A Dangerous Method

A Dangerous Method
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A Dangerous Method
États-Unis, 2011
De David Cronenberg
Scénario : Christopher Hampton
Avec : Michael Fassbender, Keira Knightley, Viggo Mortensen
Photo : Peter Suschitzky
Musique : Howard Shore
Sortie : 21/12/2011
Note FilmDeCulte : ***---
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Sabina Spielrein, une jeune femme souffrant d'hystérie, est soignée par le psychanalyste Carl Jung. Elle devient bientôt sa maîtresse en même temps que sa patiente. Leur relation est révélée lorsque Sabina rentre en contact avec Sigmund Freud...

LE DISCOURS DE LA MÉTHODE

Boudé à Cannes, rattrapé à Venise, distribué tardivement et précédé d’une réputation peu flatteuse, A Dangerous Method n’est ni la calamité redoutée, ni le bijou subversif vanté par les cinéphiles acharnés. Dans tous les cas, c’est une déception. La plus grande perversion de David Cronenberg est sans doute d’avoir réussi à se rendre invisible pour mieux s’effacer derrière la voix de Christopher Hampton, scénariste du film (adapté de sa propre pièce, The Talking Cure). A Dangerous Method est un film volubile mais monocorde, d’un classicisme aussi séduisant qu’ankylosé. La parole est tiède, le style méconnaissable. Même s’il rappelle en filigrane des thèmes chers à Cronenberg (la jalousie, le double, la pulsion sexuelle), A Dangerous Method est un lent et douloureux refoulement des expérimentations d'antan. Cronenberg semble prendre un malin plaisir à ne rien montrer de sa maestria formelle. C’est un film cérébral, hautement conscient de son intelligence, réglé au métronome et à la virgule près, verrouillé de toutes parts, ne laissant aucune place à la digression ou à la diversion. Dans un contexte de paix illusoire avant la Première Guerre, le désir réprimé est bien sûr au cœur du trio Freud-Jung-Spielrein. Mais ici, la chair est reléguée au second plan, le regard distancié, le corps muselé. C’est le pouvoir du verbe, la toute-puissance d’une idée qui blesse et étreint à la fois. Les idées sont pourtant évasives, à peine esquissées, le plus souvent mal exploitées. Entrecoupé d’ellipses intempestives, A Dangerous Method se résout à n’être qu’une simple figure raide et théorique, la plate illustration d’une rivalité qui s’avérait plus passionnante sur le papier. Le conflit entre Jung et Freud se résume à un pesant échange épistolaire. Quant à l’émancipation physique et intellectuelle de Sabina Spielrein, elle est si mécanique qu’elle semble factice. Il n’y a guère que le personnage d’Otto Gross (Vincent Cassel) pour sortir de la neurasthénie cette plaisante mais frustrante galerie de penseurs. Michael Fassbender, toujours remarquable, porte le film avec une amertume et une gourmandise raffinées. Le fringant Viggo Mortensen campe un Freud aussi jovial que cocasse. Peu aidée par le scénario, Keira Knightley se débat tant bien que mal contre son personnage de marionnette désarticulée et grimaçante. Tous trois auraient mérité une analyse plus sensible et moins superficielle.

par Danielle Chou

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