Festival de Gérardmer 2018: le bilan !

Festival de Gérardmer 2018: le bilan !

Clap de fin sur le Festival du Film Fantastique de Gérardmer ! FilmDeCulte fait le bilan de cette édition.

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La 25e édition du Festival du Film Fantastique de Gérardmer s'est achevée ce weekend. A l'heure du bilan, on a envie de féliciter le jury qui à nos yeux a distingué ce qui constituait de loin les deux meilleurs films de la compétition : le film d'horreur Ghostland du Français Pascal Laugier (qui faisait sa première mondiale au festival) et le conte fantastique Les Bonnes manières des Brésiliens Marco Dutra & Juliana Rojas (un prix de plus pour un film qui brille en festivals depuis sa première à Locarno l'été dernier). Voilà des longs métrages qui cochent toutes les bonnes cases : deux œuvres ambitieuses, accomplies, avec de la personnalité, et qui contrairement à pas mal de films de la compétition cette année (The Lodgers, Le Secret des Marrowbone, Les Affamés voire dans une moindre mesure Revenge) ne restaient pas sur les rails de leurs genres respectifs. C'est ce qu'on attend d'un festival, c'est encore plus ce qu'on attend d'un festival dédié à un genre subversif : des films popcorn fonctionnant selon des recettes dans une certaine mesure, mais avant tout des films imaginatifs qui secouent et surprennent.

Ghostland et Les Bonnes manières se démarquent de deux manières différentes. Ghostland ressemble à une plongée radicale au sein-même du cinéma de Pascal Laugier, sorte de jumeau brisé de son Martyrs où brutalité physique et échappée mentale proposent entre autres une fascinante exploration du genre. Les Bonnes manières, lui, fait le chemin inverse : là où Ghostland plonge en lui-même, le film brésilien est porté par une continuelle curiosité, une porosité de tous les genres, une association surprenante qui au-delà du séduisant étonnement donne encore plus de vie au récit. Le palmarès a été complété par un prix du jury ex-aequo aux Affamés, film de zombies bien troussé mais qui en comparaison semble bien plus programmatique. Un prix qui atterrit un peu dans le vide puisque le film sera bientôt avalé par l'anonymat du catalogue ciné de Netflix.

Après le triomphe de Grave l'an passé, c'est la deuxième année de suite qu'un film français est couronné. Jamais la France n'avait remporté le Grand Prix avant Julia Ducournau, à une heure où la nouvelle vague horrifique française d'il y a une quinzaine d'années semblait exsangue et épuisée. Mais est-il vraiment possible de faire du cinéma fantastique en France ? Ghostland, Revenge et Cold Skin (réalisé par Xavier Gens) sont tous tournés en anglais et à l'étranger. L'exception étant le réussi La Nuit a dévoré le monde de Dominique Roche... qui a en fait été tourné en deux versions : en français, puis en anglais. Malgré un buzz en or et une critique très positive (ce qui en France n'arrive pas tous les jours pour le cinéma de genre), Grave a fait 150.000 entrées. Bien que tourné en anglais et avec une star (Mylène Farmer), Ghostland, par sa radicalité et son approche moins public-friendly que Grave, n'aura peut-être pas la partie facile en salles. Son soutien par le festival et le jury est d'autant plus précieux.

Hormis La Nuit a dévoré le monde, quelques autres films notables ont été repérés hors compétition: le Mexicain El Habitante et son mélange de genres, l'Américain Downrange qui, par son goût du grotesque, sa cruauté graphique et son idiotie érigée au rang de qualité, est plus japonais qu'on ne le croyait (le film est écrit et réalisé par Ryuhei Kitamura), ou encore Avant que nous disparaissions, la surprenante merveille de Kurosawa. Beaucoup de surprises me direz-vous ? Le reste de la sélection a, à notre sens, laissé un peu trop de place à des formules sages, à une vision moins curieuse du genre qu'il y a 3 ou 4 ans, et à un tout-anglo-saxon qui appauvrit un peu le panorama fantastique en diversité. On espère que les deux gagnants de cette année inspireront des choix audacieux pour une 26e édition qu'on attend déjà avec impatience...

Entretiens
"Pour nous, c'est une déclaration politique" - entretien avec Juliana Rojas et Marco Dutra, réalisateurs des Bonnes manières
"Quand il s’agit de mettre de la thune, c’est pas la cause féministe qui rallie les gens" - entretien avec Coralie Fargeat, réalisatrice de Revenge
La Filmothèque idéale de Kiyoshi Kurosawa - à l'occasion de projection de Avant que nous disparaissions

Gros plans
Le palmarès
Le palmarès de la rédaction
Les 8 films à surveiller à Gérardmer
25 ans de palmarès: les tops et les flops de Gérardmer
Gros plan en images sur la sélection
Le cinéma de Clive Barker - à l'occasion de la nuit Hellraiser

Compétition
Chasseuse de géants, Anders Walter
Housewife, Can Evrenol
Le Secret des Marrowbone, Sergio G. Sanchez
Les Affamés, Robin Aubert
Les Bonnes manières, Juliana Rojas & Marco Dutra
Ghostland, Pascal Laugier
Mutafukaz, Shojiro Nishimi & Guillaume Renard
Revenge, Coralie Fargeat
The Lodgers, Brian O'Malley
Tragedy Girls, Tyler MacIntyre

Hors compétition
4 histoires fantastiques, Just Philippot, Mael Le Mée, William Laboury & de Steeve Calvo
78/52, Alexandre O. Philippe
Avant que nous disparaissions, Kiyoshi Kurosawa
Cold Skin, Xavier Gens
Downrange, Ryuhei Kitamura
El Habitante, Guillermo Amoedo
Errementari – The Blacksmith and the Devil, Paul Urkijo Alijo
Escape Room, Will Wernick
Game of Death, Sébastien Landry & Laurence Morais
Heirs of the Beast, Diego Lopez & David Pizarro
Le Labyrinthe: le remède mortel, Wes Ball
La Nuit a dévoré le monde, Dominique Rocher
La Princesse des glaces, Alexei Tsitsilin
Prey, Dick Maas
The Titan, Lennart Ruff
Winchester, Michael & Peter Spierig

La Nuit décalée
Beyond Skyline, Liam O'Donnell
Mayhem, Joe Lynch

Séance du 25e anniversaire
Scream, Wes Craven

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par Nicolas Bardot

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