faisait naître une tempête dans un verre d’eau entre deux couples dits civilisés. Leur affrontement épique, violent et grotesque au sujet d’une broutille (évidemment) contenait ce qu’il fallait de claustrophobie et de manipulation pour trouver écho dans la filmographie du réalisateur de Répulsion, du Locataire et de La Jeune fille et la mort.

Mais, et peut-être contrairement à ce que laissait indiquer son titre, cette pièce n’était pas qu’une mise à mort saignante de la civilisation et de la diplomatie. Dans « jeu de massacre » il y a « jeu », et la grande qualité du texte était de parvenir à parler d’hystérie, à démontrer sa construction et son bouillonnement, sans être elle-même hystérique. En marchant avec équilibre à la fois sur le registre de la tension et du rire, Yasmina Reza évitait avec élégance le piège pourtant presque inévitable qui l’attendait : celui d’en faire trop. Les qualités de la pièce sont également celles du scénario (cosignée de la dramaturge) : Carnage n’est pas Qui a peur de Virginia Woolf ?, grande pièce d’Edward Albee devenue choucroute hystérico-pénible à la limite du camp devant la caméra de Mike Nichols.

Et justement, la mise en scène de Roman Polanski, toute discrète qu’elle est, s’adapte parfaitement aux respirations du texte et à ses glissements de registres. Les cadres fixes et froids qui composent la première partie du film, emprisonnant ses personnages dans leurs propres rôles (comme le plan-séquence d’ouverture), laissent peu à peu place à des mouvements plus nuancés, plus fluides et plus personnels. Loin de la paresse simpliste du théâtre filmé, donc. Au final, même si Carnage reste un film mineur dans l’œuvre de son réalisateur, il offre à nouveau la preuve que ce dernier est également un exceptionnel directeur d’acteur. L’ensemble du casting donne ici l’impression d’être toujours juste et parfait sans faire le moindre effort. Jodie Foster trouve ici son meilleur film depuis, disons, Panic Room il y a dix ans, et Kate Winslet, qui s’urinait déjà dessus dans Holy Smoke, subit ici à nouveau les derniers outrages avec beaucoup d’élégance.

par Gregory Coutaut

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