CÉSAR 2012: le bilan !

La 37e cérémonie des César vient de s'achever. Que retenir du palmarès et de cette soirée ? FilmDeCulte fait le bilan.
C'EST CE QU'ON APPELLE DE LA COMÉDIE
Avec 6 récompenses dont celles du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleure actrice, The Artist est le grand gagnant de la soirée. Et un beau gagnant, ambitieux, populaire et réussi. Sa victoire ne semblait pas si aisée car la concurrence était rude. Au moment de l'annonce de la récompense suprême, un film comme L'Exercice de l'état, déjà récompensé 3 fois dont en meilleur scénario, aurait pu faire un hold-up. Mais The Artist a gagné, et a fait taire par la même occasion toutes les chouineuses qu'on doit subir année après année, se lamentant que les César snobent systématiquement les comédies. Ces quinze dernières années, le genre a pourtant toujours été très représenté, soit nommé (Un air de famille, Pédale douce *!*, Le Dîner de cons, Taxi *!!*, 8 femmes, L'Arnacoeur, Le Nom des gens, Mammuth, Intouchables) ou même gagnant (Le Goût des autres, Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain ou The Artist, pour ne garder que les couronnés en meilleur film). Ce n'est pas parce que les ciné-téléfilms de Dany Boon sont boudés aux César que la comédie est boudée elle aussi. The Artist a un panache qui le porte au-delà du simple calibrage pour TF1, c'est un vrai film de cinéma, et contrairement aux Oscars où sa probable victoire dimanche soir semble surtout être le couronnement d'un plan com' bien huilé, cette victoire aux César est un vrai plébiscite. Qui a porté chance à Bérénice Béjo: nommée mais pas gagnante dans la catégorie meilleur espoir féminin en 2001 pour le film du même nom, Béjo passe ce soir directement par la case meilleure actrice.
C'EST DÉJÀ UN HONNEUR QUE D’ÊTRE NOMINÉ
D'autres films se sont néanmoins distingués. L'une des nombreuses excellentes surprises de Cannes, L'Exercice de l'état est donc reparti avec 3 statuettes. Là encore, un succès public et critique confirmé par ces récompenses. Polisse, film le plus nommé de la soirée, reste sur une petite déception et se contente de deux César en montage et espoir féminin (Naidra Ayadi). Ce dernier prix est partagé par Clotilde Hesme pour son improbable interprétation de mannequin Inrocks dans Angèle et Tony. L'un des rares moments d'émotion de la soirée a été apporté par Omar Sy, couronné meilleur acteur pour Intouchables. Probablement la meilleure façon de ne pas oublier le succès phénoménal du long métrage, plutôt que des prix too much (meilleur film ou réalisateur). On ne fera pas semblant d'être déçu pour le brillantissime L'Apollonide, seulement récompensé en costumes: Bonello et les César ne semblent pas faits pour s'entendre. Même chose pour Alain Cavalier dont la récompense était la nomination. Beau César à nouveau pour Roman Polanski, dont Carnage a été largement sous-nommé (César du meilleur scénario adapté). On pourra se demander, en revanche, si les votants ont réellement vu Les Femmes du 6e étage où Carmen Maura fait une petite apparition, tandis qu'un 2e César en 2 films pour Joann Sfar (cette fois en animation pour Le Chat du rabbin) semble bien généreux. Pas de générosité en revanche pour La Guerre est déclarée, grand perdant de la soirée: 6 nominations, aucun César. On pouvait penser que Donzelli avait peut-être une carte à jouer en meilleure actrice, catégorie mal nommée qui récompense en fait souvent "la meuf sympa de l'année" (syndrome cécile de franco-isabelle carréo-karin viardo-sara forestieresque), mais même pas. Enfin, l'Iran a remporté le César du meilleur film étranger. On est pourtant à peu près sûr que de 2011, on gardera davantage Melancholia, Black Swan ou Drive à côté desquels Une séparation semble bien petit.
ET ON FAIT TOURNER LES SERVIETTES
Palmarès ok. Mais la soirée ? Comme d'habitude, assez triste. Antoine de Caunes condamné à être un sous-sous Billy Crystal dès le clip d'intro (Valérie Lemercier est apparue quelques secondes dans un sketch et c'était déjà meilleur que toute la soirée de De Caunes), gags sur sa mauvaise haleine, discours mortuaire de Guillaume Canet qui rend le James Franco des derniers Oscars plein de vie... Mais il y aura eu avant tout deux grands moments de solitude. D'abord celui de Julie Ferrier, qui après ses gags impayables (ou pas) à base de "mes nibards débordent", a cette fois offert un bien beau spectacle canin où elle finit par se faire monter par un chien. Et après on s'étonne que le public reste de glace. Mais le pire aura été sans conteste la goujaterie de Mathilde Seigner qui, alors que Michel Blanc vient de finir son discours de remerciements pour le César du meilleur second rôle (son premier César après 7 nominations), se permet d'inviter Joeystarr sur scène parce qu'elle aurait préféré le voir gagner, comme elle l'indique avec la finesse qui la caractérise. On l'imagine déjà expliquant qu'elle est comme elle est, qu'elle dit ce qu'elle pense, tant pis si ça vous plaît pas. Ça nous a, à nous, plutôt évoqué, désolé pour le manque de classe, le comportement d'une truie. Le glamour aura pas mal manqué à la présentation. Les moyens ne sont pas les mêmes qu'aux Oscars, certes. Mais quand De Caunes ouvre le show par un copier-coller (en moins bien) de ce qu'accomplit Crystal aux Oscars, difficile de ne pas comparer. Et lorsque les remettants, aux Oscars, s'appellent Meryl Streep, Tom Cruise ou Cameron Diaz, aux César, ça n'est pas Deneuve, Huppert ou Cassel, mais plutôt Zoé Félix, Gilles Lellouche et Olivia Bonamy. Difficile de faire rêver.