Walking on the Wild Side

Walking on the Wild Side
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Walking on the Wild Side
Lai xiao zi
Chine, République populaire de, 2006
De Han Jie
Scénario : Han Jie
Avec : Hou Jing, Zhang Xingxing
Durée : 1h29
Sortie : 01/01/2006
Note FilmDeCulte : ****--

Shanxi, province chinoise minière. Trois adolescents sans perspective zonent dans la ville quand ils ne passent pas leur temps assis dans la cabine d’un camion. Un jour l’un deux abuse d’une étudiante. Les amis de la jeune fille veulent la venger et l’un deux finit à l’hôpital entre la vie et la mort. Les trois fauteurs de trouble prennent la fuite et commencent une odyssée qui va aller de mal en pis.

DARK IS DARKER

Le cinéma chinois des dix dernières années nous a plus habitués à des films historiques hauts en couleurs aux paysages fantastiques et costumes très soignés. Le changement de décor est radical avec la nouvelle génération qui filme la société chinoise sans artifice. Walking on the Wild Side en est un exemple dans lequel la province minière est grise, la nature aride et sèche, les arbres dépourvus de feuilles et si le soleil brille, c’est pour aveugler et ses rayons ne réchauffent pas. Han Jie a choisi de raconter avec style l’histoire de trois losers. Il commence avec un prologue en noir et blanc tout droit inspiré du western, notes d’harmonica comprises. L’esprit du western flottera d’ailleurs sur tout le film même une fois que la couleur de la vidéo aura pris le relais. Les trois jeunes gens ressemblent à trois bandits qui, une fois leur méfait commis, se retrouvent sur la route. Ils sont ensemble mais c’est plutôt chacun pour soi dans la bande, et l’un deux ne tardera pas à se faire la malle avec la voiture (monture) et tout l’argent. Les deux "cow-boys" se retrouvent donc à pied, trahis, et leur sort sera réglé par une arme à feu. Il y a deux moments clés dans le film: d'abord celui du règlement de compte, filmé au ralenti, où le temps s’arrête pour les trois jeunes hommes même s’ils ne savent pas encore que ce qu’ils sont en train de faire va avoir des conséquences pour le reste de leur vie. Le second est en contraste car à partir du moment où les deux personnages restants trouvent le revolver, le réalisateur passe à l’accéléré, faisant comprendre au spectateur qu’avec ce revolver, les événements vont se précipiter et prendre une nouvelle tournure.

NO FUTURE?

Han Jie a choisi pour décor de son premier film une région minière, cette industrie étant une importante source de revenus pour le pays. Il ne se contente pas de montrer la dure réalité du quotidien des gens vivant là-bas il en profite aussi pour dénoncer le manque de moyens assignés à la sécurité des personnes y travaillant, et ce ne sont pas les nombreux accidents qui ont émaillé 2005 qui vont démentir ce fait. Le travail à la mine est dur et peu engageant pour la jeunesse, qui n’a cela dit pas beaucoup d’alternatives. Ainsi les trois personnages du film ont tous au moins un parent qui travaille à la mine mais la chute du socialisme leur a donné le choix et le leur est de ne rien faire. La mne est pourtant toujours présente et ils ne pourront jamais tous s’éloigner assez pour en être débarrassés. Elle produit comme un effet d’attirance - répulsion. Y travailler serait le plus simple mais la mutation économique en cours ouvre d’éventuelles nouvelles perspectives, qui sont malheureusement encore trop indéfinies, alors il est préférable d’attendre. Le réalisateur n’est pas tendre avec ses personnages, qui ne font rien pour s’attirer les faveurs du public, bien au contraire. Ils sont comme le paysage alentour, âpres et secs, sans âme. Déjà rongés par la poussière grise de la mine qui envahit tout. Les rôles secondaires ne sont pas plus sympathiques, que ce soit la jeune fille abusée, victime et viol convenant peu aux faits, ou encore la belle-sœur de l’un des trois anti-héros, qui profite de l’absence de son mari, en train de travailler à la mine, pour se laisser séduire par celui-ci. Un constat noir comme la suie et si la Chine est capable de produire les rêves colorés qui nous sont si familiers, c’est peut-être aussi pour échapper à la dure réalité de cette grisaille.

par Carine Filloux

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