L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart

L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart

Vitalité épatante du cinéma américain, jusque dans ses recoins les plus mainstream, contre le reste du monde? 2007, à quelques belles exceptions internationales (le suisse Comme des voleurs (à l'est), le japonais Rétribution...) ce fut, un peu tristement, ça : confirmation que même au sein de l'industrie la plus prompte au formatage et à la production à la chaîne, les plus belles mauvaises herbes peuvent prendre racine. Et la France? Face visible : conservatrice et endormie, comme de juste. Où l'attendre d'autre? Sur sa face invisible? Et vous êtes allés la voir, vous, sa face invisible?

  • L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart
  • L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart
  • L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart
  • L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart
  • L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart
  • L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart
  • L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart
  • L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart
  • L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart
  • L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart
  • L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart
  • L'année cinéma 2007 de Guillaume Massart

Mon top 10

1. Artavazd Pelechian, le poète cinéaste arménien
2.
INLAND EMPIRE de David Lynch
3. Apocalypto de Mel Gibson
4. Boulevard de la mort de Quentin Tarantino
5. Planète Terreur de Robert Rodriguez
6. Paranoïd Park de Gus Van Sant
7. Hot Fuzz d'Edgar Wright
8. Golden door d'Emanuele Crialese
9. Ne touchez pas la hache de Jacques Rivette
10. Hyper Tension de Mark Neveldine et Brian Taylor

Mon coup de coeur

L'un des plus beaux films de l'année n'était pas visible en salles. Pour le trouver, il fallait se rendre dans une galerie d'art du XIIIème arrondissement de Paris. Premier film de fiction de la documentariste Ariane Michel, The Screening se donnait en effet à voir chez Jousse Entreprise, assorti de ses storyboards. Nouvelle façon d'approcher la distribution? Tout dépend de l'angle par lequel on voit la chose : le film appartient en effet à cette galaxie de films privés de visibilité, contraints de réinventer leurs espaces d'exposition (Pierre Huyghe, Christophe Atabekian, Christelle Lheureux, etc. - nous reviendrons bientôt sur ces cinéastes de l'ombre). Galeries d'art, streaming, blogs vidéo ou salles uniques (voir par exemple la relation privilégiée qu'entretiennent les artistes de PointLignePlan avec le cinéma parisien l'Entrepôt) : de plus en plus d'oeuvres, souvent audacieuses et avant-gardistes du fait de la liberté de ton allant de pair avec leurs très faibles budgets, empruntent de nouveaux chemins. On peut se lamenter quant à l'étroitesse de leur distribution. Il faut surtout se féliciter de leur existence et insister, chaque fois que possible, sur ce qu'il en ressort de meilleur. Ariane Michel est un exemple idéal : à la tête d'une éblouissante filmographie constellée de courts métrages consacrés à la représentation cinématographique des animaux (avec deux sommets : Après les pluies et Rêve de cheval), son opiniâtreté va finir par payer. En mai 2008, soit deux ans après sa première présentation en festival, son premier et sidérant long métrage documentaire, Les Hommes, aura droit à une sortie en salles. Nul doute que nous en reparlerons.

Un lien

Mon coup de griffe

Complètement ignorée par la critique française, démolie par les rares "plumes" l'ayant entraperçue (la véritabe "insulte au bon goût, à l'intelligence et à l'humanité tout court", c'est encore la "critique" de Frédéric Mignard pour aVoir-aLire), traîné dans la boue par une double-nomination aux Razzies, Material Girls de Martha Coolidge (réalisatrice du mémorable et très eighties Valley Girl, accessoirement scénariste de Weeds et Sex And The City) est pourtant l'une des plus subtiles comédies américaines sorties sous nos latitudes cette année, juste derrière l'immense Super Grave. Brillamment écrit, interprété, rythmé et même, oui, mis en scène, le film, si l'on excepte sa fin trop sucrée, est un petit miracle de drôlerie et d'intelligence. On peut s'interroger sur les raisons du rejet de cette fable sur l'inadaptabilité : elles sont un peu les mêmes que celles qui condamnèrent à l'opprobre le courageux Prix à payer d'Alexandra Leclère (consacré bouse de l'année sur la seule base de sa très vulgaire campagne publicitaire). La question est hautement politique : il semblerait que parler d'argent dans une comédie, c'est-à-dire faire de la politique en contrebande, soit toujours déjà suspect. Parler d'argent au cinéma, pour que ce cinéma soit recevable, serait uniquement parler depuis le point de vue de ceux qui en sont démunis ; comme s'il y avait un point de vue propre et un point de vue sale, comme s'il fallait nier l'existence d'une partie de la population. Interrogeons-nous schématiquement s'il le faut : quelle comédie serait mieux reçue par la critique, aujourd'hui? Celle mettant en scène un pauvre qui devient riche et qui flambe et finit par redevenir pauvre ? Ou celle mettant en scène un riche qui devient pauvre et n'y comprend rien, se retrouve confronté à un monde hostile aux pauvres et fait tout pour redevenir riche? Qu'est-ce qui est plus fort politiquement, moralement? Qu'est-ce qui est plus fort cinématographiquement?

Mes cinq attentes 2008

1. Les Hommes d'Ariane Michel
2. Redacted de Brian De Palma
3. Vinyan de Fabrice Du Weltz
4. Diary of The Dead de George A. Romero
5. Dans la vie de Philippe Faucon

par Guillaume Massart

Partenaires