The Wrestler

The Wrestler
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Wrestler (The)
États-Unis, 2008
De Darren Aronofsky
Scénario : Robert Siegel
Avec : Mickey Rourke, Marisa Tomei, Evan Rachel Wood
Photo : Maryse Alberti
Musique : Clint Mansell
Durée : 1h45
Sortie : 18/02/2009
Note FilmDeCulte : *****-
  • The Wrestler
  • The Wrestler
  • The Wrestler
  • The Wrestler
  • The Wrestler
  • The Wrestler
  • The Wrestler
  • The Wrestler
  • The Wrestler
  • The Wrestler
  • The Wrestler
  • The Wrestler

A la fin des années 80, Randy Robinson, dit "The Ram" ("Le Bélier"), était une star du catch. Vingt ans plus tard, il ne se produit plus que dans des salles de gym de lycées ou des maisons de quartier… Brouillé avec sa fille, il est incapable d'entretenir une relation durable avec quiconque : il ne vit que pour le plaisir du spectacle et l'adoration de ses fans. Mais lorsqu'il est foudroyé par une crise cardiaque au beau milieu d'un match, son médecin lui explique qu'il doit abandonner le catch : un autre combat pourrait lui être fatal. Contraint de se ranger, il tente de renouer avec sa fille et, dans le même temps, entame une liaison avec une strip-teaseuse vieillissante. Pourtant, son goût du spectacle et sa passion pour le catch risquent bien de reprendre le dessus et de le propulser de nouveau sur le ring…

CATCHEUR IF YOU CAN

Darren Aronofsky est un malin et un grand cinéaste. Après avoir dérouté la critique et le public avec l'absolutiste The Fountain, il revient derrière la caméra pour un drame indé dans la plus pure tradition du genre, un Rise and Fall filmé caméra à l'épaule, réaliste et poignant sur un symbole fort et déchu de l'Amérique de Ronald Reagan, le catcheur musclé. Au-delà du cas particulier de The Ram, The Wrestler raconte le décalage de ceux qui ont cru aux mirages de la toute puissance de la bannière étoilée dans les années 80, à grand coup de standards de hard rock épique ou de jeux vidéo eighties. On pense à la saga Rocky, bien sûr, contexte sportif oblige, mais surtout aux frères terribles du cinéma belge, Luc et Jean-Pierre Dardenne, quand Darren Aronofsky glisse sa caméra derrière l'envers du décor, ces mobile-homes en fin de vie, qui abritent les fantômes du passé à la marge de la société.

MICKEY ROURKE IN LOVE

Et puis il y a un corps. Celui body-buildé et abîmé de Mickey Rourke, qui tient peut-être là le rôle de sa vie. L'acteur de L'Année du dragon incarne à la perfection la détresse du personnage principal. Comme lui, il a eu son moment de gloire dans les années 80 avant de connaître une lente déchéance. Comme The Ram, il paraît fatigué par la vie, toujours au bord de la rupture, aussi bien sur le plan physique que sur le plan psychologique. Darren Aronosfky ne l'a pas épargné, mais Mickey Rourke sort magnifié de l'expérience, vieux lion prêt à rugir une dernière fois avant l'oubli définitif cette fois. La scène est son ring, le plateau de cinéma le seul lieu de travail possible. Le New-Yorkais s'offre dans The Wrestler un come-back retentissant. La légende explique qu'il aurait écrit ses propres répliques, en concertation avec le cinéaste. Difficile à dénouer le vrai du faux, le discours médiatique et la réalité artistique, mais il est certain que Mickey Rourke, ancien boxeur semi-professionnel, s'est investi comme jamais, conférant au personnage du Bélier une immense humanité et une extrême fragilité.

CORPUS CHRISTI

Même si sa mise en scène est plus sobre qu'à l'accoutumée, le travail de Darren Aronofsky est toujours traversé par les mêmes thématiques. Depuis Pi, son premier long métrage, en passant par Requiem for a Dream, son chef d'oeuvre opératique, le cinéaste entretient un rapport particulier avec la représentation du corps au cinéma, objet de mutilation diverse et variée, de l'enfoncement d'une perceuse dans la boîte crânienne à l'implosion végétale. Dans The Wrestler, il accompagne cette obsession d'une réflexion sur le statut commercial de l'enveloppe charnelle. Ce n'est pas un hasard si la "petite amie" du Bélier est une strip-teaseuse plus âgée que la moyenne (interprétée par la divine Marisa Tomei), si le corps supplicié du catcheur ressemble à une carcasse en fin de vie, dont le moteur interne donne des signes d'épuisement. Le cinéaste n'épargne rien aux spectateurs. La chair est écorchée, vivante, sanguinolente, même, Marisa Tomei plus souvent nue qu'habillée, mais l'amour et la beauté sont ailleurs, dans le combat d'un homme pour retrouver une place auprès de sa fille, dans le regard d'une femme tombée amoureuse d'une brute épaisse au grand coeur.

par Yannick Vély

En savoir plus

Quelques liens :

Partenaires