Werewolf

Werewolf
Envoyer à un ami Imprimer la page Accéder au forum Notez ce film
Werewolf
Canada, 2017
De Ashley McKenzie
Durée : 1h20
Sortie : 22/03/2017
Note FilmDeCulte : ***---
  • Werewolf
  • Werewolf

Sur l’île canadienne de Cap-Breton, Blaise et Nessa, deux jeunes marginaux, vivent de petits boulots. Ils tondent les pelouses pour quelques dollars et font du porte-à-porte pour demander de l'aide. En quête de stabilité, le couple s’inscrit à un programme de sevrage à la méthadone : tandis que Nessa se bat pour s’en sortir, Blaise s'approche dangereusement du point de non-retour.

MONSTER LOVE

Il n'y a pas à proprement parler de loup-garou dans le premier film de la réalisatrice canadienne Ashley McKenzie. La potentielle transformation monstrueuse, c'est celle qui menace Blaise et Nessa, tous deux en plein sevrage de méthadone, toujours au bord de la crise de manque ou de l'overdose. Pourtant les crises et les symptômes brutaux de la privation sont ici relégués hors-champ. Face à la violence attendue, inhérente à la situation de ses protagonistes, la réalisatrice prend un certain contre-pied. Elle se concentre au contraire sur un quotidien ouaté, presque anti-événementiel. L'image est légèrement filtrée de gris, comme pour rendre compte de l’âpreté de ces journées d'été passées à attendre la guérison, quitte également à rendre presque fantomatique la peau déjà très blanche des protagonistes.

Enchaînant les plans rapprochés, le cadre ne desserre jamais son étreinte autour de Blaise et Nessa. Ceux qui les entourent (personnel médical, collègues) sont eux aussi laissés hors-champ, on entend leurs voix sans jamais voir leur visage à l'écran. La démarche est radicale, pas forcément des plus séduisantes ou faciles d'accès, mais parvient progressivement à rendre compte de la solitude cruelle de ce couple, incapable de se sauver eux-mêmes comme de communiquer avec l'extérieur. Économe en dialogues explicatifs, en psychologie, en contexte social, Werewolf fait mine de ne pas raconter grand chose mais donne néanmoins lieu à une touchante métaphore. Le premier plan du film est sur un nœud de cordage, le tout dernier sur un filet: ici, c'est la relation amoureuse elle-même qui est une prison, et la dépendance à la drogue est alors le reflet de la dépendance propre à une relation que l'on devine toxique. Werewolf opère alors un drôle de slalom jusqu'à faire naitre une émotion qu'on n'avait pas vu venir. Le loup-garou du titre n'est plus celui ou celle qui risque de retomber dans ses addictions, mais celui qui risque de dévorer l'autre dans une relation violente.

par Gregory Coutaut

Commentaires

Partenaires